L’entente de dix ans et de 74 milliards de dollars sur la santé entre le gouvernement de l’Ontario et le gouvernement fédéral est un pas dans la bonne direction. Cependant, ces fonds doivent servir immédiatement à l’amélioration des services paramédicaux et au renforcement du système de santé public, estime Niko Georgiadis, ambulancier paramédical de première ligne et président du Comité ambulancier du SCFP-Ontario, qui représente la majorité des paramédics de la province.

« Les paramédics et les répartiteurs se sentent encore abandonnés par le gouvernement provincial, raconte-t-il. En raison d’un sous-financement chronique, nous avions du mal à servir nos communautés même avant la pandémie. L’augmentation des appels au 911 au cours des trois dernières années, sans augmentation correspondante de la dotation en personnel, a exacerbé la crise. Nous constatons une hausse troublante du nombre de codes zéro, les moments où aucune ambulance n’est disponible pour répondre aux appels au 911. »

Il espère que le provincial, qui assume 50 pour cent du financement des services paramédicaux, utilisera l’injection immédiate de 773 millions de dollars du gouvernement fédéral pour venir en aide aux paramédics qui endurent des conditions de travail difficiles afin de répondre aux besoins de la population.

« La plupart des paramédics de l’Ontario travaillent à un rythme effréné, souligne M. Georgiadis. Cela nuit à notre santé mentale et alimente une crise croissante de recrutement et de rétention de personnel. C’est devenu la norme de travailler des douze heures sans pause ou de faire des heures supplémentaires obligatoires parce qu’il n’y a pas assez de personnel. Ce n’est pas viable à long terme. »

Selon lui, la charge de travail des paramédics s’allégerait si on apportait aussi des améliorations dans d’autres pans du secteur de la santé, car leur travail est impacté par les lacunes dans les hôpitaux, les soins primaires, les soins de longue durée et d’autres sous-secteurs. Mais, insiste-t-il, les fonds fédéraux doivent être assortis de conditions afin de renforcer le système public.

« Nous sommes préoccupés par le projet de loi du gouvernement Ford qui élargira la privatisation. Chaque dollar investi dans le profit est un dollar gaspillé. Les fonds fédéraux doivent être investis dans notre système de santé public au lieu de finir dans la poche d’investisseurs. »

Informations générales

  • Le volume d’appels pour une ambulance a augmenté en moyenne de quatre pour cent par année entre 2010 et 2019, selon une étude publiée l’an dernier dans le Canadian Journal of Medical Emergencies. Par contre, en 2021, il a bondi de dix pour cent dans plusieurs régions, comme à Waterloo, Peterborough et Hastings-Quinte.
      
  • Dans un sondage du SCFP d’octobre 2021 auprès de 1 440 paramédics et autres membres du personnel des services médicaux d’urgence, 92 pour cent des gens ont déclaré ne pas avoir un personnel suffisant pour répondre aux besoins de leur communauté, et 84 pour cent ont dit que leur charge de travail nuit à leur santé physique ou mentale.
      
  • En 2021, les ambulancières et ambulanciers paramédicaux représentaient quinze pour cent de toutes les réclamations à la CSPAAT pour blessures liées au stress psychologique, bien qu’ils constituent 0,002 pour cent de la main-d’œuvre couverte par la CSPAAT.
      
  • Le SCFP représente plus de 6 500 paramédics, répartiteurs et répartitrices dans 23 services municipaux ontariens.
      
  • L’Ontario n’a pas de terme uniformisé pour désigner les cas de disponibilité nulle d’ambulance. Dans certaines régions, ces incidents sont appelés code noir ou code rouge.