Vendredi, 55 000 travailleurs et travailleuses de l’éducation, membres du Conseil des syndicats des conseils scolaires de l’Ontario (CSCSO) du SCFP ont déposé une demande de conciliation.
La conciliation est un processus par lequel un(e) conciliateur et conciliatrice est nommé(e) par le ministère du Travail pour rencontrer le Comité de négociation central des travailleurs et travailleuses de l’éducation et les représentant(e)s du CACS et de la Couronne afin de tenter d’aider les deux parties à intervenir une convention collective.
« Depuis le 3 juin, date à laquelle nous avons signifié l’avis de négocier notre prochaine convention collective avec le Conseil des associations de conseillers scolaires (CACS) et le gouvernement de l’Ontario, mes 55 000 collègues et moi luttons pour obtenir des salaires décents, une augmentation des services offerts aux élèves et un réinvestissement dans l’éducation publique après une décennie de compressions gouvernementales qui ne font que provoquer l’instabilité », a déclaré Laura Walton, aide-enseignante et présidente du CSCSO. « Tout ce qu’a proposé le ministre de l’Éducation, Stephen Lecce, cet été, se résume à une offre irrespectueuse qui cimenterait les réductions réelles du financement par élève du gouvernement Ford qui ont mis à rude épreuve les enfants, les familles et les travailleurs et travailleuses, alors que c’était tout à fait évitable ».
Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) calcule que le gouvernement progressiste-conservateur de Doug Ford a réduit le financement de l’éducation de 800 $ par élève (ajusté en fonction de l’inflation) pendant son premier mandat. Avec deux millions d’élèves dans les écoles de l’Ontario, cela se traduit par une réduction de 1,6 milliard de dollars au cours de cette année seulement, une somme qui pourrait contribuer à améliorer le soutien aux élèves et à augmenter les niveaux de dotation afin de garantir la prestation de service et à augmenter les salaires des travailleurs et travailleuses de l’éducation.
« Compte tenu de l’inflation élevée que nous connaissons tous(toutes), les travailleurs et travailleuses de l’éducation qui ne gagnent en moyenne que 39 000 dollars par an ne peuvent se permettre d’accepter une autre baisse de salaire. Il est encore temps pour Stephen Lecce et Doug Ford de demander à leurs représentant(e)s à la table d’accepter nos revendications raisonnables, nécessaires et abordables pour la réussite des élèves et de bons emplois ou de faire à tout le moins une offre respectueuse », a ajouté Walton. « Mais puisque le ministre de l’Éducation perd son temps à semer la peur et à se tromper dans ses calculs, nous avons déposé une demande de conciliation dans l’espoir qu’une tierce partie puisse aider à recentrer le gouvernement et les patron(ne)s des conseils scolaires sur la conclusion d’une convention collective équitable ».
De 2012 à la fin de 2021, les augmentations de salaire des travailleurs et travailleuses de l’éducation de l’Ontario n’ont totalisé que 8,8 %. Au cours de la même période, selon les données des documents budgétaires du gouvernement de l’Ontario, l’inflation totale était de 19,5 %. Autrement dit, les travailleurs et travailleuses de l’éducation ont déjà subi une baisse de salaire de 10,7 %.
Au sujet des négociations, Walton a affirmé : « Au cours des 85 derniers jours, les négociateurs et négociatrices de Stephen Lecce et de Doug Ford ne nous ont rencontrés que huit fois. Dans quatre jours, les élèves n’auront plus aucune garantie de service. Dans cinq jours, les travailleurs et travailleuses de l’éducation n’auront rien pour empêcher une nouvelle dévaluation de leurs salaires, et les conseils scolaires auront encore des difficultés à recruter et à retenir les employé(e)s en raison des bas salaires ».
En septembre et octobre 2021, les travailleurs et travailleuses de l’éducation du SCFP-CSCSO ont complété une enquête sur la façon dont les bas salaires affectent leur vie et 51,4 % des répondant(e)s ont déclaré qu’ils avaient dû occupé au moins un emploi supplémentaire pour joindre les deux bouts; 91% ont déclaré avoir éprouvé au moins une forme de difficultés financières; 60 % sont licencié(e)s chaque été, la majorité d’entre eux(elles) comptant sur l’assurance-emploi pour survivre (même dans le meilleur des cas, celle-ci ne remplace que 55 % des gains admissibles); 41 % ont payé une facture en retard parce que leur salaire ne suffit pas à pourvoir à leurs besoins; 24 % ont confirmé avoir eu du mal à payer l’essence ou le transport en commun (et ce, avant la récente flambée des prix de l’essence); 27 % ont déclaré avoir dû coupé sur la nourriture (également avant l’explosion de l’inflation en 2022).
« Le gouvernement et les patron(ne)s des conseils scolaires n’ont proposé que sept jours, dans les 60 prochains jours, pour rencontrer et négocier avec les travailleurs et travailleuses qui sont l’épine dorsale des écoles de vos enfants. Il est regrettable que le gouvernement Ford ne se soit pas encore montré sérieux dans sa volonté d’assurer les arrières des travailleurs et travailleuses de l’éducation ou de passer à l’action. Les travailleurs et travailleuses de l’éducation demeurent néanmoins prêt(e)s à discuter et à négocier une bonne entente pour les élèves, les familles, les communautés ontariennes et les un(e)s, les autres », a finalement conclu Walton.
Les travailleurs et travailleuses revendiquent une augmentation de 3,25 $ de l’heure pour un groupe qui ne gagne en moyenne que 39 000 $ par an. L’offre du gouvernement Ford n’est que de 33 ¢ à 53 ¢ l’heure, soit l’équivalent du coût de moins d’un réservoir d’essence par mois.