Deux nouveaux rapports cruciaux, dont l’un de la respectée vérificatrice générale de l’Ontario Bonnie Lysyk, font ressortir l’urgence, pour la solliciteure générale de la province, d’agir pour stopper tout de suite la fermeture controversée de l’Unité de médecine légale de Hamilton.
Depuis l’été 2019, moment où on a fait cette annonce, de nombreux intervenants de la communauté de Hamilton–Niagara (dont la police, les procureurs de la Couronne et le personnel médical) s’opposent à cette fermeture et au transfert des autopsies à Toronto.
L’unité hospitalière de Hamilton a effectué 1386 autopsies en 2018-2019. Il s’agit du deuxième service de médecine légale le plus achalandé de la province. Si l’unité de Hamilton devait fermer comme prévu en juin 2020, ces autopsies seraient effectuées à l’unité de Toronto. Or, dans un rapport récent, la vérificatrice générale souligne que les procédures d’entreposage des corps de celle-ci sont inadéquates, ce qui a entraîné des erreurs dans leur libération.
Les raisons de cette fermeture font l’objet d’allégations troublantes. « Maintenant que la vérificatrice de l’Ontario a ajouté son grain de sel, la solliciteure générale n’a plus d’autre choix que de stopper la fermeture de l’unité, ne serait-ce que pour calmer les esprits », estime Dave Muphy, président du SCFP 7800, le syndicat des quelque 4 000 employés de l’hôpital Hamilton Health Sciences (HHS).
À la suite d’un dénombrement des corps à l’unité de Toronto en mai 2019, le bureau de la vérificatrice a constaté « 10 erreurs liées à leur emplacement. À deux reprises, des corps ont été entreposés dans la mauvaise chambre froide et, à huit reprises, des corps se trouvaient sur le mauvais plateau ou la mauvaise civière. » La vérificatrice ajoute que ces erreurs accroissent le risque qu’un corps soit libéré par erreur pour un enterrement ou une incinération.
Mme Lysyk conclut que « le risque posé par l’absence de contrôles concernant l’entreposage des corps s’accroît avec la charge de travail accrue de l’Unité de médecine légale de Toronto qui, en juillet 2020, traitera 1 300 cas de plus par année à la suite de la fermeture de l’unité de Hamilton ».
À l’origine, le bureau du coroner en chef avait déclaré que la fermeture de l’unité de Hamilton–Niagara permettrait d’économiser 3 millions de dollars par année. Ce montant a été revu à la baisse. « Il ne sera plus que de 750 000 $ deux ans après le déclassement du site de Hamilton », précise le président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario du SCFP, Michael Hurley (CSHO-SCFP). « Sachant que l’opposition à cette fermeture est considérable, que la fermeture permettra finalement d’économiser très peu d’argent et qu’elle pourrait entraîner un risque accru d’erreurs à l’unité de Toronto, ce projet n’est dans l’intérêt de personne. Le gouvernement doit intervenir pour y mettre fin. »