Charles Brenchley & Hugh Pouliot | Service des communications du SCFP

Depuis quelque temps, le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, passe une bonne partie de la période de questions à répondre aux attaques de l’opposition. Et c’est justifié, car le premier ministre Justin Trudeau et son ministre ont beaucoup de comptes à rendre.

La controverse a éclaté à l’automne lorsqu’on a découvert que le ministre Morneau a contrevenu aux règles d’éthique en omettant de signaler à la commissaire à l’éthique qu’il possède une villa en France par l’entremise d’une compagnie étrangère. On a par la suite appris que Bill Morneau ne s’était pas départi des actions d’une valeur de 21 millions de dollars qu’il détenait dans Morneau Shepell, l’entreprise familiale de gestion de régimes de retraite et de ressources humaines. En effet, il a profité d’une faille de la Loi sur les conflits d’intérêts qui lui permet de conserver ses actions d’une compagnie à numéro, plutôt que de les céder ou de les placer dans une fiducie sans droit de regard, comme le font la majorité des élus.

Les libéraux ont présenté il y a un an le projet de loi C-27 qui permettra à certains employeurs de rompre les promesses faites à leurs employés en matière de retraite. Le SCFP ne ménage aucun effort pour faire dérailler ce projet de loi qui permettrait aux administrateurs de régimes de retraite de convertir les régimes à prestations déterminées en régimes à prestations cibles. Morneau Shepell était au nombre des entreprises qui réclamaient une telle disposition, car elle lui permettrait de réaliser d’importants profits.

Le NPD a présenté une motion pour éliminer les échappatoires en matière de conflits d’intérêts, mais les libéraux se sont empressés de voter contre. Or, il est difficile de trouver un conflit d’intérêts plus flagrant dans l’histoire politique moderne du Canada.

La controverse au sujet des manquements éthiques de Bill Morneau a mis en lumière le véritable objectif du projet de loi C-27 : affaiblir la sécurité financière à la retraite de millions de Canadiens pour permettre à un petit groupe de dirigeants d’entreprises de réaliser d’énormes profits.

La commissaire à l’éthique, Mary Dawson, a d’abord imposé une amende au ministre Morneau pour avoir omis de déclarer ses actions. Elle a ensuite décidé d’examiner le rôle joué par Bill Morneau dans la rédaction du projet de loi et sa décision de le parrainer en Chambre, et ce, malgré ses liens avec Morneau Shepell.

Est-ce que les retombées politiques de ce scandale feront en sorte que le gouvernement libéral abandonnera le projet de loi? Cela reste à voir. En attendant, le SCFP continuera de s’opposer vigoureusement à C-27.