Tara Paterson | Employée du SCFP
« Je ne veux certainement pas donner l’impression que le sexisme et le racisme n’existent pas au SCFP et dans plusieurs de nos sections locales. Mais nous avons un mandat très fort pour lutter encore plus vigoureusement qu’auparavant sur ces questions d’égalité interreliées, qu’il s’agisse de sexisme, racisme ou discrimination à l’égard des lesbiennes et des gais, ou des personnes handicapées… Notre plus grand défi à l’heure actuelle est de faire preuve de suffisamment de vigilance pour que les questions d’égalité ne soient pas reléguées à l’arrière-plan. »
La présidente nationale de l’époque, Judy Darcy, a écrit ces mots dans un livre publié en 1993 intitulé Women Challenging Unions. Elle y célébrait les efforts des militant(e)s du SCFP et tous leurs accomplissements pour les droits de la personne au cours des 30 premières années du syndicat, tout en avertissant les membres de ne pas baisser la garde.
Aujourd’hui, 30 ans plus tard, Briser les barrières : la chronologie du SCFP sur les droits de la personne témoigne de la portée des conseils de Judy Darcy. Le SCFP a continué de militer en faveur des droits de la personne, même si des problèmes subsistent, comme elle l’admettait à l’époque. Alors que nous célébrons les 60 ans de notre syndicat, remémorons-nous quelques moments marquants pour nous rappeler qu’il faut continuer à nous battre.
Solidarité entre consœurs en 67 et 71
En 1967, Le Journal publié par le SCFP, fustige le gouvernement fédéral pour des congés de maternité inadéquats. La même année, le SCFP 101 à London, en Ontario, réussit à mettre un terme aux conventions collectives distinctes pour les hommes et les femmes.
« Les femmes occupent des emplois qui rentrent en général dans un petit nombre de catégories, auxquelles on donne le nom de « métiers féminins », gagnent moins d’argent que les hommes et occupent rarement des postes de direction », affirme le rapport de la Commission royale sur la situation de la femme au Canada, en 1970.
Quatre ans plus tard, le Congrès national de 1971 approuve un vaste programme pour améliorer l’égalité des genres par le biais d’un comité national des femmes, d’une formation spéciale et d’un plan qui porte sur la discrimination, les régimes de retraite, les services éducatifs à la petite enfance, le travail à temps partiel, le congé de maternité, la protection des emplois des femmes mariées, le classement-moquette et la participation des femmes à la vie syndicale. À l’époque, 45 000 des 140 000 membres du SCFP sont des femmes, parmi lesquelles certaines obtiennent le droit de porter des pantalons au travail.
La lutte pour la réconciliation dans les années 70 et 80
Pendant ce temps, les membres autochtones se battent pour les droits de la personne, en particulier dans le contexte de la renégociation prochaine de la Constitution canadienne. En 1975, le SCFP publie un rapport de Wally Firth, premier député métis du Nord canadien, sur la mauvaise qualité de vie des peuples autochtones. Plus tard, le SCFP accueille la délégation autochtone du Constitution Express à Ottawa et réclame l’inclusion des droits des Autochtones et des femmes à la Charte canadienne des droits et libertés.
« Notre syndicat craint que les droits déjà limités qu’on accorde aux peuples autochtones du Canada ne soient encore plus menacés si on ne modifie pas la constitution pour les y enchâsser dès maintenant », déclare la présidente nationale du SCFP, Grace Hartman, en 1981.
Sur la scène internationale en 85
En 1985, les sections locales font pression pour qu’on cesse d’investir l’argent des caisses de retraite en Afrique du Sud, qui était sous le régime de l’apartheid, et pour que nos hôpitaux, maisons de retraite, écoles, universités et municipalités boycottent les produits sud-africains. Plus tard, les membres utilisent cet élan pour défier le blocus de Cuba par les États-Unis et participer à une caravane de marchandises qui traverse la frontière américaine à destination de Cuba.
