Cette édition enrichie fournit des précisions sur les effets économiques de la COVID-19 : ce que nous constatons présentement, ce qui pourrait survenir dans les mois à venir, ainsi que les possibles répercussions pour les membres du SCFP.
Croissance économique – L’effet de la pandémie sur la croissance mondiale demeure incertain. Le choc initial a été plus profond que toutes les récessions de l’histoire, et l’arrêt des activités a duré plus longtemps que prévu. Certains secteurs semblent plus durement touchés, comme les restaurants, le tourisme et les voyages, ainsi que l’industrie du divertissement. Nous ignorons combien de personnes fréquenteront ces entreprises lorsqu’elles ouvriront leurs portes, surtout avant qu’un vaccin soit offert à tous. Nous avons connu peu de récessions où ces secteurs étaient les plus touchés, de sorte qu’il est difficile de prédire l’effet d’entraînement de leur déclin. Au Canada, les prix du pétrole ont baissé à un niveau historique, ce qui a aggravé la récession. La plupart des économistes s’attendent à ce que l’économie reprenne à nouveau, mais on ne sait pas combien de temps il faudra attendre.
Emplois – Le taux de chômage officiel est passé de 5,6 % en février à 13 % en avril, soit une augmentation de près de 1,3 million de chômeurs en deux mois. Mais ces chiffres ne disent pas tout. Près de 1,1 million d’autres travailleurs ne sont pas considérés comme officiellement en chômage parce qu’ils n’étaient pas à la recherche d’un autre emploi, même s’ils avaient perdu leur emploi. En avril, 2,1 millions de travailleurs avaient toujours un emploi, mais n’avaient pas d’heures de travail en raison de la COVID-19. En tenant compte de tous ces travailleurs, le taux de chômage réel en avril s’élève à près de 30 %. Ce taux s’approche des taux de chômage durant la Grande Dépression. Bien que l’emploi ait remonté en mai, le taux de chômage effectif est demeuré stable.
Les effets des pertes d’emploi ne sont pas ressentis de façon uniforme. Les employés à temps partiel, temporaires ou contractuels ont été les premiers à être licenciés. De nombreux employés bien rémunérés se sont adaptés au télétravail et ont subi une très faible perte d’heures de travail. En revanche, plus de la moitié des employés à faible revenu (moins de 16 dollars l’heure) ont perdu leur emploi ou ont subi une réduction de leurs heures de travail. Plus de femmes que d’hommes ont perdu leur emploi en mars. En avril, les mises à pied se sont étendues aux emplois à temps plein et aux secteurs dominés par les hommes. En mai, alors que les gouvernements ont commencé à relâcher les restrictions en mai, plus d’hommes que de femmes sont retournés travailler. C’est particulièrement vrai pour les parents d’enfants de moins de six ans.
Salaires – Les répercussions profondes et spectaculaires de cette récession auront des effets sur la négociation. Les employeurs des secteurs privé et public n’auront probablement pas une grande marge de manœuvre sur le plan salarial. Cependant, les suppléments temporaires accordés aux travailleurs essentiels à faibles salaires ont permis de souligner la nécessité d’augmenter les salaires de nombreux travailleurs et offrent une occasion de lutter pour l’augmentation des salaires et l’amélioration des conditions de travail sur une base permanente.
Inflation – Les prix du pétrole ont fortement baissé lorsque la Russie et l’Arabie Saoudite ne sont pas parvenus à une entente pour faire monter les prix et ont décidé d’inonder le marché mondial. Cette situation aura pour effet de ralentir considérablement l’inflation. Dans le secteur alimentaire, la fermeture des restaurants a laissé les agriculteurs avec des excédents importants de produits qu’ils ne pouvaient pas vendre, ce qui a fait augmenter les coûts de l’alimentation et de l’entreposage. Les coûts ont augmenté tout le long de la chaîne d’approvisionnement alimentaire pour assurer la sécurité des travailleurs et des clients. Le taux global de l’inflation demeurera probablement faible à court terme, mais les prix de certains articles, comme le désinfectant pour les mains, peuvent être touchés par l’augmentation de la demande et par des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Taux d’intérêt – En réaction aux effets économiques de la pandémie, de nombreuses banques centrales ont réduit considérablement leurs taux au mois de mars. La Banque du Canada a baissé son taux directeur de 1,75 % à 0,25 % et a annoncé plusieurs programmes visant à fournir un soutien financier aux prêteurs hypothécaires et aux gouvernements. Les emprunts du gouvernement n’ont jamais été aussi abordables : les obligations de 30 ans du gouvernement fédéral se vendent à 2,0 % d’intérêt. Toutefois, les travailleurs risquent de ne pas profiter pas des faibles taux d’intérêt. La plupart des banques et des coopératives de crédit ont en effet augmenté leur taux de prêt préférentiel ou l’ont maintenu au même niveau, en citant un risque accru. Compte tenu de l’aide fournie au secteur financier par le gouvernement fédéral et la Banque du Canada, les banques devraient pourtant offrir des prêts à un coût plus abordable. La population serait d’ailleurs en droit d’exercer des pressions en ce sens.