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« La technologie a rendu ce travail impossible à faire. Elle entraîne plus de travail que ce qui est possible d’accomplir dans une semaine de 40 heures. Le travail n’est jamais terminé, peu importe avec quel acharnement une personne travaille… certaines personnes croient qu’elles ne font jamais un bon travail et d’autres sont constamment sous la loupe. Pendant ses journées de congé, une personne ne fait que penser au travail et à toutes les tâches non terminées. »

C’est ainsi qu’une travailleuse municipale de l’aide sociale de l’Ontario a décrit les effets des changements technologiques sur la charge de travail. Certes, la technologie évolue rapidement dans nos lieux de travail. De tels changements peuvent faciliter notre vie. Mais ils peuvent également accroître notre charge de travail de façon draconienne.

Les innovations technologiques vendues comme des éléments de gain de temps et des amplificateurs de productivité ont souvent l’effet opposé et sont souvent implantées aux dépens des travailleuses et travailleurs. La privatisation ne fait que composer avec ce problème tout comme la qualité de service est subordonnée aux profits.

Les changements technologiques affectent-ils différemment certaines personnes?

« Les politiques d’accès à l’égalité doivent inclure explicitement des mesures pour redresser les déséquilibres historiques de l’accès aux nouvelles technologies et l’usage de ces nouvelles technologies qui sont fondés sur la race, le sexe, le handicap ou la classe », souligne le Congrès des syndicats d’Afrique du Sud.

D’un côté, les concepteurs des nouvelles technologies sont surtout des hommes blancs privilégiés qui ont comme objectif d’aider les employeurs à être en contrôle. L’accès à la formation, l’implantation et le contrôle de la technologie au travail reflètent les inégalités de la société dans son ensemble.

Il faut toujours tenir compte des obstacles structurels lorsqu’on tente de régler les problèmes des changements technologiques.

Par exemple, la grande majorité du personnel de bureau, un domaine que les changements technologiques ont affecté de façon dramatique, sont des femmes. Et la majorité des familles monoparentales ont également des femmes à leur tête. Voici comment une travailleuse de l’aide sociale et mère de famille monoparentale a décrit sa situation:

« En janvier 2000, lorsqu’un nouveau programme a été introduit, nous devions entrer tous les dossiers manuellement. Aucune aide additionnelle n’a été offerte et un délai a été fixé. Quelques membres du personnel sont entrés les fins de semaine (sans être payés). Étant donné que j’ai trois jeunes enfants, je n’ai pu le faire. »

Les soins apportés aux parents âgés ont également tendance à retomber sur les épaules des femmes, leur laissant moins de flexibilité lorsque vient le temps de faire de la place pour la formation.

Les problèmes causés par les nouvelles technologies sont amplifiés pour les travailleuses et travailleurs qui ont des problèmes d’alphabétisation ou pour les travailleuses et travailleurs dont la langue maternelle n’est ni l’anglais ni le français, comme c’est le cas pour bon nombre de nouveaux arrivants au Canada.

Comment les voyons-nous dans nos lieux de travail?

Les changements technologiques sont plus que des outils ou de l’équipement. Ils transforment nos milieux de travail et nos conditions de travail. En voici quelques exemples.

Déqualification et rehaussement des compétences

Le travail qualifié est devenu une question d’allumer un interrupteur ou d’appuyer sur un bouton de façon répétée. On s’attend à ce que les travailleuses et travailleurs acceptent de nouvelles fonctions sans formation adéquate.

Par exemple, les secrétaires scolaires du Nouveau-Brunswick (section locale 2745 du SCFP) ont dû accepter des responsabilités de comptabilité. En même temps, elles sont préoccupées du fait que c’est maintenant un système de messagerie vocale qui répond aux parents qui téléphonent à l’école. Elles sont incapables de répondre aux questions des parents et de fournir des renseignements détaillés.

Les travailleuses et travailleurs de bibliothèque de Terre-Neuve (section locale 2339 du SCFP) rapportent que l’utilisation accrue d’Internet a entraîné une diminution des collections. Il y a également eu des problèmes de sabotage avec les systèmes de télétraitement.

Les travailleuses et travailleurs de bibliothèque rapportent également que la majeure partie du temps de bureau est maintenant consacrée à réserver du temps d’ordinateur. De nombreuses personnes ont subi du harcèlement ou de l’intimidation lors de l’application des délais pour le temps passé sur l’ordinateur ou sur Internet.

