Une étude récente du Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) démontre que le revenu moyen des 100 PDG les mieux rémunérés du Canada a atteint 14,9 millions de dollars en 2022, soit 246 fois plus que le salaire moyen des travailleuses et travailleurs.
La hausse vertigineuse de la rémunération des PDG est en partie attribuable à l’inflation. À mesure que l’inflation s’est accrue en 2021 et en 2022, les grandes entreprises ont profité de l’occasion pour augmenter leurs prix plus que nécessaire pour couvrir leurs coûts. C’est ce qu’on appelle « l’inflation des vendeurs ». Ces hausses de prix ont non seulement alimenté l’inflation, mais elles ont aussi considérablement augmenté les bénéfices des entreprises, ce qui s’est traduit par une augmentation des salaires des PDG.
Certains détracteurs soutiennent que l’étude du CCPA compare des pommes avec des oranges, puisque les PDG sont rémunérés différemment des travailleuses et travailleurs ordinaires. La rémunération des PDG s’étend au-delà des salaires et est composée d’une part importante de primes, de transferts d’actions et d’options d’achat d’actions (une promesse d’achat des actions d’une société à un prix plus bas à une date ultérieure). En 2022, les transferts d’actions représentaient à eux seuls plus de 40 % de la rémunération des 100 PDG les mieux rémunérés.
Les travailleuses et travailleurs peuvent également recevoir une compensation qui va au-delà de leur salaire, comme des régimes d’assurance maladie et des régimes de retraite. De plus, les employeurs contribuent aux régimes de retraite gouvernementaux, à l’assurance-emploi et aux régimes d’indemnisation des victimes d’accidents du travail pour leurs employé(e)s. L’examen de la rémunération totale est donc un bon moyen de comparer directement le salaire des PDG avec celui des travailleuses et travailleurs moyen(ne)s.
Statistique Canada effectue un suivi de la rémunération totale et fournit une ventilation par niveau de revenu. Nous pouvons comparer l’augmentation de la rémunération totale des PDG depuis 2008, date à laquelle le CCPA a commencé à en faire le suivi, à l’augmentation de la rémunération totale des travailleuses et travailleurs. D’une part, la rémunération totale des 100 PDG les mieux rémunérés est passée de 7,4 millions de dollars en 2008 à 14,9 millions de dollars en 2022, soit une augmentation d’un peu plus de 100 %. D’autre part, la rémunération totale d’un(e) salarié(e) moyen(ne) n’a augmenté que de 40 % au cours de la même période, soit à peine plus que l’augmentation de l’inflation mesurée par l’indice des prix à la consommation (IPC).
Nous pouvons comparer l’évolution de la rémunération des travailleuses et travailleurs ayant des niveaux de revenu différents en divisant les données en cinq catégories de taille égale, appelées quintiles, allant des 20 % de travailleuses et travailleurs ayant les revenus les plus faibles aux 20 % ayant les revenus les plus élevés. La rémunération totale des travailleuses et travailleurs des deux quintiles de revenu inférieurs a augmenté moins que l’inflation de 2008 à 2022, tandis que la rémunération totale des travailleuses et travailleurs des deux quintiles supérieurs a augmenté d’un peu plus que l’inflation.
Alors que les travailleuses et travailleurs, comme les PDG, reçoivent diverses formes de rémunération, l’augmentation fulgurante des revenus des PDG contraste fortement avec les modestes améliorations pour les salarié(e)s moyen(ne)s et l’érosion des salaires réels due à l’inflation que subissent ceux et celles qui gagnent les revenus les plus faibles. Cette disparité fait ressortir une préoccupation importante d’équité concernant de la rémunération des PDG.