Si les pensionnaires des établissements ontariens de soins de longue durée ne sont pas à l’abri d’une agression, comme James Acker qu’un autre pensionnaire de la Villa St. Joseph’s, à Dundas, a passé à tabac, « c’est à cause de l’État provincial, affirme le président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO), Michael Hurley. Pour assurer la sécurité des pensionnaires, le ministère de la Santé doit se pencher plus avant sur les causes systémiques de la violence. Il doit aussi admettre l’existence de liens entre soins et sécurité des pensionnaires, puis adopter une norme quotidienne de soins. »
Dans un rapport sur le passage à tabac de M. Acker et un autre cas d’agression rendu public récemment, le ministère de la Santé fait état de plusieurs ordonnances émises à l’encontre de la Villa St. Joseph’s et d’infractions à la Loi provinciale sur les soins de longue durée.
« Ce qui est arrivé à M. Acker nous inspire beaucoup de compassion et d’inquiétude, poursuit M. Hurley. Nous aimerions voir des changements systémiques pour que ce type d’agression devienne exceptionnel. Or, ce n’est pas ce que fait ce rapport. »
Le système ontarien de soins de longue durée continue d’admettre des milliers de patients hospitaliers aux problèmes médicaux et psychologiques complexes, sans ajouter du personnel, de la formation et des évaluations de risque. Voilà pourquoi on assiste, à l’échelle du système, à une hausse de la gravité des violences perpétrées contre les employés et les pensionnaires.
M. Acker s’est fait tabasser en pleine nuit, alors que la dotation en personnel est minimale. Le quart de nuit à la Villa St. Joseph’s est typique de la plupart des maisons de soins de longue durée : un PSSP pour 24 pensionnaires dans les unités de soins ordinaires, deux dans les sections pour personnes atteintes de démence. On comptait une infirmière auxiliaire autorisée pour 100 pensionnaires répartis dans quatre unités.
« Dans son enquête, le ministère de la Santé a fait fi de la pénurie évidente de personnel, déplore M. Hurley. Il a préféré pointer le doigt vers des individus et des procédures. Alors que c’est lui qui a fixé l’objectif impossible de fournir des soins sécuritaires sans personnel adéquat, le ministère fustige un établissement où un incident a fait les manchettes, tout en fermant les yeux sur les centaines d’agressions de pensionnaires sur d’autres pensionnaires qui ont lieu chaque mois partout en Ontario. La grande majorité des pensionnaires étant atteints d’une forme quelconque de déficience cognitive ou de démence, le niveau de dotation en personnel tient un rôle capital dans la sécurité des pensionnaires. »
De 2006 à 2011, le nombre d’Ontariens âgés de 85 ans et plus a augmenté de 34 pour cent. La majorité des pensionnaires des établissements ontariens de soins de longue durée sont âgés de plus de 85 ans et présentent des besoins chroniques et complexes. Malgré ces indicateurs, les statistiques démontrent que l’Ontario finance moins ses soins de longue durée que les autres provinces. Le niveau de dotation en personnel y est parmi les plus faibles au pays.
Des études spécialisées ont identifié l’augmentation des soins directs et de la dotation en personnel comme des facteurs clés dans le contrôle du nombre d’agressions entre pensionnaires. Le CSHO-SCFP réclame l’adoption d’une norme minimale de quatre heures de soins infirmiers et personnels par jour par pensionnaire.