Au congrès du SCFP de la Colombie-Britannique, il y a eu une conférence de l’auteur primé et acteur Ivan Coyote, qui a fait rire et pleurer les délégués et les a plongés dans une contemplation silencieuse en les faisant réfléchir à la façon de devenir des alliés efficaces des personnes transgenres.

Coyote ayant acquis une belle renommée de conteur lors des conférences et festivals, iel* a lu un passage de son dernier livre Tomboy Survival Guide. Iel a partagé des anecdotes sur sa vie de personne trans, a partagé également les leçons sur la terminologie appropriée, tout en offrant une nouvelle perspective sur la justice sociale. Coyote a fait preuve d’un humour ironique et a raconté des témoignages poignants d’oppression pour détruire les mythes, inspirer l’empathie, et réclamer le changement.

« Je suis née fille. J’étais censée être une bonne catholique. Vous pouvez voir comment cela a tourné », a plaisanté Coyote. « Je me considère maintenant comme une personne trans non binaire. Je me présente comme une personne à peu près masculine, je suppose, à défaut d’une meilleure expression. »

Ivan Coyote se rappelle l’époque où iel a été invité à un festival de conte de trois jours à un campus universitaire de Saskatoon. On lui a réservé un lit dans un dortoir masculin à cause de son nom. Coyote a appris que le festival avait lieu en même temps qu’un tournoi de basketball chrétien évangélique au même campus. Le couloir de sa chambre menait à « l’immense salle de bain carrelée où je devais prendre ma douche avec cent athlètes chrétiens évangéliques de six pieds, très mâles », s’est rappelé Coyote.

« Je suis sûr que si vous prenez votre téléphone intelligent en ce moment pour googler « cauchemar des personnes trans », une version de ce scénario s’affichera dans Buzzfeed. »

Coyote utilise ses pénibles expériences, parfois effrayantes, pour faire un lieu avec les lieux de travail.

« Si vos membres doivent prendre une douche ou se changer pour mettre un uniforme, ou utiliser une salle de bains pendant leur quart de travail, s’il n’y a pas d’installations neutres, cela signifie pour la plupart des trans, sinon tous, et pour les non binaires, qu’on ne les juge pas dignes d’avoir un emploi dans cet établissement ».

Coyote a indiqué que, malgré la sensibilisation et le soutien croissants envers les personnes trans, les améliorations apportées aux droits de la personne ont également déclenché une réaction de haine de la part de la droite, tant aux États-Unis, où le président Donald Trump s’oppose à l’embauche de personnes trans dans l’armée et tente de les éliminer en définissant le sexe de façon étroite et fixe, déterminé par la naissance, et au Canada, où le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et le premier ministre de l’Alberta, Jason Kenney, ont utilisé des campagnes de peur transphobe pour remporter leurs élections.

« Alors, n’oubliez pas ça, la prochaine fois que vous serez tentés d’ignorer l’enjeu des salles de bains simplement parce qu’une très petite minorité réclament un traitement spécial au détriment de la majorité », a dit Coyote.

Les personnes trans réclament des changements sur plusieurs fronts, le premier étant la terminologie.

Il est impossible de défendre la cause des personnes trans, de travailler avec elles ou de les appuyer si vous n’avez jamais appris les mots appropriés pour les désigner respectueusement ou pour discuter avec elles, a dit Coyote. Je suis une personne trans. Je ne suis pas « transgenré » . Ce mot n’existe pas. Tout comme la plupart de vous n’êtes pas mâlé ou femellée. »

Pour les personnes trans, il est épuisant et aliénant de constamment corriger les gens. Alors il est plus respectueux d’utiliser le terme « cisgenre » pour vous décrire si vous vous identifiez à votre sexe à la naissance que d’utiliser des mots comme « normal » ou « biologique ».

« Je demande à toutes les personnes qui ont un pouvoir d’influence ou de l’ancienneté dans leur lieu de travail de ne pas oublier que la façon dont elles traitent un employé qui change de nom ou de pronom devient un modèle de comportement pour tous leurs collègues. Si une personne déléguée syndicale ne semble pas faire un effort pour agir convenablement, personne d’autre ne le fera ».

Coyote réclame également des changements dans la représentation populaire des personnes trans. Quand iel avait 13 ans et qu’iel traversait une crise d’identité à Whitehorse en 1982, le seul livre qui portait sur l’homosexualité à la bibliothèque publique était The Well of Loneliness, publié en 1928 par Radclyffe Hall.

« Le personnage principal meurt à la fin. Je ne le recommande pas aux jeunes queer en difficulté que vous connaissez peut-être ». « La société dominante aime bien les histoires des personnes trans maintenant, mais à condition qu’il s’agisse d’un certain type d’histoire trans. Moi, je suis fatigué du livre The Well of Loneliness. Je ne veux pas voir Boys Don’t Cry ou The Crying Game ou quoi que ce soit avec le mot pleurer dans le titre. Je ne veux pas voir The-Life-and- Unsolved-Death-of-Another-Trans-Woman-of-Colour. »

Dans une entrevue avec SCFP Communication après sa conférence au congrès, Coyote a exprimé sa gratitude pour le SCFP et d’autres syndicats qui lui ont fourni l’occasion de partager ses témoignages.

« C’est une occasion vraiment incroyable quand on y pense », a-t-iel dit.

Ces délégués viennent de partout dans la province et ils vont retourner à leur travail, et il y a tellement de façons dont ces personnes vont apporter de vrais changements, juste en reconnaissant l’existence des personnes trans et en utilisant les termes de base appropriés. Cela me permet de provoquer un changement lent. »

*Les personnes trans qui s’identifient comme non binaires (ou sans sexe précis) utilisent souvent des pronoms non genrés comme iel, ille, plutôt qu’il ou elle.