Les membres du SCFP qui assistent à la conférence du Conseil national des secteurs ont eu droit à un puissant rappel : vous êtes le cœur et l’âme des campagnes qui réussissent à stopper la privatisation et à rapatrier des services publics à l’interne.

La troisième journée de travaux a débuté, en séance plénière, par une table ronde énergisante qui a permis de partager les leçons apprises par les différents secteurs et dans les quatre coins du pays.

Les histoires rapportées par les participant(e)s à la table ronde suivaient toutes le même fil conducteur: la lutte contre la privatisation nécessite que tout le monde mette la main à la pâte.

L’agent de grief de la section locale 3247, Patrick Hallé, a parlé de la nécessité de mobiliser les membres pour défendre les services publics, autant dans sa section locale qu’à l’échelle sectorielle ou provinciale. Il a expliqué comment les membres de sa section locale du secteur des services sociaux et lui ont documenté les coûts exorbitants de la sous-traitance, puis ont utilisé un article important de la convention collective pour rapatrier les services à l’interne.

Il a également souligné l’importance de l’expertise interne dans toutes les facettes des services publics, notamment le personnel administratif qui, bien qu’il œuvre en coulisse, est crucial à la force des services publics. Pour avoir gain de cause, sa section locale s’est aussi servi des retombées d’une enquête provinciale sur la corruption et la collusion dans l’octroi de contrats au secteur privé. « La privatisation à une mauvaise image au sein de la population. Les gens se méfient de tout ce qui y touche », a dit Patrick Hallé.  

Chaque membre a un rôle à jouer dans la défense des services publics. Nous devons développer ce réflexe pour être constamment à l’affût », a-t-il ajouté.

De leur côté, les membres du SCFP à Terre-Neuve-et-Labrador ont engagé un véritable bras de fer avec le gouvernement provincial au sujet d’un vaste programme de vente et de privatisation d’actifs au nom de l’austérité. À date, c’est le gouvernement qui perd, a souligné la présidente du SCFP-Terre-Neuve-et-Labrador, Sherry Hillier.

Une campagne massive de sensibilisation et d’organisation mobilise les membres et leurs alliés dans toute la province afin de « rejeter la réinitialisation » projeté par le gouvernement. Sherry Hillier a expliqué que le but de la campagne est simple, mais essentiel : « amener nos membres à être sur la même longueur d’onde et prêts à se battre ».

Les membres et les alliés tiennent bon et rien n’a encore été privatisé, a-t-elle précisé. Les élues et élus provinciaux ressentent la pression de milliers de courriels, d’une vaste couverture médiatique et de la grande visibilité du SCFP, particulièrement dans les petites communautés rurales qui seront les plus durement touchées par les compressions et la privatisation. 

La même persévérance qui s’affiche

Comme à Terre-Neuve-et-Labrador, la persévérance a été au cœur de la campagne pour rapatrier le personnel de soutien de la santé de la Colombie-Britannique dans le secteur public. Cette campagne, qui aura duré vingt ans, s’est soldée par une victoire. La responsable des communications du Syndicat des employé(e)s d’hôpitaux (SEH), Thi Vu, a raconté que les membres du SEH n’ont jamais baissé les bras après qu’une privatisation de masse eut conduit au licenciement de 10 000 travailleuses et travailleurs de la santé au début des années 2000. Les effets ont été dévastateurs. Cette main-d’œuvre hautement racisée est largement composée de femmes, de nouvelles immigrantes dans bien des cas.

Le SEH a riposté sur tous les fronts possibles, s’assurant toujours de garder les membres à l’avant-plan. « Nous devions en faire la campagne de nos membres. Nous nous sommes assurés que les membres se l’approprient et puissent s’imaginer au cœur dans cette lutte, et ce, à chaque étape », a expliqué Thi Vu. Le SEH a travaillé à développer le leadership de ses membres et a fait circuler leurs histoires, ce qui a contribué à faire basculer l’opinion publique du côté des travailleurs et des travailleuses.

Tôt dans la campagne, nos membres ont été galvanisés par une victoire juridique historique lorsque la Cour suprême du Canada a reconnu la négociation collective comme un droit constitutionnel. En parallèle, le SEH a resyndiqué la main-d’œuvre privatisée, sur fond d’instabilité permanente du fait d’incessants transferts de contrats. Grâce à la négociation coordonnée, les entreprises ont fait face à un front commun. Puis une action politique soutenue a permis l’élection d’un gouvernement néo-démocrate déterminé à renverser la privatisation. Environ 4000 travailleuses et travailleurs ont été réintégrés au secteur public. Thi Vu affirme que les membres sont déterminés à continuer à se battre jusqu’à ce que chaque membre ayant subi la privatisation rejoigne ses confrères et consœurs dans le système de santé public.