En Ontario, plusieurs employés de la santé – infirmières, préposés aux services de soutien à la personne et autres employés de première ligne des soins hospitaliers et de longue durée – ont subi de graves blessures au visage, des fractures et des lésions cérébrales à la suite d’agressions sauvages de la part de patients ou de proches de patients. Quelques-uns ne pourront plus marcher. Certains souffrent de stress post-traumatique et de séquelles psychologiques. C’est qu’affirme le Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP) dans une lettre ouverte adressée au ministre du Travail de l’Ontario, Kevin Flynn. Dans cette missive, le CSHO exhorte le ministre à faire preuve d’ascendant et de compassion en protégeant adéquatement le personnel de la santé.
« Chaque jour, un nombre incalculable de travailleurs en soins hospitaliers et de longue durée se font agresser physiquement et sexuellement au travail, explique le président du CSHO, Michael Hurley. Les employés qui dénoncent la situation sont menacés de représailles, voire congédiés dans un cas récent. Le gouvernement ontarien est coupable de mettre en danger les employés de la santé, de fermer les yeux sur les raclées qu’ils subissent et de conspirer avec les employeurs et la Commission de la sécurité professionnelle et de l’assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) afin de refuser de dédommager les victimes. Dans les soins de santé, un milieu de travail non sécuritaire pour le personnel n’est pas plus sécuritaire pour les patients. »
Depuis l’organisation, en janvier 2016, d’une conférence en soins infirmiers sur la violence au travail, le CSHO a documenté de nombreux incidents de violence, de menaces, d’agressions et de harcèlement sexuel, autant physique que verbal, dans le secteur de la santé. Le mois dernier, un employé d’un hôpital de Cornwall a été agressé avec une arme.
Le CSHO demande au ministre :
- de s’assurer que les hôpitaux et les établissements de soins de longue durée aient une dotation en personnel adéquate et sécuritaire ;
- de réformer la CSPAAT qui ne cesse de harceler les victimes d’agressions au travail et de leur refuser des prestations ;
- d’instaurer un mécanisme de protection des employés qui dénoncent ou signalent des cas d’agression ou de violence en milieu de travail ;
- de soutenir un amendement au Code criminel fédéral afin de criminaliser les agressions contre des employés du secteur de la santé ;
- de s’assurer du signalement de tous les actes de violence et de la tenue d’enquêtes ;
- de s’assurer que chaque milieu de travail dispose de mesures de prévention de la violence, telles que : sécurité adéquate, moniteurs individuels, boutons d’alarme et signalement des patients potentiellement violents.
« Nous avons été troublés par l’omniprésence et la “normalisation” de la violence telle que nous l’ont racontée les participants à l’étude, admet James Brophy, co-chercheur principal, avec Margaret Keith. Ceux-ci ont décrit, avec une frustration presque généralisée, l’incapacité du ministère du Travail à régler les causes profondes de cette violence. Et ils sont nombreux à condamner la CSPAAT pour son manque de reconnaissance et d’assistance aux travailleurs victimes de violence physique et psychologique. » M. Brophy et Mme Keith, les auteurs de l’étude sur la violence envers le personnel hospitalier ontarien, sont affiliés à l’Université de Stirling.
L’Ontario compte parmi les provinces canadiennes qui consacrent leu moins d’argent aux soins hospitaliers et de longue durée.
« Le sous-financement a entraîné des compressions, des pénuries de personnel et un prolongement des listes d’attente pour les patients et les pensionnaires, dans tous les types de soins, explique la secrétaire-trésorière du CSHO, Sharon Richer. Dans le secteur de la santé, où la main-d’œuvre est majoritairement féminine, il faut aborder cette problématique dans un contexte plus large comme un autre exemple de violence tolérée envers les femmes. Il est temps d’éventer le sale petit secret qu’est la violence dans les soins de santé. »
Le CSHO demande au provincial de mettre en place des mesures pour assurer une dotation en personnel suffisante afin qu’aucun employé n’ait à travailler seul.
Le CSHO est la division hospitalière du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP), qui représente plus de 70 000 travailleurs de la santé en Ontario. Pour lire la version intégrale de la lettre au ministre Flynn, rendez-vous au ochu.on.ca.