Les membres de la section locale 1146 du SCFP ont convaincu le conseil municipal de Woodstock de confier l’opération du nouveau centre de recyclage aux travailleurs municipaux.

Lors de la réunion du conseil du 14 décembre dernier, les membres du SCFP à l’emploi du service des travaux publics ont formé une « vague orange » pendant que le président de leur section locale, Denis LeChasseur, exhortait les conseillers à confier les nouveaux emplois à des travailleurs municipaux. Lors de cette réunion, le conseil a décidé de reporter la décision sur la sous-traitance des emplois du centre.

Au début janvier, le conseil municipal s’est cette fois prononcé en faveur d’emplois publics pour le nouveau centre de recyclage. Quatre nouveaux employés municipaux à plein temps ont été embauchés.

Ce centre de recyclage accueillera les gros rebuts et s’occupera de l’élimination sécuritaire de l’huile, des pneus, des appareils électroniques et des autres déchets domestiques dangereux. Il devrait ouvrir ses portes au printemps 2018.

Au départ, le conseil municipal envisageait sérieusement la sous-traitance, mais Denis LeChasseur a présenté un document de recherche du SCFP qui faisait état de graves lacunes dans la procédure de sous-traitance et des dangers associés à la privatisation d’une tâche aussi cruciale que le recyclage municipal.

« Nous avons refusé de considérer la décision comme finale. C’est la leçon que doivent retenir les autres sections locales SCFP. Présentez-vous au conseil. Posez des questions. Les réponses pourraient vous surprendre », a expliqué le président de la section locale.

« Le fait de nous présenter à la réunion et de poser des questions a forcé le conseil à étudier le dossier sérieusement. Et cela l’a amené à conclure qu’il valait mieux avoir la capacité de faire le travail à l’interne. Il s’est rangé de notre avis : la prestation publique assure le meilleur service possible », a-t-il poursuivi.

La ville n’avait pas calculé le coût d’exploitation du centre de recyclage. La procédure d’approvisionnement manquait de transparence et semblait favoriser une compagnie… la seule à avoir présenté une offre. Pourtant, la règlementation municipale interdit d’attribuer un contrat à un fournisseur exclusif.

« On parle d’une installation construite par la ville, avec des fonds publics, pour le bien de la communauté. C’est à la ville de l’exploiter et d’assumer la responsabilité de l’élimination des déchets », a souligné Denis LeChasseur.

Le document du SCFP met l’accent sur l’importance pour la ville d’assumer elle-même l’exploitation de l’installation. Les avantages de cette approche sont nombreux : une plus grande part des ordures sera traitée adéquatement et détournée du dépotoir, plus de transparence et de surveillance, ainsi que la flexibilité nécessaire pour s’adapter à la nouvelle Loi sur l’économie circulaire.

Cette loi ontarienne va obliger les entreprises à payer pour l’élimination sécuritaire de ce qu’elles produisent. Avec ce système, dont la mise en œuvre se fera graduellement au cours des cinq prochaines années, les municipalités vont réduire leurs dépenses pour la collecte et le traitement des ordures. En gardant son centre de recyclage public, Woodstock pourra s’adapter à ces changements, garder un œil sur les revenus produits et s’assurer que le centre se concentre sur le détournement et le traitement des déchets, plutôt que sur la réalisation de profits par une entreprise privée.

« Quand il s’agit de votre communauté et que les travailleurs qui traitent les déchets, c’est vous, tout ça devient extrêmement concret. Les gens ont tendance à être plus responsables. Le service n’est pas motivé par l’argent. Les priorités sont différentes. On n’est pas là pour faire des profits, mais pour protéger l’environnement », a conclu Denis LeChasseur.

Le SCFP a documenté les nombreux avantages des services publics de collecte des ordures, notamment dans Ramener les services à l’interne, un rapport du Columbia Institute publié en 2016. On y présente l’expérience de quatre municipalités canadiennes qui ont résilié leur contrat de privatisation des ordures.