Pleins feux sur les récentes études et développements économiques

Des prix Nobel d’économie dénoncent la privatisation

Le prix Nobel d’économie 2016 a été décerné à des experts en « théorie des contrats » qui ont démontré que la privatisation échoue souvent car la qualité des résultats obtenus, notamment dans le cas services publics, est difficile à évaluer. Dans un article rédigé sous la direction du professeur d’économie de Harvard Oliver Hart, les auteurs ont conclu que, pour les prisons privées, les incitatifs à réduire les coûts et à diminuer la qualité des services étaient trop importants et qu’ils dépassaient les avantages potentiels. Ce constat s’applique à de nombreux autres services publics privatisés. La recherche de profits est aussi au cœur d’autres « innovations » en matière de privatisation, comme les « obligations à impact social ».

États-Unis : les détenus fédéraux n’iront plus dans les prisons privées

En août, le département de la Justice des États-Unis a annoncé qu’il n’aura plus recours aux prisons privées pour loger des détenus fédéraux « parce que ces établissements sont à la fois moins sécuritaires et moins efficaces dans la prestation de services correctionnels que ceux qui sont gérés par le gouvernement ». Les prisons privées offrent des soins médicaux et de la nourriture de moindre qualité, les taux d’agressions y sont plus élevés et les dommages à la propriété plus nombreux. Au total, elles sont donc moins sécuritaires. En voulant réaliser des économies, les exploitants de prisons privées ont plutôt fait grimper les coûts financiers et sociaux.  Les détenus fédéraux comptent pour environ 10 % de la population carcérale totale des États-Unis. Il reste donc bien du travail à faire pour mettre fin à la privatisation des prisons des états et des municipalités. La victoire au niveau fédéral est aussi compromise en raison de l’élection à la présidence de Donald Trump, un tenant des prisons privées. D’ailleurs, le prix des actions de l’entreprise CoreCivic (anciennement Corrections Corporation of America) est monté en flèche dans la foulée de l’élection de Donald Trump.

PPP : la Nouvelle-Écosse rachète des écoles

La Nouvelle-Écosse reconnaît l’échec de son programme de partenariats public-privé (PPP) pour les écoles et agit en conséquence. Au début novembre, le gouvernement provincial a annoncé qu’il est plus économique de consacrer 85,9 millions de dollars à l’achat de 12 écoles que de renouveler les baux conclus avec le secteur privé. D’ailleurs, le gouvernement a déclaré : « l’achat est plus économique que la prolongation des baux et, en plus, nous sommes propriétaires ». Plus tard en novembre, la province a annoncé qu’elle allait racheter 11 autres écoles. Une autre annonce concernant le rachat de deux écoles a été faite en juillet dernier.

Le SCFP-Nouvelle-Écosse a appuyé une étude menée par le Centre canadien des politiques alternatives qui a démontré que les écoles en PPP coûtent au public des dizaines de millions de dollars de plus que les établissements dont la propriété et l’exploitation sont publiques. L’étude conclut que le gouvernement devrait racheter les baux.

Cette étude intitulée Profit privé à un prix public fait état de nombreux autres problèmes associés aux PPP. Par exemple, ils ne transfèrent pas les risques au privé et ne permettent pas de réduire la dette publique.

Les PPP ont été critiqués par plusieurs vérificateurs généraux provinciaux. À cause du secret qui entoure les contrats de 20 ans, il est en effet impossible de savoir exactement les sommes qui ont été payées en trop par la population.

Les baux des 12 écoles néo-écossaises visées arrivent à échéance en 2020. La province doit encore prendre une décision au sujet d’une douzaine d’autres écoles. Le SCFP maintiendra la pression pour que ces PPP prennent fin une fois pour toutes.