Dan Crow | Service de Recherche du SCFP

Selon la loi canadienne, la syndicalisation des travailleurs doit se faire un lieu de travail à la fois. Ce système fonctionne bien pour les lieux de travail comptant un grand nombre d’employés permanents à plein temps. Dans ces lieux de travail, les syndicats ont un bon pouvoir de négociation, en raison de la grande taille des unités d’accréditation. Dans d’autres cas, ce modèle réduit malheureusement notre pouvoir de négociation, au détriment des travailleurs.

Au cours des dernières décennies, les petits lieux de travail se sont multipliés et la précarité d’emploi a gagné du terrain. De plus, la privatisation et la sous-traitance rendent la syndicalisation plus difficile en vertu des lois actuelles.

Même si le taux de syndicalisation dans le secteur public est de 70 pour cent, certains travailleurs ont de la difficulté à se syndiquer en raison de la petite taille de leur lieu de travail ou de la précarité de leur poste. Ce phénomène frappe davantage les membres des groupes en quête d’égalité. Dans le secteur privé, c’est pire : seulement 15 pour cent des travailleurs sont syndiqués et la syndicalisation est encore plus faible dans les petits lieux de travail.

Pour faciliter la syndicalisation dans certains secteurs, les lois sur les relations de travail pourraient être modifiées afin de créer des structures de négociation multipartite. Dans la négociation multipartite, le droit de négocier couvre plusieurs lieux de travail au sein d’un même secteur, même si ces lieux n’ont pas le même employeur.

Dans ce système, les syndicats qui représentent les employés de deux lieux de travail ou plus dans un même secteur (les services de garde, par exemple) pourraient demander à la commission des relations de travail de créer une unité d’accréditation multi-sites régie par une seule convention collective. Le syndicat pourrait alors syndiquer d’autres lieux de travail dans ce secteur et réclamer à la commission l’ajout des nouveaux syndiqués à la convention existante.

Ces unités d’accréditation composées de petits lieux de travail pourraient grossir avec le temps et accroître leur pouvoir de négociation. Ce système encouragerait les syndicats à syndiquer les petits lieux de travail, puisque les unités seraient assez grosses pour être viables et assez fortes pour décrocher une bonne convention collective.

On pourrait aussi créer d’autres modèles pour faciliter la syndicalisation des travailleurs offrant des soins à domicile, des entrepreneurs indépendants et des autres travailleurs laissés pour compte par les lois actuelles.

La négociation multipartite rendrait la syndicalisation possible pour beaucoup de travailleurs vulnérables. Cela dit, ce nouveau système devrait s’accompagner de nouvelles stratégies de recrutement et de négociation, des défis qu’il vaut la peine de relever si la négociation multipartite ouvre la voie à une expansion du mouvement syndical.