Dans le nouveau rapport du Bureau du vérificateur général du Canada (VG) publié mardi, le constat est sévère :  le mode de construction choisi par Ottawa - un partenariat public-privé (PPP) est un échec, le nouveau pont Champlain ne sera pas prêt à la date annoncée et il dépassera les budgets prévus.

« C’est malheureusement sans surprise que nous constatons que le mode de réalisation PPP, qui devait permettre d’aller plus rapidement, ne livre pas la marchandise. Quel gâchis ! », de dénoncer Denis Bolduc, président du SCFP-Québec.

Avec le modèle PPP, Infrastructure Canada affirmait en 2014 que des économies de l’ordre de 227 millions allaient être réalisées. L’année suivante, une mise à jour de l’analyse avançait un autre montant surprenant de 1,75 milliard d’économies, montant théorique, obtenu à partir d’analyses de valeur ajoutée incomplètes et biaisées.

« En effet, comme rapporté par le VG, les estimations pour les coûts de construction ont été basées sur un plan de conception achevé à seulement 5% alors que les bonnes pratiques suggèrent qu’il soit complété à au moins 30%. De plus, comme c’est le cas dans la plupart des analyses de valeur ajoutée permettant de faire la promotion des PPP, un « taux d’efficience » de 10 % a été utilisé pour le modèle alors que PPP Canada recommande 5 %, ce qui a indûment donné un avantage au mode de réalisation PPP », d’expliquer Pierre-Guy Sylvestre, économiste au SCFP.

De plus, le VG a noté que le PPP a gonflé le taux d’actualisation pour diminuer théoriquement la valeur future des dépenses. C’est le même stratagème qui avait été utilisé par l’Agence des PPP du Québec et par les autres promoteurs des PPP au Canada et ailleurs dans le monde pour diminuer les coûts d’exploitation à long terme.

Le gouvernement n’a pas entretenu l’ancien pont et a attendu trop longtemps avant de planifier une solution de remplacement intelligente, durable et sensée pour les citoyens. L’objectif était de  favoriser injustement le modèle PPP, afin de permettre à des entreprises privées de faire fructifier leurs avoirs, sans mesurer les impacts économiques et de la congestion du trafic pour les citoyens de Montréal, entre autres choses.