Selon le SCFP-Ontario, le projet de loi des conservateurs de Ford prolongeant les pouvoirs d’urgence accorderait à la province d’importants pouvoirs aux dépens des travailleurs de première ligne.
« Les décrets d’urgence et le pouvoir de prendre des décisions immédiates pour se défendre contre une crise de santé publique sont censés être temporaires », souligne Candace Rennick, secrétaire-trésorière du SCFP-Ontario. « En prolongeant leurs pouvoirs pendant au moins un an, les conservateurs de Ford nous disent qu’ils n’ont pas l’intention d’écouter de si tôt la voix des travailleurs et des syndicats qui les représentent. »
Le projet de loi 195, Loi sur la réouverture de l’Ontario (mesures adaptables en réponse à la COVID-19), permettrait au gouvernement de prolonger ou de modifier certains des décrets d’urgence existants à coups de 30 jours pour une période d’un an après son adoption. Le gouvernement aurait le pouvoir d’instituer des décrets d’urgence concernant les fermetures et les règlements, le redéploiement des travailleurs de première ligne et les règles relatives aux rassemblements publics.
« La question du redéploiement est particulièrement préoccupante, car elle prévaut sur les conventions collectives qui prévoient des mécanismes permettant aux travailleurs de soulever des problèmes, comme la prestation et l’accessibilité des services sur lesquels la population compte, estime Candace Rennick. Ce gouvernement doit consulter les travailleurs et les syndicats, au lieu de continuer à violer leur droit protégé par la Charte de déterminer collectivement leurs conditions de travail. »
Le SCFP-Ontario, qui représente 280 000 travailleurs du secteur public, a soulevé des préoccupations concernant les répercussions sur ses membres dans les hôpitaux, les établissements de soins de longue durée, la santé publique, les stations de traitement des eaux usées municipales, les refuges pour sans-abri et les foyers communautaires, entre autres. Le projet de loi permet au gouvernement de modifier ses décrets afin d’imposer des exigences différentes, d’appliquer ces exigences à différentes parties de la province et d’étendre l’application des décrets à des groupes qui n’y étaient pas soumis auparavant. Pour cette raison, le syndicat voit dans cette manœuvre une tentative du gouvernement pour s’arroger plus de pouvoirs.
« C’est une question de volonté politique et une question de priorités. Il n’est tout simplement pas juste que la prime pandémie, un décret qui soutient les travailleurs, prenne fin alors que les décrets qui pèsent sur les épaules des travailleurs, eux, demeureront en vigueur. Nous avons besoin de transparence et de consultation, pas de tentatives flagrantes d’utiliser la législation pour imposer des décrets à une liste sans cesse croissante d’employeurs au détriment des travailleurs de première ligne. »