Soutenir les droits des personnes 2ELGBTQI+ dans les années 80 et après
En 1987, le SCFP s’oppose jusqu’à la Cour suprême de l’Ontario au refus d’accorder des avantages sociaux aux conjoint(e)s de même sexe. La Cour se prononce contre le SCFP, mais, cinq ans plus tard, en 1992, le syndicat et deux personnes salariées contestent la constitutionnalité de la définition de « conjoint » utilisée dans la Loi fédérale de l’impôt sur le revenu qui se limite à une personne du sexe opposé.
« En somme, ce que le gouvernement dit aux homosexuels, c’est que l’égalité peut exister sur papier, mais non pas en pratique », dit Mary Cook, première vice-présidente du SCFP 1996 représentant les membres de la Bibliothèque publique de Toronto, qui s’est battue au nom de Karen Andrews, membre du syndicat.
Nous avons finalement gain de cause et établissons un précédent majeur pour l’égalité en matière de prestations de retraite et d’autres avantages sociaux.
Résister au racisme dans les années 90
Les membres autochtones, noir(e)s et racisé(e)s se battent avec ardeur pour se tailler une place dans le syndicat. En 1991, le SCFP nomme son tout premier coordonnateur antiracisme, Harminder Singh Magon, et met sur pied un programme de formation en leadership sur l’équité en matière d’emploi qui s’adresse aux membres autochtones, noir(e)s et racisé(e)s (on disait alors « autochtones et minorités visibles »).
Quatre ans plus tard, le SCFP organise sa première conférence nationale de lutte contre le racisme, principalement en réponse au rejet, par le Congrès national, d’une modification aux statuts visant à ajouter au Conseil exécutif national un siège représentant les « minorités visibles » (maintenant les membres noir(e)s et racisé(e)s) et un autre représentant les membres autochtones. Pas moins de 275 membres participent à la conférence de lutte contre le racisme et réclament une formation sur le racisme ainsi qu’un plan complet d’équité en matière d’emploi pour l’ensemble du SCFP. En 1999, le congrès adopte la résolution et ajoute deux vice-présidences à la diversité qui représenteront les membres autochtones et les membres noir(e)s et racisé(e)s.
Amener les droits des personnes trans à la table en 2001
En 2001, le SCFP 4400 et la militante trans Martine Stonehouse jouent un rôle déterminant dans la décision du Conseil scolaire de Toronto de devenir le premier conseil scolaire public au pays à ajouter à sa politique des droits de la personne l’identité de genre à la liste des droits protégés des élèves et du personnel. La même année, le SCFP 3903 à l’Université York négocie un congé de transition payé d’une durée maximale de huit semaines pour ses membres trans.
S’attaquer au sexisme de 2005 à 2007
En 2005, il n’y a que trois femmes sur les 23 membres du Conseil exécutif national du SCFP. En réponse, le Congrès national crée un Groupe de travail national sur la participation des femmes pour consulter les membres et surtout les femmes, et recueillir les conseils de militant(e)s et du personnel sur les besoins des femmes en matière d’égalité. Ce Groupe de travail formule diverses recommandations, dont : organiser une Conférence nationale des femmes sur les négociations, élaborer un programme législatif féministe, créer un code de conduite, embaucher des personnes conseillères à l’égalité à plein temps dans chaque région, améliorer la formation sur l’égalité, établir un programme de mentorat pour les dirigeantes et doter le syndicat de politiques concernant les soins aux personnes à charge.
« Le fait de savoir que plusieurs ont les mêmes préoccupations nous a donné la force et le pouvoir d’éliminer les barrières qui se dressent devant nous. Unies, nous pouvons attaquer les problèmes les plus difficiles », déclare Barb Moore, coprésidente du Groupe de travail national sur la participation des femmes, après la présentation du rapport en 2007.
Promouvoir l’accessibilité en 2012
En 2012, le SCFP lance une vaste campagne pour les droits des personnes en situation de handicap, Solidaires et capables, en collaboration avec le Groupe de travail national des personnes en situation de handicap. Des fiches d’informations, des affiches et un dépliant intitulé À pleines capacités sont envoyés aux membres partout au pays. Au même moment, le Service de l’éducation syndicale du SCFP lance un atelier d’une semaine sur l’obligation d’adaptation pour aider les personnes conseillères et déléguées syndicales de tout le pays à lutter contre le capacitisme au travail.