Accélération, intensification du travail et perte du contrôle sur l’environnement professionnel

Il arrive souvent que l’automatisation menace le contrôle qu’ont les travailleuses et travailleurs sur le rythme du travail. Les travailleuses et travailleurs de bureau ont un accès réduit aux horaires et à l’information puisque de plus en plus de cadres prennent leurs propres messages dans leur boîte vocale et leur courriel.

Les logiciels informatiques établissent le rythme et mesurent la performance au poste de travail informatisé et sur la chaîne de montage.

Par exemple, le gouvernement provincial déterminera les niveaux de service pour les nouveaux centres téléphoniques de l’aide sociale de l’Ontario. On doit répondre à quatre-vingt pour cent des appels dans un délai de 60 secondes. On allouera 20 minutes aux travailleuses et travailleurs pour compléter chaque demande et 3 minutes pour répondre aux demandes de renseignements généraux. Les logiciels informatiques serviront à vérifier le temps des appels, le temps entre les appels et le temps nécessaire pour répondre à chaque appel.

Le logiciel du centre téléphonique peut également être utilisé pour déterminer les niveaux de dotation en personnel. Les modules prévisionnels prédisent le nombre des personnes nécessaires par quart de travail (basé sur le délai des appels souligné ci-dessus) et vont jusqu’à déterminer les pauses café. La brochure publicitaire d’un progiciel de centre téléphonique populaire est intitulée « Le contrôle total facilité ».

 

Contrôle

Le contrôle des travailleuses et travailleurs peut aller au-delà de l’évaluation de la performance jusqu’à leur surveillance pendant les quarts de travail et les pauses.

Aliénation

Les travailleuses et travailleurs se sentent plus détachés du produit de leur travail. L’automatisation peut également rendre répétitives et ennuyantes les tâches qui étaient intéressantes.

Isolement

L’interaction avec les ordinateurs et la machinerie peut minimiser ou même éliminer les contacts avec les collègues de travail.

La centralisation des services aux dépens des travailleuses et travailleurs et des collectivités

Les nouvelles technologies entraînent souvent la centralisation des services. Par exemple, l’hôpital du quartier disparaît alors qu’on met l’emphase sur les nouveaux centres de haute technologie offrant des services spécialisés.

On élimine le sentiment d’appartenance à un quartier. Et nombre de travailleuses et de travailleurs sont maintenant confrontés à de plus longs déplacements pour se rendre aux nouveaux lieux de travail. Cela impose un plus grand fardeau aux personnes qui ont un handicap physique et aux femmes qui prennent soin de jeunes enfants et de membres plus âgés de leur famille.

Valoriser la technologie c. maintenir des niveaux de dotation en personnel adéquats

Un conseil scolaire de Prince George (C.-B.) a licencié des aides à l’enseignement et des auxiliaires d’enseignement à l’enfance en difficulté tout en se préparant à dépenser 10 millions de dollars sur cinq ans pour un nouvel équipement informatique.

« Est-ce que les ordinateurs et la technologie pour lesquels le conseil fait des économies offriront la chaleur et l’interaction humaine dont les enfants ont besoin? », de demander Marilyn Hannah, présidente de la section locale 3742 du SCFP. Qui plus est, sans personnel de soutien, qui aidera les élèves, spécialement ceux qui ont des besoins particuliers, à utiliser ce nouvel équipement?

Refus de mettre à jour ou d’entretenir l’équipement ou de fournir des installations adéquates pour le nouvel équipement

Les travailleuses et travailleurs de la Société d’aide à l’enfance de Toronto, section locale 2190 du SCFP, ont déclenché la grève, à l’été 2000, citant comme cause des niveaux de charge de travail dangereux. Ces personnes ont souligné une technologie désuète et une augmentation des formalités administratives comme facteurs contributifs majeurs. Les systèmes provinciaux demandaient une plus grande utilisation de la technologie sans aucune provision pour le grand nombre de cas et les systèmes informatiques incompatibles.

D’autres lieux de travail partagent de tels problèmes d’équipement, comme le mentionne Pat Armstrong dans Assessing the Impact of Restructuring and Work Reorganization in Long Term Care, une étude des travailleuses et travailleurs des soins de santé de l’Ontario et de la Colombie-Britannique qui sera publiée au cours de l’année.

