Aujourd’hui, le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO) a réclamé à l’État ontarien l’ajout d’au moins 200 lits permanents entièrement subventionnés dans les hôpitaux d’Ottawa. Ces lits sont nécessaires pour regagner de la capacité d’accueil, assurer la sécurité des patients et atténuer la pression constante qu’exerce le manque de lits dans les hôpitaux de la région. Ces hôpitaux affichent constamment un taux d’occupation de 100 pour cent, avec des pointes dans les 120 pour cent. On doit installer des patients dans les couloirs et les bureaux.
Les graves problèmes de capacité que vivent les hôpitaux d’Ottawa s’expliquent par l’obsession du gouvernement libéral pour la réduction du nombre de lits et d’employés, le maintien d’un taux d’occupation très élevé et le sous-financement du réseau, selon le président du CSHO, Michael Hurley.
« On ne peut pas accepter comme la nouvelle norme le surpeuplement et le manque chronique de lits qu’entraîne cette politique libérale, affirme M. Hurley. Et ne prétendons pas que cette situation est due à une saison de grippe particulièrement virulente. Le problème, c’est qu’on a éliminé trop de lits et de postes, alors que la population augmente et vieillit. Le système n’a aucune marge de manœuvre pour absorber les pics d’admissions. Quant aux employés, des infirmières aux préposés à l’entretien, ils doivent travailler à un rythme infernal, parce qu’on leur confie trop de patients. »
Les statistiques montrent que l’Ontario est la province canadienne où on compte le moins de lits et d’employés hospitaliers par habitant. Les hôpitaux des autres provinces reçoivent 25 pour cent de plus en crédits gouvernementaux. Dans les dernières décennies, on a fermé plus de 18 000 lits en Ontario, malgré la croissance démographique et le vieillissement de la population. Résultat : plusieurs hôpitaux ontariens, dont ceux d’Ottawa, sont débordés. Le taux d’occupation y demeure très élevé sur de longues périodes, au point où on doit installer des patients dans les salles de bains, les solariums, les bureaux et les corridors des urgences.
L’un des hôpitaux d’Ottawa est obligé d’annuler des opérations ; un autre demande aux citoyens, dont certains pourraient être très malades, de s’autodiagnostiquer et de rester à la maison. Plus tôt ce mois-ci, dans une affaire tragique, un prisonnier souffrant de troubles mentaux s’est suicidé dans sa cellule alors qu’il attendait qu’une place se libère au Centre de santé mentale Royal Ottawa.
« Les députés provinciaux libéraux de la région d’Ottawa savent parfaitement que la politique de rationalisation dans les hôpitaux mise de l’avant par leur gouvernement fait du tort, accuse M. Hurley. Ils ont la responsabilité d’agir et de rétablir au moins 200 lits permanents dans la région. »
On dénombre environ 2000 lits à Ottawa, répartis entre le Royal Ottawa, l’Hôpital d’Ottawa, le Bruyère, le Queensway-Carleton, le Montfort et le Centre hospitalier pour enfants de l’est de l’Ontario. L’ajout de 200 lits permanents (soit 10 pour cent de plus) ferait passer la capacité totale à 2200, ce qui suffirait à absorber l’afflux de patients.
Dans son mémoire prébudgétaire au gouvernement de 2017, l’Association des hôpitaux de l’Ontario (AHO) affirme que les hôpitaux ont réduit leurs budgets de 4,5 milliards de dollars à la demande de l’État. Les études scientifiques établissent un lien entre un taux d’occupation supérieur à 85 pour cent et un risque plus élevé de contracter une infection. Le surpeuplement complique aussi le traitement des admissions urgentes et non urgentes.
« En persistant à exploiter notre système hospitalier sans marge de manœuvre, à un taux d’occupation qui dépasse souvent 100 pour cent, on va à l’encontre du principe de base de notre système de santé : d’abord et avant tout, ne pas nuire, déplore M. Hurley. Comment peut-on assurer la sécurité des patients si l’hôpital déborde et que le taux d’occupation se situe entre 100 et 120 pour cent ? »
Le directeur de la responsabilité financière de l’Ontario évalue qu’il faudrait majorer le budget de la santé de 5,3 pour cent par année pour couvrir les coûts de base, ceux-ci augmentant plus rapidement que l’inflation en raison des médicaments et des technologies médicales. Le CSHO réclame que l’État ontarien augmente le budget des hôpitaux d’au moins 5 pour cent en 2017.