Craig Saunders Service des communications du SCFP

Keep Hydro PublicPar une belle journée de mai, des centaines de membres des sections locales ontariennes du SCFP ont manifesté sur l’avenue University à Toronto. En tête de la marche, les dirigeants du SCFP-Ontario et du SCFP national portaient une banderole où on pouvait lire « Gardons l’électricité publique ».

Le gouvernement libéral provincial prépare depuis quelques mois la privatisation la plus fortement critiquée de toute l’histoire de l’Ontario.

Hydro One est la société d’État qui possède le réseau électrique ontarien, soit les lignes de transmission à haute tension et la grande majorité des réseaux locaux de distribution. Or, les libéraux n’ont jamais parlé de privatiser le réseau électrique pendant la campagne électorale. Une fois majori­taires, ils sont pourtant allés de l’avant sans tarder. Ils ont embauché Ed Clark, un ex-banquier qui parle de « recyclage d’actifs », de « libération de la valeur »et d’ « élargissement de l’actionnariat ». Clark présente la vente d’Hydro One comme une solution au financement des infrastructures.

« Nous venons dire au gouvernement libéral que l’Ontario s’oppose à cette vente. Hydro One est à nous tous et le gouvernement n’a pas le droit de la vendre », a lancé le président du SCFP-Ontario, Fred Hahn, aux manifestants enthousiastes.

Bénéficiant de l’aide financière du SCFP national, le SCFP-Ontario joue un rôle majeur dans le mouvement d’opposition à cette vente. Depuis l’annonce, notre syndicat multiplie les pressions politiques, souvent en collaboration avec des partenaires de la coalition Keep Hydro Public. Selon les sondages, trois Ontariens sur quatre sont contre la privatisation d’Hydro One. Juste avant les assemblées publiques tenues à Oshawa et à Sudbury, le pourcentage d’opposition a atteint respec­tivement 84 et 89 pour cent. Le SCFP-Ontario organisera d’autres assemblées publi­ques en juin et en juillet pour accroître la pression.

Pourquoi la population s’oppose-t-elle à la vente?

La plupart des Ontariens craignent une hausse des tarifs d’électricité. C’est d’ailleurs ce qui s’est passé partout où on a privatisé l’électricité. Pour d’autres, le piètre bilan des libéraux en matière de privatisation et de PPP n’augure rien de bon. Après une succession de scandales, la vérificatrice générale a d’ailleurs déposé en décembre un rapport accablant qui conclut que les PPP ont coûté huit milliards de dollars de plus aux contribuables.

Et ça ne s’arrête pas là

Pour légaliser cette vente, les libéraux ont dû réécrire les lois qu’ils avaient eux-mêmes adoptées, il y a dix ans, pour mettre Hydro One à l’abri de la privatisation. Selon un avis juridique du cabinet Sack Goldblatt Mitchell, les amendements à la loi soustraient Hydro One à toute surveillance publique. Cet avis a reçu l’appui des chiens de garde officiels de l’Ontario, soit l’ombudsman provincial, la vérificatrice générale et le commissaire à l’intégrité. Même si les libéraux ont l’intention de conserver 40 pour cent des actions dans l’entreprise, la majo­rité des sièges au conseil d’administration seront confiés au privé. Autrement dit, la population n’aura plus le contrôle et elle ne pourra plus exiger des comptes.

Cette vente est illogique d’un point de vue financier. Dans son rapport, l’ex-économiste en chef de la Banque TD et ex-secrétaire d’État aux Finances, Douglas Peters, affirme que le gouvernement se privera de plus de 338 millions de dollars par année en revenus. Les taux d’em­prunt des gouvernements étant à leur plus bas, la vente de cet actif coûtera plus cher que si on emprun­tait simplement l’argent pour financer nos infrastructures.

En plus d’étudier les recours juridiques possibles, le SCFP poursuivra ses efforts de mobilisation afin de stopper cette vente, comme nous l’avions fait en 2002.