Bien que le nombre total d’emplois au Canada soit revenu au niveau d’avant-pandémie, des changements se sont produits sous la surface. Pour avoir une meilleure idée de la situation, décortiquons les chiffres.
L’emploi à temps plein chez les 25-54 ans est revenu à ce qu’il était avant la pandémie, autant pour les hommes que pour les femmes. L’emploi global est toujours inférieur à ce qu’il était avant la pandémie chez les moins de 25 ans et les femmes de plus de 55 ans. Enfin, l’emploi est à la traîne chez les personnes des grands centres urbains sans diplôme universitaire.
Le nombre de travailleuses et travailleurs autonomes a diminué pour atteindre son plus bas niveau depuis 2007. La plupart des postes perdus ont affecté les travailleurs et les travailleuses autonomes les plus précaires, soit les personnes qui ne se sont pas constituées en société et qui n’ont pas de personnel rémunéré. Dans certains secteurs, comme les services professionnels et scientifiques, on constate une augmentation du nombre de postes permanents beaucoup plus importante que les pertes en travail autonome, ce qui révèle une évolution vers une meilleure sécurité d’emploi. D’autres secteurs, comme la construction et l’agriculture, n’ont pas connu d’augmentation de l’emploi stable pour compenser les pertes de travail autonome.
Dans certains secteurs, le niveau global de l’emploi cache de grands changements. Par exemple, dans les transports et l’entreposage, l’emploi chez les coursières, coursiers, messagères et messagers est en hausse de 25 % par rapport à février 2020, mais, dans le transport aérien, il a chuté de 38 %. Dans le commerce de détail, l’emploi chez les détaillants hors magasin est en hausse de 16 % et de 8 % dans les grandes surfaces, mais en baisse à peu près équivalente dans les librairies, les disquaires et les magasins de vêtements et d’articles de sport. Il semble que le passage à l’achat en ligne et en grande surface constaté pendant la pandémie pourrait perdurer.
Le nombre de postes vacants est plus élevé dans quelques secteurs, notamment dans les services de restauration et d’hébergement, ainsi qu’en santé, en particulier pour les infirmières et les aides-soignant(e)s. Les économistes s’attendraient normalement à des augmentations salariales pour attirer des gens dans ces postes, mais, dans plusieurs cas, le salaire n’a même pas suivi l’inflation. Par exemple, dans la restauration, le salaire de la main-d’œuvre et des cadres est pratiquement inchangé par rapport à 2019. Pour les infirmières et aides-soignant(e)s, le salaire moyen a augmenté de 6 %, soit légèrement plus que le taux d’inflation, qui a grimpé de 4,9 % au cours de cette période.
On parle beaucoup de « la grande démission » sur le marché du travail américain, où les gens quittent volontairement leur emploi sans en avoir un nouveau. Selon les données disponibles, rien n’annonce le même phénomène au Canada. En fait, la proportion de 25-54 ans qui travaillent ou qui cherchent du travail est à un niveau record.