La situation financière des provinces s’est considérablement améliorée au cours de la dernière année. Une fois additionnées, les prévisions budgétaires provinciales de 2021 estimaient un déficit total de 76 milliards de dollars pour l’exercice 2021. Mais les budgets provinciaux de 2022 ont révélé que les déficits réels pour 2021 n’étaient que de 24 milliards de dollars au total.
L’Ontario a connu la plus forte réduction de son déficit, avec une baisse de près de 20 milliards de dollars. L’Alberta suivait de près avec une réduction du déficit de 15 milliards de dollars.
Cette baisse des déficits publics peut sembler être une bonne nouvelle pour les services publics aux prises avec l’austérité depuis la crise financière de 2008. Mais ce n’est pas nécessairement le cas.
Les déficits ont fondu parce que les recettes provinciales ont augmenté plus rapidement que prévu. Une forte croissance économique et la hausse du prix des ressources naturelles ont contribué à cette augmentation. Cependant, les revenus des provinces ont également été stimulés par l’inflation, en grande partie grâce à l’augmentation des recettes tirées des taxes de vente et de l’impôt des sociétés découlant de la hausse des prix.
Malheureusement, l’inflation, en augmentant les recettes de l’État, aide également les gouvernements à donner l’impression qu’ils dépensent plus, alors que, en réalité, ils dépensent moins.
Si on compare les dépenses dans les programmes des budgets provinciaux de 2021 et de 2022, trois provinces (l’Alberta, le Manitoba et Terre-Neuve-et-Labrador) ont réduit leurs dépenses d’une année à l’autre. Les sept autres provinces semblent augmenter considérablement leurs dépenses.
Cependant, une fois ajustées à l’inflation et à la croissance démographique, ces augmentations de dépenses apparemment saines s’avèrent soit négligeables, soit inexistantes. Les chiffres ajustés montrent que la Colombie-Britannique a enregistré la plus forte augmentation des dépenses à 0,9 %, suivie du Québec à 0,7 %. Étant donné que l’inflation en 2022 devrait être le double de ce qu’elle était en 2021, ces augmentations seront probablement noyées avant la fin de l’année.
Les gouvernements utilisent des faux-fuyants pour donner l’impression qu’ils dépensent plus qu’ils ne le font réellement. En tant que travailleuses et travailleurs qui fournissent des services publics, nous savons que le sous-financement et les coupes ont le plus d’impact négatif sur les communautés marginalisées. Pour obliger les gouvernements à rendre des comptes, il est crucial pour nous de suivre les engagements de dépenses, tout en veillant à nous ajuster à l’inflation et à la croissance démographique.