Dans un récent mémoire déposé dans le cadre de la consultation publique de Santé Canada sur la Stratégie canadienne sur les drogues et autres substances, le SCFP a recommandé au gouvernement fédéral d’augmenter son financement afin d’élargir les services publics de réduction des méfaits. Cette hausse garantirait l’accessibilité des services en fonction des besoins et non de la capacité de payer. En outre, elle assurerait la présence de services adéquats et de qualité pour répondre à la demande. Pour lever les obstacles qui empêchent souvent les personnes d’accéder aux services, ces derniers doivent être fournis dans un environnement exempt de stigmatisation et de jugement.
Le réseau anglais de Radio-Canada rapportait récemment que l’accès aux services de réduction des méfaits varie à travers le pays. Dans certaines régions, en particulier les communautés rurales, éloignées et autochtones, il n’y en a pas du tout. Pour certains, les chances de survivre à une surdose dépendent de l’endroit où on vit. Il faut donc élargir les services de réduction des méfaits pour aider les personnes à rester en vie et le plus possible en santé jusqu’à ce qu’elles soient prêtes à suivre un traitement.
Le Globe&Mail rapporte qu’au Canada, chaque jour, onze personnes meurent d’une surdose d’opioïdes. La crise touche des communautés petites et grandes et des personnes de tous les milieux. Neuf mille personnes sont mortes d’une surdose entre janvier 2016 et juin 2018. Parmi ces décès, 94 pour cent étaient accidentels et 72 pour cent ont été causés par la consommation de fentanyl. L’élargissement des services de réduction des méfaits contribuerait à sauver des vies, tout en améliorant, pour les toxicomanes, l’accès aux soins médicaux, au traitement de la toxicomanie, aux services-conseils et aux autres services sociaux.
Parmi les services de réduction des méfaits, on trouve les sites de consommation supervisée et les traitements de substitution aux opioïdes. Les sites de consommation supervisée sont des établissements de soins de santé où les personnes peuvent utiliser leurs drogues et leurs médicaments dans un environnement sûr, sous la supervision d’un personnel médical formé à intervenir en cas de surdose.
Les traitements de substitution aux opioïdes impliquent la prescription d’opioïdes de qualité médicale pour aider à traiter la dépendance. Certaines thérapies permettent de remplacer la nécessité pour une personne d’utiliser des opioïdes à des fins non médicales. D’autres traitements offrent aux individus un approvisionnement en médicaments sûr et réglementé, remplaçant le besoin de consommer des drogues illicites de plus en plus contaminées par le fentanyl. Lorsqu’ils sont fournis sous surveillance médicale, ces deux types de thérapie offrent aux personnes des formes sûres et efficaces de traitement de la toxicomanie.
Le niveau de financement doit aussi garantir une dotation en personnel adéquate pour ces services. Cela permettrait aux communautés d’offrir de nouveaux services là où il n’en existe pas et de réduire les temps d’attente. Cela contribuerait également à atténuer le stress et l’épuisement professionnel que subissent les travailleurs surchargés.
Avec un support adéquat, on peut se défaire d’une dépendance aux opioïdes. S’il augmentait significativement les fonds qu’il verse aux provinces et aux territoires pour élargir les services publics de réduction des méfaits, le gouvernement fédéral contribuerait grandement à atténuer la crise actuelle. Les communautés canadiennes sont impatientes : elles ont besoin de fonds supplémentaires pour ces services essentiels dès maintenant. Sans cet argent, la crise s’aggravera et le fardeau des travailleurs de première ligne s’alourdira.