« Les dispensateurs de services ont affirmé être tellement pressés qu’ils n’ont souvent par le temps d’utiliser les appareils de levage », a-t-elle écrit. « Qui plus est, il n’y a pas suffisamment d’appareils de levage pour répondre aux besoins accrus et il arrive souvent que ceux qui sont disponibles ne puissent répondre à la charge ou sont en mauvais état. »

Problèmes de santé et de sécurité

La perte d’audition, les maux de tête et les problèmes de vision, microtraumatismes répétés et les maladies reliées au stress ont tous tendance à s’accroître brusquement avec l’introduction de nouvelles technologies.

Le syndicat des travailleuses et travailleurs d’un centre téléphonique de la Commission des accidents du travail de la Colombie-Britannique leur a demandé de répondre à un sondage sur l’évaluation des effets de la charge de travail et du stress sur leur environnement de travail.

Des 36 personnes qui ont répondu, 33 ont rapporté que leur charge de travail était soit « trop lourde » ou « excessivement lourde ». On a cité des niveaux de dotation en personnel inadéquats (31), une formation inadéquate (30) et une technologie inadéquate (30) comme étant tous des facteurs importants. Une proportion alarmante de personnes, soit 27, ont répondu avoir été traitées pour des ulcères d’estomac au cours de la dernière année.

Les questions suivantes ont également été identifiées comme étant des sources importantes de stress au travail : les pratiques et les attitudes patronales (27), la charge de travail (34), le manque de formation (29), les contraintes temporelles et les échéances (28) et le manque de personnel (29).

On s’attend à ce que les travailleuses et travailleurs de la gestion des déchets d’Ottawa, section locale 1338 du SCFP, ramassent entre 13 et 16 tonnes de déchets par jour. C’est devenu un défi encore plus grand depuis l’introduction des camions à prise latérale où une personne conduit sur la gauche et entre et sort du camion pour le charger elle-même.

Soulever des sacs qui pèsent jusqu’à 50 livres ont des effets importants sur le corps. Avec les camions à prise latérale, on ne s’attend pas seulement à ce que les gens fassent le travail déjà fait par trois personnes, mais ils doivent soulever des sacs beaucoup plus haut qu’avec les anciens camions à chargement arrière. Les taux d’accidents montent en flèche.

Les camions à prise latérale, introduits il y a environ sept ans, sont devenus de plus en plus communs avec la privatisation des services de gestion des déchets.

 

Y a-t-il des clauses de convention collective qui aideront?

La plupart des clauses de convention collective abordent les questions de préavis, de perfectionnement et de protection du revenu. Mais alors que la technologie augmente les charges de travail, on doit développer des clauses qui traitent de problèmes plus larges comme le stress.

Les clauses doivent traiter de nombreuses possibilités dans le monde imprévu et rapide des nouvelles technologies en évolution constante. Voici quelques exemples.

 

     

  • Définition des changements technologiques

     

« Les changements technologiques incluent l’introduction, par l’employeur, d’un changement dans son travail, un engagement ou une affaire, ou un changement dans son équipement ou matériel utilisé précédemment par l’employeur, ou changement dans la façon dont l’employeur effectue son travail, engagement ou affaire relié à l’introduction d’un tel équipement ou matériel. » (Section locale 1505 du SCFP et Ville de Fort McMurray).

 

     

  • Comités ou entente

     

« L’employeur et le syndicat créeront un comité mixte sur la formation et l’amélioration des compétences pour les raisons suivantes :

     

  1. la planification des programmes de formation pour les personnes employées affectées par les changements technologiques;

     

  2. la planification des programmes de formation afin de permettre aux personnes employées de se qualifier pour de nouveaux postes qui sont prévus pour l’agrandissement ou les rénovations futurs;

     

  3. la planification des programmes de formation pour les personnes employées affectées par les nouvelles méthodes d’exploitation;

     

  4. la planification des programmes de formation dans le domaine du perfectionnement professionnel général.

     

Lorsque nécessaire, ce comité tentera d’obtenir de l’aide des ressources de formation externes comme les gouvernements fédéral ou provinciaux, ou d’autres établissements de formation reconnus. » (SCFP et l’Association des relations de travail dans les hôpitaux de la C.-B.).

 

     

  • Préavis ou information

     

« L’employeur informera le syndicat six (6) mois avant l’introduction de tout changement technologique qui affecte de manière défavorable les droits des personnes employées ou leurs salaires et conditions de travail. » (Section locale 1505 du SCFP et Ville de Fort McMurray).

