Dans le cadre de l’engagement du SCFP de tirer profit des expériences des personnes autochtones, noires et racisées, et de célébrer leurs réussites, nous vous présentons des membres du Comité national pour la justice raciale et du Conseil national des Autochtones. L’article de ce mois-ci présente Konrad Beston, membre du Conseil national des Autochtones.

Une résolution adoptée au congrès a mené Konrad Beston, membre du SCFP 403, vers une expérience transformatrice. « Elle a changé ma vie », affirme-t-il au sujet de la résolution adoptée au congrès du SCFP-C.-B. en 2021, qui encourage les sections locales à ajouter un siège au sein de leur conseil exécutif pour un(e) membre de la communauté autochtone.

En 2022, la section locale de Konrad a ajouté un siège au conseil exécutif pour représenter les membres autochtones. Konrad a été le premier à occuper ce poste.

Konrad est métis et vient de Fort Qu’Appelle, en Saskatchewan, sur le territoire visé par le traité no 4. Il est membre du Comité autochtone du SCFP-C.-B. depuis 2022 et il effectue actuellement son premier mandat au Conseil national des Autochtones. Il travaille pour le département de la gestion des eaux pluviales du Canton de Langley depuis 18 ans.

Un poste exécutif vecteur de changements

La manière dont la section locale de Konrad a intégré la représentation des membres autochtones et a accordé une place à une voix autochtone dans son processus décisionnel a suscité chez lui un sentiment de fierté qu’il n’a pas toujours ressenti.

« Quand j’étais jeune, j’avais du mal à trouver ma place en tant qu’Autochtone… je n’ai pas grandi sur une réserve et je ne me reconnaissais pas dans les colonisateurs européens. Ça m’a pris des années pour réaliser l’impact que ça avait eu sur moi, raconte-t-il. La société nous a appris à avoir honte de notre identité. »

Ce n’est qu’à l’école secondaire qu’il s’est senti reconnu pour son identité, plus particulièrement lorsqu’il a rencontré le personnel de soutien aux personnes autochtones. Malgré tout ce soutien positif, il a tout de même été victime de racisme et n’a pas été en mesure de vivre pleinement son identité.

À l’âge adulte, Konrad a longtemps été une personne réservée, de peur qu’on découvre son identité autochtone. « Je ne voulais pas en parler parce que j’avais peur qu’on me dise des choses méchantes, d’être stéréotypé. »

Konrad n’était pas trop impliqué auprès de sa section locale, même s’il assistait à des réunions occasionnellement, mais tout a changé lorsqu’il a entendu l’annonce de la création du nouveau poste exécutif.

« Pour la première fois de ma vie, je me sentais à l’aise d’afficher mon identité de Métis. »

Sur le chemin de la vérité et de la réconciliation

Depuis que Konrad occupe le poste exécutif, il œuvre à sensibiliser ses collègues et à en faire des allié(e)s.

« J’ai jeté les bases de ce que je crois nécessaire pour avancer sur le chemin de la vérité et de la réconciliation. Je peux progressivement voir ces idées prendre forme et se concrétiser. »

À présent, d’autres collègues autochtones communiquent avec lui pour lui raconter leur histoire ou lui poser des questions. « Je veux que ces personnes ressentent la même fierté personnelle que je ressens, exprime Konrad. Avant d’être en mesure de prendre soin des autres, on doit d’abord guérir sa propre personne. »

Il répond aussi aux questions de ses collègues non autochtones qui souhaitent devenir des allié(e)s et les oriente vers des ressources dans la communauté qui leur permettront d’apprendre.

« Mon approche consiste à piquer leur curiosité. Je leur donne un peu d’information, sans forcer quoi que ce soit. Cette curiosité les motive ensuite à ouvrir leur cœur, leurs yeux, leurs oreilles, bref, à accueillir cet apprentissage plutôt que de sentir qu’on leur impose. »

Depuis qu’il travaille pour le Canton, Konrad a vu les effectifs croître et accueillir de nombreux membres autochtones, noir(e)s ou racisé(e)s. Selon lui, cette diversité rend la stratégie du SCFP de lutte contre le racisme cruciale.

« Au fond, ça se résume à créer un milieu de travail sécuritaire. De nos jours, le personnel est si diversifié qu’il est impossible d’ignorer cet aspect. La mise en œuvre de ces stratégies et l’offre de formations vont nous permettre de changer les choses. »

Une guérison intergénérationnelle

Les répercussions de l’engagement de Konrad se font le plus ressentir à la maison. C’est les yeux remplis de larmes qu’il décrit comment sa famille a vécu cette puissante expérience.

