Le gouvernement Harper se félicite régulièrement de son bilan économique, prétendant avoir assuré une saine gestion des finances. Or, la réalité est bien différente.
Les économistes d’Unifor Jim Stanford et Jordan Brennan ont comparé les bilans de tous les gouvernements fédéraux des 70 dernières années. Ils se sont basés sur 16 indicateurs de progrès économique et social largement utilisés, comme le taux de chômage, la qualité des emplois, la croissance économique, les services publics et la dette. Pour 13 des 16 indicateurs, le gouvernement Harper se classe au dernier rang. Pour les trois autres, il est à une ou deux places de la dernière position. Dans l’ensemble, le bilan économique du gouvernement Harper est le pire que le pays ait connu dans les 70 dernières années. Et de loin.
Ce piètre bilan ne peut être imputé à la récession de 2009. Depuis 1946, les Canadiens ont traversé dix récessions, certaines pires que celle-là. Plutôt, il faut accuser la lente reprise économique sous Harper. La chute du prix du pétrole et des matières premières ne peut pas, elle non plus, expliquer la médiocrité du bilan Harper. En effet, les données utilisées dans cette analyse datent de 2014, soit avant que les effets de la chute du brut se fassent ressentir. Ailleurs, comme aux États-Unis, la reprise économique a été beaucoup plus forte que la nôtre. Notons que la croissance de l’économie et de l’emploi au Canada sous le gouvernement Harper se situe bien en deçà de la moyenne des pays « développés » de l’OCDE.
Le vrai problème se situe dans les politiques économiques rétrogrades qu’a adoptées le gouvernement Harper depuis l’obtention de sa majorité en 2011 : l’austérité, la réduction des dépenses publiques, les baisses d’impôt, la diminution des salaires, dépendantes envers le secteur des ressources naturelles.
Et ça va de mal en pis. Cette année seulement, les révisions à la baisse du PIB par le Fonds monétaire international (FMI) sont pires pour le Canada que pour tout autre pays développé. Les données dévoilées en septembre montrent que nous sommes encore une fois entrés en récession, et que la croissance est de loin inférieure aux prévisions du dernier budget.
La faiblesse du dollar aurait dû stimuler les exportations et diminuer les importations. Or, le déficit de la balance commerciale du Canada a atteint un record. Et on s’attend à ce que les dépenses en immobilisation dans le secteur privé chutent de 7 pour cent en 2015, même si les taux d’intérêt approchent d’un creux historique.
La croissance de l’emploi au pays est à son plus bas depuis 2009. Environ 1,3 million de travailleurs canadiens sont au chômage, un autre 1,3 million sont sous-employés et le nombre de chômeurs chroniques est en croissance.
Cela dit, certains s’en tirent plutôt bien. Depuis 2009, le profit des entreprises a connu une hausse de 83 pour cent. La rémunération des PDG a augmenté de 40 pour cent, soit quatre fois l’augmentation du salaire moyen. Les ventes de voitures de luxe ont atteint des niveaux records. Or, bien peu de retombées ont profité aux Canadiens ordinaires.
Les politiques dites de « ruissellement économique » et les baisses d’impôt ont échoué, tout comme l’idée de planifier notre avenir économique en fonction du prix élevé du pétrole et des minéraux. Voilà pourquoi notre économie vacille. Voilà pourquoi la soi-disant atteinte de l’équilibre budgétaire, une politique mal avisée, constitue un échec encore plus retentissant. La prétendue image de bon gestionnaire du Parti conservateur en prend pour son rhume.
Nous avons plutôt besoin d’un gouvernement fédéral qui accordera la priorité aux travailleurs et qui créera plus d’emplois de meilleure qualité, avec un salaire et des avantages sociaux décents. Nous avons besoin d’un gouvernement qui développera une économie diversifiée et durable en faisant appel à tous les secteurs d’activités. Nous avons besoin d’un gouvernement qui renforcera nos services publics et notre filet social et qui instaurera un régime fiscal plus équitable.