En Ontario, des centaines de jeunes ont été logés dans des hôtels, des motels, des immeubles de bureaux, voire dans des endroits encore moins adaptés, en raison de la crise grave de l’aide à l’enfance que le gouvernement provincial a engendrée. Quatre ans après le début d’une « refonte » du système d’aide à l’enfance de la province, aucun progrès n’a été réalisé. Il est clair que l’audit annoncé est un autre écran de fumée pour détourner l’attention de l’échec lamentable du gouvernement à soutenir les enfants et les familles tout en ouvrant la porte à une plus grande privatisation du secteur.

« Il faut régler cette crise de toute urgence, mais le gouvernement n’a encore rien fait. Les travailleuses et travailleurs, les personnes qui se portent à la défense des droits des enfants et les familles sonnent l’alarme depuis des années au sujet des difficultés à relever pour assurer la sécurité des enfants et des jeunes. Le fait que Doug Ford tente de rejeter le blâme sur des agences individuelles montre à quel point il est hypocrite », a déclaré Fred Hahn, président du SCFP-Ontario, qui représente environ 5 000 travailleuses et travailleurs à la protection de l’enfance travaillant dans 27 agences de la société de l’aide à l’enfance de la province. « Ce gouvernement a eu toutes les occasions de prouver qu’il se soucie des enfants. Il a montré à maintes reprises que ce n’est pas le cas. »

En 2020, le gouvernement Ford a mis en œuvre une « refonte » de la protection de l’enfance, signalant un changement dans les priorités provinciales en faveur de travaux d’intervention précoce qui exigent plus de ressources et qui visent à garder les familles unies. Le financement n’a pas suivi cette réorientation, car environ 90 % des agences accusent actuellement des déficits financiers de plusieurs millions de dollars, laissant les travailleuses et travailleurs combler des lacunes dangereuses dans un contexte de licenciements et de restrictions des services. Le Bureau de la responsabilité financière a publié un rapport en juin qui indique que le financement de la protection de l’enfance a nettement reculé par rapport à l’inflation, le secteur ayant perdu 70 millions de dollars depuis que Doug Ford a pris le pouvoir.

« Les travailleuses et travailleurs sont déjà épuisé(e)s, tandis que les agences de services à l’enfance tentent de combler les lacunes de services, aggravées par le démantèlement des services sociaux orchestré par ce gouvernement dans son ensemble », a déclaré JP Hornick, qui assure la présidence de l’OPSEU/SEFPO, représentant 3 200 travailleuses et travailleurs supplémentaires de la protection de l’enfance dans 13 agences. « La solution a toujours été de financer adéquatement le système afin que les jeunes les plus vulnérables de nos communautés puissent recevoir le soutien nécessaire. La barre est basse, et le gouvernement Ford ne se montre toujours pas à la hauteur. »

La récente déclaration de Ford affirmant que certaines personnes s’enrichissent grâce au travail de la protection de l’enfance est juste – mais ce ne sont ni les employé(e)s ni la direction qui s’enrichissent, mais bien les exploitants parasitaires de foyers de groupe à but lucratif qui facturent des frais exorbitants aux agences de la protection de l’enfance désespérées en raison des règles établies par ce gouvernement.

« Il faut mettre fin aux modèles à but lucratif dans tous les établissements résidentiels d’aide et instaurer l’octroi de licences à l’échelle de la province pour les foyers de groupe, pour que les services placent les enfants au centre des soins, a ajouté JP Hornick. Le système actuel est obsolète à bien des égards. La formule de financement actuelle de l’Ontario lie partiellement le financement des agences au nombre d’enfants pris en charge. Les membres de la société d’aide à l’enfance de Sarnia-Lambton, qui s’efforcent de garder les enfants à la maison avec leur famille, ont vu leur budget annuel diminuer de plus d’un million de dollars au cours de la dernière décennie. »

Alors que les travailleuses et travailleurs et les personnes qui défendent la cause réclament des changements, le gouvernement actuel et ceux qui l’ont précédé ont systématiquement ignoré les recommandations de chaque enquête de coroner. Si la province voulait vraiment accorder la priorité aux enfants, Doug Ford ordonnerait à son ministère de commencer par les centaines de recommandations déjà en main, ou il reconstituerait le Bureau du défenseur des enfants et de la jeunesse que son gouvernement a fermé parce qu’il ne pouvait pas supporter les critiques virulentes de ses politiques inefficaces.

« Il est évident qu’il évoque cette réforme promise pour faire taire les critiques, mais il n’a pas l’intention de l’appliquer honnêtement. C’est pourquoi les paroles de Ford sont si frustrantes, a expliqué Fred Hahn. Je sais que la population ontarienne ne se laisse pas duper par lui. La population ontarienne sait qu’il s’agite, cherchant désespérément à faire taire une histoire qui révèle une autre couche d’apathie et de mauvaise gestion choquante de la part de son gouvernement. Il n’en demeure pas moins que les travailleuses et travailleurs à la protection de l’enfance se retrouvent dans une situation impossible, essayant d’assurer la sécurité des jeunes avec des ressources de plus en plus limitées. Je leur exprime ma gratitude chaque jour. »