« J’ai deux garçons âgés de 8 et 11 ans qui sont fiers de leur identité. Malheureusement, tous les membres de ma famille paternelle n’ont pas grandi avec notre culture. Elle est restée cachée par peur de révéler leur identité, explique-t-il. Ce sont trois générations qui traversent une période de guérison. »

Cette guérison prend plusieurs formes et s’effectue à plusieurs endroits, notamment à l’ancienne école secondaire de Konrad, où ce dernier s’est joint à un groupe de tambours géré par le personnel de soutien aux personnes autochtones de l’école. « La première journée, j’ai beaucoup appris et je me suis senti accueilli dans cette famille. Mes fils font aussi partie du groupe de tambours et de cette famille. On y apprend beaucoup de choses sur la culture. Pas seulement sur la culture métisse, mais aussi celles de Premières Nations. »

Tisser des liens grâce à l’eau

L’employeur de Konrad a reconnu son rôle en lui demandant de coanimer des formations sur la lutte contre le racisme et les façons d’être des allié(e)s des peuples autochtones. Il a aussi sollicité son aide en tant que leader pour un projet d’assainissement de l’eau que le Canton est en train de mettre au point avec la Première Nation Katzie voisine.

En tant qu’amateur de pêche au saumon, Konrad a son métier à cœur. Il travaillait auparavant à la construction et à l’entretien d’infrastructures de gestion des eaux pluviales et est maintenant contremaître au sein du même département. « On prend soin de nos cours d’eau. La campagne L’eau, c’est la vie était très pertinente. Je fais déjà ce travail, je m’assure de la qualité de l’eau potable et des cours d’eau pour le saumon. »

Konrad fait partie de l’équipe cantonale qui collabore avec la Première Nation Katzie pour restaurer le ruisseau Yorkson, qui traverse le territoire Katzie avant de se jeter dans le fleuve Fraser. Au fil du temps, l’industrialisation et les espèces végétales envahissantes ont obstrué le ruisseau et le saumon a cessé d’y nager.

En plus de créer un environnement dans lequel le saumon peut vivre et se reproduire, Konrad souhaite que les membres de la communauté apprennent à mieux connaître la Première Nation Katzie, ainsi que l’histoire du ruisseau, appelé c̓aχc̓əχəm pendant des milliers d’années jusqu’à l’arrivée des colonisateurs.

C’est en participant à ce projet que Konrad a découvert l’importance du ruisseau pour la communauté Katzie.

« La Première Nation Katzie perçoit le ruisseau comme une matriarche ancestrale qui traverse les générations. Il faut en prendre soin et protéger la vie qu’il donne à tout ce qui l’entoure. »

Sortir de sa zone de confort

L’implication syndicale de Konrad l’a aidé à découvrir son côté artistique et à approfondir son lien avec l’art et la culture des Salish de la côte. Lorsque sa section locale a voulu un chandail pour commémorer la Journée du chandail orange, Konrad a d’abord consulté des artistes de la communauté, puis il a lui-même conçu le design du chandail avec l’aide d’un artiste de la Première Nation Kwantlen.

La vente du chandail a connu un grand succès et a contribué à recueillir des fonds pour la Lower Fraser Valley Aboriginal Society, qui offre un milieu sécuritaire où les Aîné(e)s peuvent soutenir les survivant(e)s des pensionnats pour autochtones.

« C’était vraiment incroyable de voir mes collègues porter un chandail affichant mon design. Je leur ai dit : “Vous faites partie de mon histoire de réconciliation. Vous contribuez à faire avancer la cause.” », raconte Konrad.

Il a aussi créé le design d’un chandail pour le conseil syndical du district de New Westminster, où il siège au comité permanent des affaires autochtones. De plus, il a réalisé la conception artistique d’un frisbee pour l’équipe canadienne de disque-golf.

Konrad a un conseil à donner aux membres autochtones, noir(e)s ou racisé(e)s qui souhaitent s’impliquer davantage dans leur syndicat : « Préparez-vous à apprivoiser l’inconfort, parce que ce n’est que lorsqu’on sort de sa zone de confort que les choses commencent à bouger et à changer. »

« Les membres doivent savoir qu’il existe des milieux sécuritaires et que leurs voix devraient être entendues. »

« Je n’avais jamais imaginé qu’un jour il y aurait une place pour une voix autochtone au sein de mon syndicat. Je veux que tout le monde ait cette chance, en particulier les personnes autochtones. Je veux qu’elles soient fières de leur identité. »

Pour en savoir davantage sur la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme, notamment sur l’objectif 4 — « Apprendre de l’expérience des membres noirs, autochtones et racisés et célébrer leurs réussites » —, rendez-vous au scfp.ca/stratégie_contre_le_racisme. Voyez également les conseils pour mettre en œuvre la Stratégie dans votre section locale.