L’un après l’autre, les gouvernements provinciaux sont contraints d’admettre qu’ils ont eu tort de recourir à un partenariat public-privé pour construire des établissements de soins de santé. Leurs erreurs ont coûté des milliards de dollars de plus aux contribuables que si l’État avait été le propriétaire-constructeur de ces hôpitaux. Partout au pays, vérificateurs généraux, chercheurs et journalistes continuent de faire la lumière sur l’échec des PPP et le gaspillage des fonds publics que ceux-ci représentent. Pourtant, Terre-Neuve-et-Labrador, sous le gouvernement Ball, est sur le point de s’embarquer dans un autre de ces échecs prévisibles.

Ça suffit, le jargon trompeur et les pratiques malsaines. Nous voulons des décisions transparentes qui se fondent sur des données probantes. Investissons le budget de la santé dans le système de santé public et non pas dans les dépassements de coûts et les poches des compagnies privées, des compagnies qui ne sont peut-être même pas de notre province. Gardons nos établissements hospitaliers et de soins de longue durée sous la gouverne de l’État.

L’Hôpital régional de North Bay, Ontario

L’Hôpital régional de North Bay a coûté au moins $160 millions de dollars de plus à cause du PPP. Les coûts de financement du projet ajoutent des millions de dollars de plus à la facture chaque année, on a dû fermer plus de 50 lits et ils en sont à la troisième vague de licenciements, avec plus de 100 postes éliminés.  Pourtant, l’hôpital n’a ouvert qu’en 2011.

Centre de santé mentale Royal d’Ottawa, Ontario

Le Centre de santé mentale Royal d’Ottawa a ouvert en novembre 2006. Le Centre était plus petit qu’initialement prévu, avec moins de lits. Le coût final de ce PPP a été de 146 million de dollars, un dépassement de coût de 46 millions de dollars. L’économiste Hugh Mackenzie a analysé les données financières disponibles et a conclu que le recours au secteur privé a augmenté la facture finale de l’ordre de 88 millions de dollars.

Les centres hospitaliers universitaires de Montréal, Québec

En 2014, le journal québécois La Presse consacrait un article à un rapport du vérificateur général Renaud Lachance qui expliquait que le coût des investissements dans ce projet en PPP dépassait d’au moins 1,8 milliard de dollars le budget initial de 5,2 milliards de dollars. Il s’agit du coût total des PPP pour le Centre hospitalier de l’Université de Montréal, le centre de recherche, le Centre universitaire de santé McGill et le Centre hospitalier universitaire Sainte-Justine. Vous avez bien lu : près de deux milliards de dollars !

L’Hôpital William Osler, Ontario

Le Centre hospitalier William Osler de Brampton, en Ontario, donne un autre exemple de PPP hors de contrôle. En 2008, la vérificatrice générale de l’Ontario a découvert que sa construction en mode PPP a coûté 194 millions de dollars de plus (en dollars de 2003) que si on l’avait réalisé en mode traditionnel public. Pour couvrir la différence, la communauté a dû accroître sa participation caritative, prévue initialement à 100 millions de dollars, à plus de 230 millions. Pour reprendre les mots chroniqueur André Picard du Globe and Mail, « les contribuables se sont fait avoir ».

Le Centre de santé Diamond de l’Hôpital général de Vancouver, Colombie-Britannique

Des chercheurs ont démontré que le PPP du Centre de santé Diamond a coûté plus du double qu’un projet réalisé par l’État. En 2009, des juricomptables ont calculé que ce centre aurait pu coûter 89 millions de dollars en tout (durée de vie totale, incluant la maintenance) en mode public. Le gouvernement britanno-colombien a dépensé 203 millions de dollars sur cet hôpital en PPP, soit 114 millions de dollars de plus.