 

     

  • Formation et congé de formation payés

     

« Une personne employée qui est soit volontairement ou de plein droit réaffectée ou reclassée à la suite de ces changements doit recevoir tout le perfectionnement dont elle a besoin pendant ses heures de travail avec son plein salaire de la Corporation et aucun coût additionnel pour la personne employée. Toute personne employée qui est incapable de suivre un cours de perfectionnement doit conserver sa classification, ou l’équivalent, au sein de l’unité de négociation. » (Section locale 932 du SCFP et Bibliothèque publique de Hamilton).

     

  • Protection de l’emploi et du revenu

     

« Aucune personne employée ne sera congédiée ni ne verra ses gains normaux réduits à la suite de changements technologiques. » (Section locale 1505 du SCFP et Ville de Fort McMurray).

 

     

  • Surveillance et vie privée (contrôle)

     

Idéalement, de telles clauses limiteraient l’utilisation du contrôle des appels, voyant à ce que ce ne soit jamais utilisé à des fins de mesures disciplinaires. Le texte suivant tiré d’un projet d’entente qui couvre le personnel des services municipaux de l’aide sociale de l’Ontario affecté aux nouveaux centres de tri des appels téléphoniques.

« Il est entendu que l’information recueillie par le biais du processus de contrôle des appels sera utilisé pour l’encadrement et la formation.

« Afin de voir à ce que le processus de contrôle des appels traite des préoccupations de toutes les parties, il est entendu que la région développera une politique sur le contrôle des appels. La politique inclura, par exemple, une déclaration sur le but du contrôle des appels, la raison pour laquelle il y a un contrôle des appels, à quoi sert l’information et le processus d’encadrement et de formation. Dans le cadre du processus de développement d’une politique, la région consultera le personnel de supervision, les responsables de l’examen appels entrants et le syndicat. »

 

     

  • Changements hors du contrôle de l’employeur

     

« Lorsqu’une troisième partie introduit des changements technologiques qui ont un effet direct sur les emplois et les conditions de travail des personnes employées, l’employeur s’entend pour éliminer toutes les injustices et tous les effets négatifs à l’égard des personnes employées et tout refus à l’égard de leurs droits contractuels et légaux qui pourrait résulter de tels changements. » (Congrès du travail du Canada).

Que pouvons-nous faire?

Le professeur Charlie Richardson, de l’université du Massachusetts, n’aurait pu dire plus vrai lorsqu’il a souligné, lors d’une conférence de la Fédération du travail de l’Ontario : « Nous [les syndicats] ne semblons pas gêner le progrès mais nous voulons être à la table lorsque les progrès seront définis. »

Voici quelques façons de le faire.

Comités syndicaux-patronaux.

La participation syndicale est importante pour la planification et l’implantation de changements technologiques. Et cette participation devrait préférablement avoir lieu par le biais de la création d’un comité syndical-patronal.

Les pouvoirs, l’autorité et le mandat du comité mixte doivent être précisés dans la convention collective afin que le syndicat puisse s’adresser aux tribunaux si le comité ne réussit pas à répondre aux préoccupations des membres sur la technologie.

Pat Amstrong, dans son étude sur les travailleuses et travailleurs des soins de longue durée de l’Ontario et de la C.-B., mentionne que :

« Les groupes des deux provinces ont offert des exemples de consultations qui n’avaient aucun effet sur les décisions. Par exemple, on leur demande souvent un avis même ‘s’ils ont déjà acheté une pièce d’équipement et qu’il est trop tard pour la retourner’. La frustration d’une fausse consultation peut être plus grande qu’une reconnaissance claire de non-contrôle. »

« Comme l’a expliqué un préposé aux résidents : c’est une plus grande insulte pour moi que de ne rien demander dès le départ. Même s’ils ne demandaient rien et qu’ils disaient être allés de l’avant. Eh bien, d’accord. Ils l’ont fait. Mais ils sont allés de l’avant quand même et ils vous ont donné un peu de satisfaction en vous laissant croire que vous avez eu votre mot à dire d’une certaine manière. C’est une plus grande insulte que s’ils ne vous l’avaient pas demandé du tout. »

L’écrire

La convention collective devrait stipuler que l’introduction d’une nouvelle technologie ne peut servir pour accélérer le rythme de travail, accroître le contrôle ou la supervision ou isoler les travailleuses et travailleurs les unes, les uns des autres.

