En 1979, à l’âge de 18 ans, Line Blackburn a quitté sa petite communauté de la région de Saguenay-Lac-Saint-Jean avec seulement une petite valise et l’espoir de bâtir une vie où elle pourrait être franche au sujet de son orientation sexuelle.
N’ayant jamais craint d’être en minorité parmi des hommes, et ayant le désir de servir son pays, Line s’est inscrite dans les Forces armées canadiennes. Pendant son séjour à la base militaire de Saint-Jean-sur-Richelieu, Line a été harcelée et interrogée. « Ils m’ont interrogé pendant cinq ou six heures à la fois sans me laisser manger ou pisser. J’ai évité de répondre aux questions sur tous les aspects de ma vie personnelle, mais j’ai fini par tout révéler », raconte-t-elle. Un an après être entrée au service de l’Armée canadienne, Line a été licenciée en raison de son orientation sexuelle.
Cependant, la discrimination qu’elle a subie au travail ne s’est pas arrêtée là. De retour à Montréal, Line a commencé à chercher un emploi comme chauffeuse de camion. Dans un secteur d’industrie dominé par les hommes, personne n’a voulu embaucher une femme, et elle a été forcée de travailler par l’entremise d’une agence. « Les jours de paie, je me retrouvais en face des centaines d’hommes qui me regardaient bizarrement et qui m’appelaient leur secrétaire. Révéler mon orientation sexuelle était hors de question. »
Ce n’est que lorsqu’elle s’est jointe à la section locale 1983 du SCFP comme chauffeuse d’autobus de Montréal que Line s’est sentie protégée et à l’aise de s’exprimer comme elle l’entendait. « En tant que travailleuse syndiquée, j’avais une force. Je me sentais en sécurité pour pouvoir m’exprimer comment moi je voulais. » Ses propres luttes l’ont menée à démarrer un programme de services de counseling pour ses compagnons de travail, qui se poursuit encore à ce jour.
En dépit de son passé, Line est optimiste quant à l’avenir : « La discrimination que j’ai subie dans les Forces armées et au travail est terminée, mais il reste beaucoup de travail à faire. » Fière militante, Line est maintenant coprésidente du Comité national du Triangle rose du SCFP national, où elle continue de promouvoir et de défendre les droits et libertés des personnes LGBTTI au travail.