Un rapport rendu public aujourd’hui à Cobourg montre que le plan financier des conservateurs provinciaux pourrait faire perdre aux hôpitaux du Northumberland 12 lits et 97 employés (en termes actuels). Les patients y perdent aussi, puisque les temps d’attente dans les salles d’urgence ont augmenté de 13,2 pour cent depuis l’élection du gouvernement de Doug Ford, il y a un peu plus d’un an.
« On est loin de mettre fin à la médecine de couloir », souligne le président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP), Michael Hurley. « En fait, le système hospitalier est surchargé de patients et manque de lits. Et la situation s’aggrave sous le gouvernement actuel, elle ne s’améliore pas. Quant à la petite augmentation de l’enveloppe des soins à domicile annoncée il y a quelques semaines, il faut l’envisager dans la perspective d’une réduction des budgets hospitaliers qui totalisera des milliards de dollars dans les cinq prochaines années. »
Le rapport publié mercredi matin intègre le récent examen budgétaire et économique du Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario (BRFO), qui montre que le gouvernement prévoit imposer des réductions de 8 milliards de dollars dans la santé d’ici 2023-24.
Le rapport du CSHO-SCFP, intitulé « Protéger l’essentiel », s’est intéressé aux limites imposées aux dépenses du ministère de la Santé dans le budget 2019 de l’Ontario, en tenant compte des coûts associés à l’inflation, à la croissance démographique et au vieillissement de la population. Combinés, ces trois facteurs totalisent une pression à la hausse de 4,17 pour cent. Selon le financement que les conservateurs ont dit prévoir pour la santé pour les cinq prochaines années, le déficit de financement réel par habitant dépasse les trois pour cent annuellement.
Autrement dit, l’Ontario ferait face à une réduction réelle du financement par habitant de plus de 15 pour cent au cours des cinq prochaines années. Si l’on appliquait ces compressions dès aujourd’hui aux hôpitaux ontariens, cela représenterait une perte de 4 012 lits et de 28 197 employés pour répondre aux besoins actuels de la population. Pour l’hôpital Northumberland Hills, on parle de 12 lits et de 97 employés. Northumberland Hills a reçu environ 56 millions de dollars en financement provincial en 2018-2019. Une réduction de 15 pour cent en termes réels sur cinq ans équivaudrait, en 2018-2019, à faire fonctionner l’hôpital avec 8,4 millions de dollars de moins.
Malgré les annonces des conservateurs concernant l’ajout de lits en soins de longue durée pour soulager les hôpitaux et diminuer la médecine de couloir, on dénombre 1 087 Ontariens de plus sur les listes d’attente, soit une augmentation de 3,2 pour cent en un an.
L’Association des hôpitaux de l’Ontario a récemment annoncé que le mois de juin dernier a été le pire pour la médecine de couloir depuis au moins une décennie.
« La crise de la capacité en lits hospitaliers se manifeste d’abord à l’urgence, où on admet plus de patients qu’on dispose de lits, explique M. Hurley. Les conservateurs ne peuvent pas protéger l’essentiel, comme ils l’ont dit, sans accroître la capacité et le financement des hôpitaux. L’hôpital de Northumberland doit se préparer à des coupes draconiennes, comme le reste de la province d’ailleurs. »