Les conventions collectives doivent protéger les emplois des travailleuses et travailleurs, les salaires et les conditions de travail lorsqu’une nouvelle technologie est introduite. Nous avons besoin d’une protection explicite contre le surmenage et le l’accélération du rythme de travail.

Planifiez à l’avance, avant même que les changements ne se produisent. Négociez six mois à l’avance d’un avis d’introduction de nouvelle technologie.

Formation

On devrait offrir une formation qui répond vraiment aux besoins des travailleuses et travailleurs. Les préoccupations clefs pour ces personnes, particulièrement celles venant de groupes de promotion de l’égalité, sont la mobilité, la capacité financière, la pertinence et la flexibilité.

La formation doit également être accessible (à tous les niveaux) en prévision des changements dans le milieu de travail. On devrait accorder des congés pour la formation pendant les heures de travail. De plus, l’employeur devrait payer pour tous les cours.

L’étude de Pat Armstrong sur les travailleuses et travailleurs des soins de longue durée est claire. « Lorsqu’on leur a demandé d’offrir une formation sur les colostomies, la réponse a été ‘la seule formation que nous obtenons provient d’une autre aide soignante’. Et les infirmières auxiliaires qui, auparavant, recevaient une formation pour un tel travail, trouvent qu’elles sont rouillées en raison du manque de pratique et parce qu’elles sont dépassées par les nouvelles technologies.

« Plusieurs ont affirmé que, auparavant, les employeurs « payaient pour le cours », mais cette période est révolue. Sans formation, il est possible que les dispensateurs de services mettent leur propre santé en danger de même que celle de leurs résidentes et résidents, dont bon nombre ont maintenant besoin de soins assez compliqués. »

Une formation doit être disponible pour les travailleuses et travailleurs qui ont des problèmes d’alphabétisation de même que pour celles et ceux dont la langue maternelle est différente de celle utilisée au travail. Cela signifie une formation additionnelle et différente (adaptée aux besoins des individus).

Il est tout aussi important que les programmes de formation voient « tout le tableau » et pas seulement les compétences individuelles dont les travailleuses et travailleurs ont besoin. Cela combattra le sentiment d’isolement et d’aliénation. Cela améliorera également la qualité générale, puisque les travailleuses et travailleurs ont tendance à fonctionner en équipe et qu’elles et ils apprécient les effets de leur travail sur les autres et sur le produit final.

Les travailleuses et travailleurs devraient recevoir une formation pour les emplois actuels, ainsi que pour les nouvelles classifications ou le rehaussement d’un poste.

Équité

Les syndicats peuvent voir à ce que l’employeur et les travailleuses et travailleurs sachent que la technologie est une question d’équité. Ce ne sont pas tous les membres qui sont affectés par les changements technologiques de la même manière ou en même temps. Il est dans le meilleur intérêt de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs d’aborder les inégalités inhérentes au système.

Par exemple, comment les travailleuses et travailleurs plus âgés ou celles et ceux qui ont des niveaux d’alphabétisation moins élevés sont affectés par l’introduction de nouvelles technologies sans la formation ou le soutien adéquat. Ou comment certains groupes, comme les femmes ou les travailleuses et travailleurs de couleur, ont tendance à travailler dans des domaines qui sont principalement affectés par les changements technologiques.

Il est important de reconnaître les compétences des gens, y compris les compétences des travailleuses et travailleurs immigrants qui ont souvent des compétences et des niveaux d’instruction qui ne sont pas reconnus dans le contexte canadien.

Nous utilisons les outils technologiques pour communiquer et nous organiser.

Le Australian Council of Trade Unions’ Call Centre Unions Group a préparé un « Code uniforme minimum pour les centres téléphoniques » et il utilise son site web (www.callcentral.com.au) pour rejoindre les travailleuses et travailleurs des centres téléphoniques.

Leurs demandes : une formation adéquate, une pleine participation des personnes employées dans l’établissement d’objectifs réalisables, une évaluation du rendement qui va au-delà de la capacité et de l’efficacité, aucun enregistrement sans l’accord de la travailleuse ou du travailleur et du syndicat, une flexibilité, une réduction du niveau de bruit, des mesures de réduction du stress, des objectifs appropriés pour le volume d’appels et des pauses.

