Imaginez qu’un cheval de bois géant vient d’entrer, en roulant, dans Corner Brook et que ce cadeau incroyable de la part du gouvernement Ball impressionne toute la communauté. À des kilomètres à la ronde, les gens accourent pour admirer le splendide cadeau qui servira à construire les installations de soins de santé dont on a tant besoin. Après tout, on leur en parle depuis plusieurs années, ce qui fait que, lorsqu’il arrive enfin, ce cadeau, tout le monde est à la fois soulagé et reconnaissant.

Voilà, pour l’essentiel, ce qui s’est produit en Nouvelle-Écosse, il y a 20 ans, quand le gouvernement libéral s’est lancé dans des partenariats public-privé (PPP) pour bâtir et entretenir 39 écoles.

Le gouvernement libéral néo-écossais a compris que faire construire les écoles par le privé pour les lui louer ensuite constituait une erreur. Il aurait dû être propriétaire de ces écoles dès le départ. Depuis un an, il a racheté les baux de 37 de ces écoles ; il a redonné les deux dernières aux promoteurs.

La trappe du cheval de Troie néo-écossais s’est ouverte et, à la stupéfaction de tous, en sont sortis les promoteurs, les consultants et les consortiums, chacun portant d’énormes sacs pleins d’argent – l’appât du gain qui motivait leurs PPP.

Que contenaient ces sacs dans le cheval de Troie de la Nouvelle-Écosse ?

  • 440,4 millions de dollars en remboursement du capital ;
  • 326,2 millions de dollars en intérêts ;
  • 214,8 millions de dollars en paiements de sortie.

Plus le coût de la remise de deux écoles aux promoteurs… sans qu’il en reste rien pour les contribuables.

Plus l’argent versé aux sociétés privées pour entretenir les écoles pendant vingt ans. En 2020, le vérificateur général de la Nouvelle-Écosse affirmait que les conseils scolaires fournissaient ces services pour moins cher que ce que facturaient les promoteurs. Il a aussi dit que l’État provincial aurait économisé des millions de dollars s’il avait construit ces écoles lui-même, en mode traditionnel.

Encore et encore, les gouvernements provinciaux sont contraints d’admettre qu’ils ont eu tort de recourir aux PPP pour construire des installations qui servent à fournir des services publics. Et ces erreurs ont coûté des milliards de dollars en trop aux contribuables. Pourtant, voilà que le gouvernement Ball se lance dans un PPP pour construire et entretenir deux établissements de soins de santé à Corner Brook, aux frais des contribuables d’aujourd’hui, de demain et d’après-demain.

Jusqu’à ce jour, Terre-Neuve-et-Labrador s’est sagement tenu à distance des PPP. Construisons et entretenons nos établissements de soins de santé à l’aide d’un modèle de financement public.

Retournons le cheval de Troie du gouvernement Ball là d’où il vient.

D’autres exemples au nl.cupe.ca/Trojan-Horse.