Les déléguées à la Conférence des femmes du SCFP sont stimulées à lutter pour l’équité salariale dans leur milieu de travail et leur communauté, après une séance pratique qui a partagé des stratégies pour identifier et combler les écarts salariaux.
La vice-présidente régionale du SCFP pour l’Ontario, Yolanda McClean, a ouvert la plénière avec un discours enflammé, rappelant à la foule qu’en moyenne les femmes sont toujours moins bien payées que les hommes. Elle a appelé à l’équité salariale et à une augmentation du salaire minimum, ce qui profiterait principalement aux femmes.
« Notre syndicat est résolu à combattre la discrimination sous toutes ses formes », a-t-elle dit. « Nous devons défendre ce qui est juste. »
« Personne ne choisit de voir son travail dévalorisé et sous-payé. Dans notre syndicat, nous voulons élever tout le monde. Lutter pour l’équité salariale est l’une des façons de réclamer justice pour tout le monde. »
Puis, le personnel de l’Évaluation des emplois et de l’équité salariale du SCFP a montré aux déléguées comment comprendre la structure salariale de leur milieu de travail et à repérer les inégalités.
La lutte contre la discrimination salariale rend notre syndicat plus fort, selon la coordonnatrice nationale en Évaluation des emplois et équité salariale du SCFP, Emily Turk.
« Les sections locales du SCFP sont bien placées pour faire le lien entre équité et solidarité », a-t-elle ajouté. « L’obtention de salaires justes et équitables pour tout le monde est la pierre angulaire du mouvement syndical. »
Une approche d’équité reconnaît les obstacles systémiques qui affectent les salaires des membres du SCFP qui sont confrontés à des formes croisées de discrimination, notamment les femmes, les personnes 2ELGBTQI+ et de diverses identités de genre, les personnes noires, autochtones et racisées, les personnes migrantes et les personnes ayant un handicap.
Mme Turk et la conseillère en Évaluation des emplois et équité salariale, Kari Scott-Whyte, ont mis en évidence les stratégies que les membres peuvent utiliser pour combler les écarts salariaux qui causent de l’iniquité. Et ces stratégies s’adaptent à la taille et à l’ampleur de la situation.
Les sections locales peuvent cibler des emplois spécifiques dans leurs négociations afin de remédier aux salaires bas ou inéquitables pour un travail qui est dévalorisé en raison de préjugés fondés sur le genre, de racisme, de capacitisme et d’autres formes de discrimination.
Le processus d’évaluation des emplois peut s’avérer parfois inconfortable, car il nous oblige à discuter des stéréotypes de genre et des inégalités historiques.
« Il est très important de se rappeler qu’il s’agit avant tout d’élever les gens et non de les caler », a souligné Mme Scott-Whyte.
Les sections locales peuvent aussi lutter contre l’iniquité dans l’ensemble de leur structure salariale. Par exemple, de nombreuses sections locales négocient des augmentations de salaire en pourcentage, mais cette approche peut creuser l’écart entre les postes moins bien rémunérés et ceux mieux rémunérés. La victoire du personnel des conseils scolaires de l’Ontario en novembre dernier prouve pourquoi il est important de négocier des augmentations salariales forfaitaires qui profitent le plus aux gens les moins bien rémunérés.
Nous devons également mettre à profit notre pouvoir politique, ainsi que notre pouvoir de négociation, pour obtenir des changements à long terme dans des secteurs entiers et dans notre société. La mobilisation pour une loi sur l’équité salariale en est un exemple, et au Québec, cela a rapporté très gros.
Édith Cardin, coordonnatrice en Évaluation des emplois et équité salariale au SCFP-Québec, et Mélanie Gougeon, spécialiste de l’évaluation des emplois et l’équité salariale au Québec, ont raconté le rôle de notre syndicat dans l’enchâssement de l’équité salariale dans la loi au Québec. Mme Cardin affirme que la Loi sur l’équité salariale, adoptée pour la première fois en 1996, a été le meilleur outil pour faire progresser l’équité salariale dans la belle province.
« On a bâti une coalition, on a fait des marches. On marche beaucoup dans le milieu syndical. Puis on a eu la loi et, pour nous, ça a été un tsunami parce que ça s’adressait à tous nos secteurs », a-t-elle rappelé.
La loi initiale n’était pas parfaite, mais les femmes du SCFP ne se sont pas démobilisées et ont mené la charge pour contester ses lacunes jusqu’à la Cour suprême, avec succès.
Selon Mme Cardin, le succès du SCFP au Québec est le fruit de beaucoup d’efforts, de constance et de courage. « L’équité salariale c’est de nos affaires. Personne ne va nous la donner. Il va falloir se battre pour l’avoir. »
Mélanie Gougeon, qui est responsable de la négociation du secteur public pour le SCFP-Québec, a parlé des impacts de la loi sur l’équité salariale sur le secteur qui compte 78 % de travailleuses en santé, en éducation et dans les services sociaux.
Pour les membres du SCFP, le versement initial a été d’environ 6000 $ par personne en moyenne. Donc ça a été payant, mais le gouvernement du Québec a du mal à assurer le maintien de l’équité salariale. Des dizaines de milliers de plaintes ont été déposées et les retards sont importants.
Encore une fois, les femmes du SCFP se sont serré les coudes pour obtenir leur dû, dans le plaisir. Elles ont notamment occupé les bureaux du Conseil du trésor.
Les mobilisations qu’on a organisées ont mené à des ententes touchant 77 000 personnes et d’une valeur de plus d’un milliard de dollars, mais il reste encore des catégories d’emploi pour lesquelles l’équité n’est pas atteinte.
Lors des négociations du secteur public au Québec, le SCFP a pris le leadership et obtenu une réduction de l’écart entre le salaire des catégories d’emplois les moins bien payées et celui des mieux payées.
À quelques jours de l’expiration des conventions collectives, et alors que le SCFP s’apprête à jouer un rôle important dans le front commun syndical, l’équité est encore une fois au cœur des préoccupations des femmes de notre syndicat.
« On a un premier ministre qui pense que les femmes sont nées pour enseigner et soigner. Ben il va devoir les payer ! »