Simon Ouellette | Service des communications

Alors que la plupart des négociations collectives sont au ralenti à travers le pays en raison de la COVID‑19, un employeur du Nouveau-Brunswick a décidé de maintenir son personnel en lock-out : la Commission de services régionaux Chaleur (CSRC).

« Depuis le 13 février, la CSRC maintient en lock-out les 23 membres de notre section locale qui travaillent au site d’enfouissement Red Pine à Allardville, à cause d’un différend sur les congés de maladie », a déploré Serge Plourde, le président de la section locale 4193 du SCFP, qui représente ces travailleurs.

« Ce n’est pas l’argent, mais plutôt le contrôle que l’employeur veut exercer sur les travailleurs, qui est au cœur de l’affaire », a-t-il ajouté

La convention collective prévoit qu’un employé doit présenter un billet du médecin si son congé de maladie dure plus de trois jours. La direction exige maintenant que la convention soit modifiée pour obliger les employés à présenter un billet du médecin dès le premier jour de congé de maladie. Lorsque l’équipe de négociation syndicale a refusé cette concession, la direction a quitté la table et a émis un avis de lock-out.

Accès insuffisant aux soins de santé       

La crise de la COVID‑19 montre à quel point il est dangereux pour les employés de se faire refuser un congé de maladie par leur employeur. Dans certains lieux de travail, des employés malades qui ont été obligés de travailler ont contaminé leurs collègues, mettant ainsi en danger la santé de plusieurs personnes dans leur communauté.

Au Nouveau-Brunswick, comme dans plusieurs autres endroits au pays, l’accès à un médecin est limité. Avant la crise actuelle, Allardville et d’autres communautés rurales souffraient déjà d’un manque chronique de médecins.

La Société médicale du Nouveau-Brunswick reconnaît que le ratio médecin/patients de la province est le pire au pays. En effet, la moitié des médecins de famille de la province prennent soin de plus de 1800 patients, alors que la moyenne canadienne est de 1400 patients.

« L’employeur veut nous forcer à choisir entre perdre notre emploi ou nous rendre au travail malade pour subvenir aux besoins de nos familles. Je pense que la COVID‑19 a montré à tout le monde l’importance de la santé et de la sécurité au travail. L’attitude de l’employeur n’a pas de bon sens », a souligné Serge Plourde.

Solidarité locale et élections municipales

Heureusement, les membres du SCFP 4193 ne sont pas laissés à eux-mêmes en cette période difficile. « Le SCFP national et du Nouveau-Brunswick, d’autres sections locales du SCFP, des résidents du coin et d’autres personnes nous ont apporté leur aide. Le soutien populaire local nous aide à garder le moral, mais cela fera une différence lors des prochaines élections municipales », a noté Serge Plourde.

Et comme le conseil d’administration de la CSRC est composé de différents maires de la région, les membres du SCFP ont très hâte aux prochaines élections municipales! « Il faut que les travailleurs se mobilisent lors des élections, pour montrer qu’on ne peut pas traiter les gens comme ça sans payer un prix politique », a conclu Serge Plourde.

La section locale 4193 du SCFP est la seule au Canada à être en lock-out.