Lorsque la Banque du Canada a commencé à augmenter les taux d’intérêt en 2022, son objectif était de réduire l’inflation. En règle générale, des taux d’intérêt plus élevés rendent l’emprunt plus coûteux. Cette hausse du coût de l’emprunt entraîne une réduction des dépenses de consommation et des investissements des entreprises, ce qui aide à maintenir les prix plus bas. Fait important, la hausse des taux d’intérêt affaiblit également le marché du travail en ralentissant la croissance de l’emploi et en limitant les augmentations de salaire. Par conséquent, les travailleuses et travailleurs ont moins d’argent à dépenser et la demande diminue encore plus, freinant davantage l’inflation.
Comme on s’y attendait, les données montrent que les hausses de taux des dernières années ont nui au marché de l’emploi canadien.
On peut mesurer la force du marché de l’emploi en examinant les données sur les postes vacants. Dans un marché de l’emploi sain, le nombre de postes vacants est élevé. À peu près au moment où la Banque du Canada a commencé à relever les taux d’intérêt au printemps 2022, il y avait plus d’un million de postes vacants, soit 5,7 % de la demande totale de main-d’œuvre (somme des postes comblés et vacants).
Au cours des deux dernières années, le nombre de postes vacants a toutefois diminué, passant de plus d’un million en mai 2022 à environ 560 000 en mai 2024. Le taux de postes vacants est tombé à 3,1 %, soit un taux encore plus faible qu’il ne l’était à l’automne 2020, à la suite de l’importante perturbation du marché de l’emploi causée par la pandémie de COVID-19. Ces changements sous-entendent que le marché de l’emploi est en train de s’affaiblir.
Il est également possible de mesurer la santé du marché du travail en examinant les taux de chômage et de sous-emploi.
Le chômage concerne les personnes qui n’ont pas d’emploi, mais qui en recherchent activement un.
Le sous-emploi comprend les personnes qui :
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sont sans emploi et souhaitaient travailler, mais ont renoncé à chercher;
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sont sans emploi, car elles ont été mises à pied ou sont en attente d’un emploi qui commencera bientôt;
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ont un emploi à temps partiel, mais cherchent à faire plus d’heures.
Les taux de chômage et de sous-emploi ont connu une hausse importante au cours de la dernière année. Le nombre de personnes au chômage a grimpé de 220 000, faisant passer le taux de chômage de 5,9 % à 6,8 %. Parallèlement, le nombre de travailleuses et travailleurs en sous-emploi a augmenté d’environ 130 000, faisant passer le taux de sous-emploi de 11,3 % à 12,6 %.
Les hausses de taux de la Banque du Canada ont provoqué un changement inquiétant sur le marché de l’emploi. Comme il y a moins de postes vacants, la concurrence entre les travailleuses et travailleurs augmente, tout comme les taux de sous-emploi et de chômage.