Rendez-vous médicaux manqués, prothèses auditives non disponibles, services interrompus : les personnes sourdes, sourdes-aveugles et malentendantes de l’Ontario font les frais d’une grève aux Services canadiens de l’ouïe (SCO) qui dure depuis maintenant sept semaines. Aujourd’hui, deux grands groupes de défense des personnes sourdes et malentendantes attirent l’attention sur les conséquences néfastes qu’engendre cette situation pour leurs communautés déjà marginalisées.
Dans une lettre ouverte qui a été enregistrée en langue des signes américaine (ASL) par Vanessa Floros, trésorière de l’Ontario Association of the Deaf (OAD), et qui a été visionnée plus de 2 000 fois en ligne, l’OAD dit clairement avoir communiqué avec la direction des SCO au sujet des perturbations profondes et douloureuses que subissent les personnes sourdes, mais ces communications sont restées sans réponse.
Le silence des SCO est navrant. On a vu les témoignages, les préoccupations, les plaintes et la colère affluer. En tant que citoyennes et citoyens sourds, on a été plusieurs à réagir et à tenter d’être utiles, mais on souffre nous aussi de la perte de nos thérapeutes, de nos interprètes, de notre système de soutien et de notre indépendance. On ne blâme pas les grévistes […] Après avoir consulté la communauté sourde, il faut comprendre une chose : cette grève est désormais une question de droits de la personne.
La lettre ouverte se termine par un vibrant plaidoyer : « Devant le silence des SCO, nous, la communauté sourde, les personnes qui ont le plus besoin de vous, pleurons le déclin d’une organisation qui nous apportait autrefois joie, espoir et indépendance. Nous rejetons la faute uniquement sur ceux et celles qui ont refusé de communiquer, refusé de nous laisser aider et refusé de laisser notre communauté s’épanouir. »
Pour sa part, la lettre de l’Association des malentendants canadiens, adressée directement à Agrément Canada et aux ministres responsables du financement de l’organisme, fait écho à ces préoccupations : « Il est affligeant d’assister à la détérioration de l’accès aux programmes essentiels et aux mécanismes de soutien visant à aider une communauté déjà confrontée à des obstacles systémiques. »
Les deux équipes de négociation se sont rencontrées pour la dernière fois le 21 mai, date à laquelle la direction des SCO a refusé de présenter une offre, d’examiner les propositions des membres et de convenir de nouvelles dates de négociation. Au lieu de cela, elle a insisté pour que quatre demandes déraisonnables soient satisfaites, y compris un embargo médiatique, avant que les négociations puissent reprendre. Depuis, les SCO ignorent les demandes répétées de reprise des négociations.
« Ce soutien est tellement important pour les travailleuses et travailleurs. On souhaite désespérément retourner à la table de négociation pour obtenir un bon accord afin de pouvoir recommencer à aider les personnes sourdes, sourdes-aveugles et malentendantes à mener une vie joyeuse », déclare Mara Waern, présidente du SCFP 2073 et consultante auprès des employé(e)s, qui cumule plus de 30 ans d’expérience aux SCO. « Pour y arriver, tout ce qu’il faut, c’est un partenaire qui fait preuve de bonne volonté. Les SCO ont mis en place ces obstacles. Ils sont les seuls à pouvoir les lever. Nous sommes reconnaissants d’avoir à nos côtés des leaders des communautés sourdes et malentendantes. »