Le SCFP, le plus grand syndicat du Canada, est consterné par la décision de la Société canadienne du sang (SCS) de signer une entente secrète de privatisation du plasma qui met en péril l’ensemble de la filière canadienne du sang. Le contrat de 15 ans permettra à la multinationale de plasma Grifols de développer une filière canadienne de plasma rémunéré inspirée des États-Unis. Ce faisant, la privatisation du système de santé canadien s’étendra.
Cette décision va à l’encontre des principes fondamentaux sur lesquels repose la SCS. Le sang est une ressource publique, les donneuses et donneurs ne doivent pas être rémunérés et aucune des tâches des exploitants de la filière du sang ne doit être confiée en sous-traitance.
Le SCFP demande au chef de la direction de la Société canadienne du sang, Graham Sher, aux membres de son conseil d’administration et aux ministres provinciaux de la Santé qui financent la SCS d’annuler cet accord de privatisation irresponsable.
Il existe de nombreuses raisons de dire non à la privatisation du plasma :
- le manque de transparence ou de reddition de comptes: la SCS a manqué de transparence en ne révélant pas qu’elle envisageait d’ouvrir la porte à la privatisation du plasma. Elle a exclu les groupes de défense comme le SCFP d’une consultation à huis clos sur l’approvisionnement en plasma. Cette consultation n’a même pas examiné les risques associés à la privatisation du plasma.
- la filière des dons de sang et de plasma est mise en danger : même la SCS a admis qu’une croissance commerciale à grande échelle, sans contrôles appropriés, pourrait déstabiliser la filière actuelle de collecte de sang et de plasma.
- des risques accrus pour l’approvisionnement canadien en sang et en plasma : les gens qu’on paie pour donner du plasma peuvent mentir en répondant aux questionnaires qui assurent la sécurité de l’approvisionnement. En se fiant à une entreprise privée, la SCS aura du mal à limiter l’exposition à une nouvelle maladie transmissible par le sang ou à retracer les personnes infectées.
La commission Krever sur l’approvisionnement en sang du Canada, la Fédération internationale des Sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, et la déclaration de consensus d’experts de l’Organisation mondiale de la santé sont tous d’accord : le sang et les produits sanguins comme le plasma doivent être recueillis par dons volontaires non rémunérés. Cette décision de la Société canadienne du sang, prise en catimini, va à l’encontre de ce consensus.