Dans le cas des pauses, l’ACTU précise que « l’intensification du travail dans les centres téléphoniques exige des pauses régulières loin du téléphone qui sont essentielles pour protéger la santé des personnes employées et pour maintenir des niveaux de productivité élevés ».

Adaptation

Il est possible que certaines travailleuses et certains travailleurs s’adaptent plus facilement aux changements technologiques, en raison de leur jeunesse, de leur expérience ou d’une exposition passée. Les syndicats doivent rejoindre ces travailleuses et travailleurs. Bien qu’au départ ces personnes soient mieux équipées pour faire face à de tels changements, toutes les travailleuses et tous les travailleurs en profitent en négociant pour une formation et le maintien du contrôle sur leur environnement professionnel.

Par exemple, la section locale 1338 du SCFP, le personnel de la gestion des déchets d’Ottawa, a travaillé à éduquer les jeunes travailleuses et travailleurs qui utilisent des camions à prise latérale. La section locale a expliqué que bien que ces personnes soient mieux équipées physiquement pour travailler au rythme accéléré qu’exigent les camions à prise latérale, les effets à long terme de ce genre de stress sur leur corps pourraient être dévastateurs et possiblement permanents.

Heures supplémentaires

Nous devons négocier un maximum sur les heures supplémentaires et un nombre d’heures minimum garanti. Cela signifie négocier une réduction des heures de travail sans perte de salaire. De plus, les heures supplémentaires devraient se faire sur une base volontaire et être dûment indemnisées.

Les heures passées en formation pour utiliser les nouvelles technologies devraient être considérées comme des heures travaillées. Le SCFP s’oppose à toute loi qui prolongerait la semaine de travail au-delà de 40 heures ou qui enlève le droit des travailleuses et travailleurs de refuser de faire des heures supplémentaires.

Technologies ‘axées sur les humains’

Faire pression en faveur de technologies ‘axées sur les humains’ où on attache encore de la valeur aux connaissances et aux compétences des gens. La technologie devrait servir pour faciliter le travail et améliorer la créativité, non pas pour contrôler les travailleuses et travailleurs et les isoler des produits de leur labeur.

 

Quels succès avons-nous eu?

Les travailleuses et travailleurs de la gestion des déchets et le personnel de bureau ont obtenu quelques succès en traitant des changements technologiques quant à la façon dont ils ont affecté leur charge de travail

La section locale 416 du SCFP de North York a obtenu le droit d’avoir deux travailleurs sur tous les camions à prise latérale.

Après plusieurs griefs et des refus de travailler, la section locale 1338 a vu le ministère du Travail de l’Ontario ordonner des changements aux camions à prise latérale afin d’assurer que les travailleurs aient un champs de vision clair pendant qu’ils conduisent et pour les protéger de la machinerie. La section locale siège également sur un comité mixte avec l’industrie et les fabricants de l’équipement afin de rédiger des directives pour les camions à ordures.

Confronté à une hausse importante du nombre de demandes d’indemnisation des accidents du travail, la Canadian Waste Management a mené une étude sur la rentabilité. Sa conclusion? Compte tenu de tous les facteurs, il serait moins coûteux d’utiliser des camions à chargement arrière. L’entreprise a amorcé ce changement dans certaines parties de l’Est de l’Ontario.

Le programme de Winnipeg pour les utilisateurs de l’eau, des déchets et de l’électricité forme du personnel de bureau pour aider d’autres personnes employées à utiliser les diagrammes, les graphiques et les applications logicielles.

Le personnel du centre d’appel sur l’eau et les déchets de Winnipeg fait le trajet pour la collecte des ordures sélectives et ménagères, examine les principaux bris qui causent des ruptures d’approvisionnement en eau et participe à des forums sur la nouvelle usine d’eau potable dans le cadre de sa formation. Ces personnes participent quotidiennement aux discussions sur les questions touchant le service, étant donné qu’il est reconnu pour être au meilleur endroit pour connaître les besoins des consommateurs.

Conclusion

Toutes les personnes membres du SCFP sont affectées par les changements technologiques et la restructuration qui a souvent lieu pour faciliter de tels changements. Il arrive trop souvent que ces changements accroissent les demandes faites aux travailleuses et travailleurs et augmentent leur charge de travail.

Les succès et les mesures prises à la table de négociation par les sections locales du SCFP montrent que nous pouvons régler les problèmes de la charge de travail causés par les changements technologiques.