Le 1er mai, les membres du personnel d’entretien et de maintenance de l’Université métropolitaine de Toronto (TMU) entament la troisième semaine de leur grève historique. Leur syndicat, la section locale 233 du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), souligne cette journée en lançant un appel sans précédent aux travailleuses et aux travailleurs de toute la province pour qu’ils invitent les donateurs de leur employeur à boycotter celui-ci jusqu’à la conclusion d’un contrat équitable.
« Puisque la TMU adopte une imprudente ligne dure à la table de négociation, nous n’avons pas le choix de remettre en question ses valeurs fondamentales », explique le président du SCFP-Ontario, Fred Hahn. « De toute évidence, l’université se comporte d’une manière anti-ouvrière et anti-égalitaire. C’est pourquoi les particuliers et les organisations qui associent leur nom à cette institution en tant que donateurs doivent se regarder attentivement dans le miroir. Le traitement épouvantable que réserve la TMU à sa main-d’œuvre teinte-t-il leur marque et leur réputation ? Nous appelons tous les donateurs, anciens étudiants, anciennes étudiantes et autres commanditaires de la TMU et de ses programmes à suspendre tout soutien financier actuel ou futur jusqu’à la résolution de cette grève. »
Le SCFP invite donc les donatrices et donateurs actuels et potentiels de l’université à suspendre leur soutien financier.
Environ 110 concierges, préposé(e)s à la maintenance, jardinières et jardiniers de l’Université métropolitaine de Toronto sont membres de la section locale 233 du SCFP. Il y a à peine un an, l’université les honorait en leur remettant le « Prix d’excellence bleu et or du président » en reconnaissance de leurs efforts extraordinaires pour faire tourner l’université au cours de la pandémie de COVID-19. Un an plus tard, ils doivent faire du piquetage parce que les négociations contractuelles ont achoppé sur les salaires et le régime de retraite.
« En public, la TMU parle beaucoup de son soutien aux questions “d’équité” », rappelle Jason Vigilante, vice-président du SCFP 233. « Mais la voilà qui refuse de reconnaître notre droit fondamental de négocier notre régime de retraite, alors qu’elle reconnaît ce droit au corps professoral. C’est injuste et c’est irrespectueux envers nos membres et l’importance de notre travail. »
M. Vigilante ajoute que bon nombre de ses membres ont un salaire si bas qu’ils n’ont pas les moyens de vivre en ville. Bon nombre de membres du SCFP 233 voient leurs homologues du secteur privé recevoir d’importantes augmentations de salaire, alors que l’université refuse de leur offrir une augmentation qui s’approche un tant soit peu de la hausse du coût de la vie. De plus, l’employeur a récemment apporté des modifications aux cotisations de retraite de ses membres sans aucune négociation, tout en permettant aux membres du corps professoral, au salaire plus élevé, de cotiser moins.
La TMU compte sur de nombreux donateurs de premier plan, dont quelques fondations et particuliers progressistes qui seront très inquiets d’apprendre les tenants et les aboutissants de cette grève. Il s’agit notamment des fondations Atkinson et McConnell, de groupes philanthropiques et de plusieurs syndicats.
« De nombreux donateurs choisissent la TMU en raison de ses engagements envers les droits sociaux et les questions d’équité, poursuit M. Vigilante. Certains d’entre eux ont déjà exprimé leur inquiétude face au fait que la TMU trahit ces valeurs dans ses relations avec nous. Nous pensons que chaque donateur de la TMU a le droit de savoir ce qui se passe pour pouvoir réfléchir à ce que celle-ci fait de leur argent. »