Les gouvernements empruntent régulièrement pour financer les infrastructures et les services. Quand les investissements conduisent à une croissance économique, améliorent la qualité de vie ou préviennent de futures hausses des coûts, l’emprunt peut être judicieux d’un point de vue fiscal.
Si l’économie croît plus rapidement que la dette publique, on peut en déduire que les emprunts soutiennent la croissance économique. Pour mesurer ce rapport, de nombreux gouvernements, y compris le gouvernement Trudeau, se basent sur le ratio de la dette nette au PIB. Ce ratio exprime la dette nette en pourcentage du produit intérieur brut (PIB), soit la valeur totale de tous les biens et services produits par une économie. La dette nette est calculée en soustrayant de la dette totale la valeur des actifs de l’État, comme les terrains, les bâtiments et les actifs financiers.
La comparaison de la dette nette au PIB ne tient pas compte de toutes les retombées des investissements gouvernementaux pour l’économie, mais elle permet tout de même de saisir certains des avantages découlant des investissements publics dans les infrastructures et les services pour la croissance économique . En comparant la dette nette au PIB, nous obtenons donc un aperçu plus exact de l’incidence de l’emprunt sur l’économie qu’en ne considérant que la dette publique.
Au Canada, nous mesurons le ratio de la dette nette au PIB de deux façons : en incluant ou en excluant le Régime de pensions du Canada (RPC) et le Régime de rentes du Québec (RRQ). Le RPC et le RRQ sont considérés comme des actifs financiers du gouvernement. Statistique Canada présente la dette nette en incluant et en excluant ces fonds des calculs parce qu’ils diffèrent des autres actifs financiers. Si l’on tient compte uniquement des actifs auxquels le gouvernement peut recourir pour rembourser sa dette, il faut exclure le RPC et le RRQ, car ces actifs sont réservés aux pensions et ne peuvent pas être utilisés à d’autres fins. Autrement, inclure ces fonds dans les calculs de la dette nette nous aide à mieux comprendre l’incidence globale des emprunts du gouvernement sur l’économie, puisqu’ils représentent des investissements réels dans notre avenir.
La majorité des économistes conseille aux gouvernements de maintenir leur ratio dette nette-PIB le plus bas possible, mais les recherches universitaires montrent qu’il n’y a pas de chiffre magique. Pour la plupart des analystes, la stabilité demeure la clé, et de fortes augmentations ou diminutions justifient une enquête plus poussée.
Au milieu des années 1990, la dette de tous les ordres de gouvernement au Canada, excluant le RPC et le RRQ, a atteint plus de 100 % du PIB. Cette situation a entraîné d’importantes coupes budgétaires fédérales. Ces compressions s’appuyaient sur l’idée qu’une dette publique trop élevée était mauvaise pour l’économie, une théorie véhiculée par le modèle de la « reaganomie » qui continue d’influencer la politique économique mondiale aujourd’hui.
Les niveaux d’endettement ont ensuite diminué du milieu des années 1990 jusqu’à la crise financière de 2008. Après la crise, le ratio de la dette nette au PIB est resté stable au niveau fédéral, mais a légèrement augmenté au niveau provincial.
Pendant la pandémie de COVID-19, tous les ordres de gouvernement ont augmenté leurs dépenses pour stabiliser l’économie. Parallèlement, le PIB a chuté. Ces deux facteurs ont entraîné une augmentation du ratio de la dette nette au PIB en 2020 et 2021.
Toutefois, le ratio de la dette nette au PIB du gouvernement fédéral, excluant le RPC et le RRQ, est inférieur à ce qu’il était lorsque Justin Trudeau a été élu pour la première fois il y a neuf ans. Au quatrième trimestre de 2015, la dette nette fédérale par rapport au PIB était de 31,2 %. Au début de l’année 2024, ce ratio est passé à 30,2 %. Le ratio d’endettement des administrations provinciales, territoriales et locales a également diminué, passant de 28,1 % au début de 2021 à 15 % au début de 2024.
En fait, le ratio de la dette nette au PIB de tous les ordres de gouvernement est maintenant plus bas qu’il ne l’a jamais été au cours des 30 dernières années. La baisse la plus spectaculaire concerne la dette nette de l’ensemble des administrations publiques qui inclut le RPC et le RRQ, car ces deux régimes de pension ont continué à croître au fil des ans.
Alors, n’allez pas croire ces personnes qui prétendent que la dette publique est à l’origine de nos problèmes économiques. La réalité est que la dette publique, comparée à la taille de l’économie, est plus faible qu’elle ne l’a jamais été depuis des décennies.