Le SCFP-Terre-Neuve-et-Labrador demande aux autorités régionales de la santé d’annuler leur entente avec une société américaine qu’elles ont embauchée pour couper environ 70 millions de dollars du système public de santé de la province. En contrepartie, Change Healthcare a la garantie de recevoir 50 pour cent de ce montant en paiement de ses services.
Le contrat avec Change Healthcare engage le gouvernement provincial pour une durée de cinq ans au cours de laquelle le logiciel exclusif de l’entreprise sera utilisé pour recueillir des données et apporter des changements au niveau de dotation en personnel et à l’occupation des lits, entre autres paramètres.
Les cadres de Change Healthcare ont présenté leur plan aux intervenants du système de la santé de T.-N.-L. en octobre, soit quatre mois après la signature du contrat. Le chef de l’exploitation du Centre des sciences de la santé de Winnipeg, Ronan Seagrave, était présent pour chanter les louanges de l’entreprise. Il a, en effet, utilisé ses services pour réduire les coûts des heures supplémentaires au Manitoba.
En 2017, M. Seagrave était consultant chez KPMG; il travaillait à un rapport sur le système de santé du Manitoba qui a abouti à la chute dans la pauvreté de centaines de membres du SCFP œuvrant dans le secteur de la santé. Son équipe de transformation a apporté des « changements de titres » à des centaines d’emplois à temps plein qui ont ainsi été convertis en temps partiels. Au bas mot, 500 infirmières ont reçu un « avis de suppression d’emploi » cet automne, ainsi que plus de 700 travailleurs de soutien hospitalier.
« Après que le Manitoba a supprimé des centaines d’emplois, les heures supplémentaires ont explosé, alors que c’est le problème qu’on voulait résoudre au départ », raconte la présidente du SCFP-T.-N.-L., Sherry Hillier. « Ronan Seagrave a introduit le système de gestion de la main-d’œuvre de Change Healthcare pour résoudre un problème qu’il avait créé en coupant trop fort dans le personnel. »
« Cet accord aura des conséquences énormes pour toute la population de Terre-Neuve-et-Labrador, ajoute-t-elle. Les services ont déjà été réduits, ce qui complique la vie de nombreux citoyens. Chaque semaine, on entend le témoignage de gens qui doivent traverser la province pour se faire soigner ou patienter sur de longues listes d’attente. »
« Si le gouvernement veut vraiment économiser de l’argent, il devrait embaucher plus de personnel pour réduire le coût des heures supplémentaires et des indemnités de maladie, au lieu de chercher à supprimer de bons emplois et des services publics. »