Comment un résident atteint de démence réagit-il lorsque la personne qui l’aidait à manger, à se laver et à s’habiller disparaît soudainement de sa vie ? Quels sont les avantages pour un foyer de soins de longue durée de ne plus valoriser l’expérience cumulative des travailleurs qui ont passé des décennies à s’occuper des résidents ?
Telles sont les questions posées par le Syndicat canadien de la fonction publique en réponse au licenciement d’environ 70 travailleurs chez Durham Christian Homes, alors que l’employeur ferme une installation désuète pour s’installer dans un nouvel immeuble moderne à Whitby.
Lors des négociations avec le SCFP, l’employeur a exigé des concessions de la part des employés, y compris la récupération d’avantages sociaux, un gel salarial et une baisse de salaire pour les nouveaux employés. Lorsque le syndicat a refusé, l’employeur a décidé de licencier les travailleurs.
Celui-ci avait déjà décidé de sous-traiter de façon permanente les services auxiliaires (entretien ménager, buanderie et restauration).
Le syndicat demande au gouvernement de l’Ontario d’intervenir en révoquant le permis du nouvel établissement de l’employeur à Whitby, qui recevra un financement de l’État pendant les 25 prochaines années pour subventionner les coûts de construction.
« C’est un comportement épouvantable », déplore la secrétaire-trésorière du SCFP-Ontario, Candace Rennick. Je crois que notre société, pendant la pandémie, est parvenue à un consensus sur l’importance d’offrir des emplois stables et de qualité dans nos établissements de soins de longue durée. Comment un gel salarial et la sous-traitance peuvent-ils s’accorder avec le fait de traiter les travailleurs de première ligne en héros ? »
« Soigner, c’est une affaire de relations. Les travailleurs de ces établissements nouent des liens avec les résidents lorsqu’ils prennent soin de leurs besoins. La stabilité de l’emploi a un effet direct sur les soins aux résidents. Il y a des travailleurs là-bas qui y ont passé des décennies, pour finir licenciés sans cérémonie en pleine pandémie. »
Durham Christian Homes est un employeur à but non lucratif, mais sa PDG, Ruth McFarlane, siège au conseil d’administration de l’Ontario Long-Term Care Association (l’Association ontarienne des soins de longue durée). L’OLTCA représente principalement les employeurs à but lucratif; au fil des ans, elle a fait pression pour une déréglementation des normes de dotation en personnel.
« La résolution des problèmes de main-d’œuvre dans les soins de longue durée doit être fondée sur un emploi à temps plein décemment rémunéré et la sécurité », explique Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP). « Si le gouvernement provincial laisse les employeurs en soins de longue durée se soustraire à leurs contrats avec leur main-d’œuvre, nous nous engageons sur une pente glissante et nous perdrons de plus en plus de personnel. »
« Cette décision va complètement à l’encontre des récents engagements du provincial. Le premier ministre devrait envoyer un signal clair au personnel de cet établissement et à tout le personnel des soins de longue durée en Ontario en menaçant l’employeur de révoquer son permis s’il ne transplante pas ces travailleurs et leur convention collective dans son nouvel établissement. »