Lorsqu’elle s’est fait inviter à rencontrer le nouveau Conseil autochtone de la région Maritimes-Atlantique du SCFP (CAMAS) en 2021, Mary Guptill a d’abord hésité. Elle avait vu d’autres organisations aux motifs malhonnêtes abuser des personnes autochtones en les considérant comme des pions ou une simple case à cocher. Mais elle a finalement accepté l’invitation.
« Je suis allée à la réunion et j’ai rencontré des gens formidables. Ce fut le début de mon parcours », se rappelle-t-elle.
Membre du SCFP 1418 depuis 2012, Mary est travailleuse sociale auprès des personnes âgées dans des établissements de soins de longue durée au Nouveau-Brunswick. Quand elle a décidé de s’impliquer au sein du SCFP, elle a énoncé clairement ses valeurs et ses objectifs en tant que Mi’kmaq et fière membre de la Première Nation Sipekne’katik.
« Je veux vivre ma vie dans la paix, entourée de gens qui, tout comme moi, souhaitent faire avancer les peuples autochtones, trouver leur place dans la société et s’y sentir en sécurité. »
Mary est membre du CAMAS, siège au Conseil national des Autochtones du SCFP pour un second mandat et a récemment été élue comme vice-présidente de son unité.
Elle affirme que c’est grâce au soutien indéfectible du SCFP 1418 qu’elle arrive à cumuler tous ces rôles.
« Je n’occuperais pas ces postes sans le soutien qu’apportent les autres membres en mon absence. Et si le SCFP 1418 et ses membres n’appuyaient pas les luttes autochtones, je ne serais pas ici. Je suis très reconnaissante et fière de cette collaboration. Leur engagement envers l’inclusion et la lutte contre le racisme sont sans précédent », ajoute-t-elle.
Au-delà des frontières
Les membres du CAMAS élaborent actuellement un plan stratégique sur cinq ans, collaborant à l’échelle régionale pour unir les membres autochtones au-delà des frontières provinciales tracées par les puissances coloniales.
En tant que membre du CAMAS, Mary porte la voix des peuples autochtones au sein du SCFP et de la communauté. Les membres du CAMAS font de la sensibilisation et créent des réseaux dans le SCFP, en plus de participer à des évènements communautaires, d’en organiser et de soutenir les luttes autochtones.
« Selon moi, le CAMAS a un rôle politique. Notre travail, en tant qu’Autochtones, n’est pas seulement bénéfique pour nous-mêmes ou les membres autochtones, mais pour tout le pays », dit-elle.
Récemment, le CAMAS a notamment collaboré avec le SCFP–Nouveau-Brunswick et le SCFP–Nouvelle-Écosse pour s’opposer aux plans provinciaux visant à autoriser l’hydrofracturation sans le consentement des Premières Nations.
Adopter les pratiques autochtones
Mary est fière que le CAMAS et le Conseil national des Autochtones prennent des décisions par consensus, une tradition chez les Mi’kmaq.
« Pour qu’il y ait consensus, tout le monde doit répondre “oui” à la question “peux-tu accepter cette proposition?”. Si une personne répond “non”, on poursuit les négociations, on demande de l’aide extérieure, on cherche un terrain d’entente », explique-t-elle.
Les réunions sont peut-être plus longues que celles des autres conseils et comités du SCFP, mais Mary affirme que cette approche est bénéfique.
« Dans ces réunions, je sais que je dois écouter ce que les autres ont à dire. Je suis plus attentive. Le point de vue des autres ouvre mes horizons. »
« Cette façon de faire a rendu notre conseil fort et uni. C’est ça, la solidarité », souligne-t-elle.
Renforcer la solidarité en luttant contre le racisme
La lutte contre le racisme fait avancer tous les membres du SCFP et devrait être au cœur de tout ce que fait le syndicat, soutient Mary. « Comment peut-on renforcer la solidarité si des membres éprouvent des difficultés? »
« C’est indéniable, le syndicat ne peut pas représenter tous ses membres sans combattre le racisme », ajoute-t-elle.
Les paroles et les attitudes racistes envers les peuples autochtones subsistent dans notre société, et au SCFP. « Elles sont bien incrustées », déplore Mary.
« Il faut éduquer les gens et les sensibiliser à l’incidence de leurs paroles. »
Selon Mary, il faudrait avant tout que les membres se reconnaissent dans les leaders du SCFP, à tous les échelons, et qu’il y ait des postes dédiés à la représentation des membres des groupes d’équité.
« En tant que vice-présidente de ma section locale, j’ai un rôle à jouer. Je suis censée représenter tout le monde quand je suis assise à la table. Je suis contente d’y voir des membres des groupes d’équité. Leur participation est essentielle. Mais il nous faut aussi des vice-présidences à la diversité, qui ne se consacrent qu’à ce rôle. »
Au cours des prochaines années, Mary espère accroître la représentation au sein du conseil exécutif du SCFP–Nouveau-Brunswick. « L’inclusion renforce notre syndicat, souligne-t-elle. Un conseil exécutif à l’image des membres favorise la participation syndicale. »
Miser sur les forces individuelles
Mary encourage les membres autochtones du SCFP à avancer à leur propre rythme et à suivre leur instinct quant à leur participation aux activités du syndicat.
« Vous pouvez rester dans l’ombre. Vous pouvez choisir de ne pas vous identifier comme Autochtone. Le plus important, c’est d’être bien avec vous-même », dit-elle.
« On m’a donné une voix, et ce n’est pas grave si vous n’avez pas reçu ce cadeau : vous en avez reçu un autre. Dans notre culture, nous misons sur les forces des gens. »
« L’important, c’est de se sentir prêt(e). Pour nous, la guérison n’est pas un processus linéaire. À tout moment, un évènement peut raviver des blessures, être un déclencheur. »
« Je veux simplement que vous sachiez que ce n’est pas grave si vous n’êtes pas prêt(e)s à vous engager. On sera là pour vous accueillir le moment venu. Dites-nous simplement si on peut faire quoi que ce soit pour vous aider à vous impliquer. »