Karin Jordan | Communications SCFP
Devant l’augmentation des coûts et la diminution de la qualité des services privatisés, les municipalités du Canada et d’ailleurs dans le monde reprennent de plus en plus le contrôle de leurs services publics.
Cette tendance croissante est illustrée dans un nouveau rapport de l’Institut Columbia intitulé Ramener les services à l’interne : pourquoi les gouvernements municipaux mettent fin à la sous-traitance et à la privatisation. Ce rapport examine des données canadiennes et internationales et fait état des raisons pour lesquelles les municipalités rapatrient leurs services à l’interne. Il réexamine aussi des rapports pro-privatisation produits il y a deux décennies et constate que de nombreux services censés être des candidats parfaits à la privatisation sont maintenant revenus à l’interne.
Ramener les services à l’interne raconte l’histoire de 15 municipalités canadiennes qui ont mis fin à la privatisation. Dans de nombreux cas, les services sont maintenant fournis à l’interne par des membres du SCFP. Les municipalités ont d’abord ramené le travail à l’interne pour économiser, mais on évoque aussi des problèmes avec les entrepreneurs, la mauvaise qualité des services et le manque de flexibilité.
Parfois, les administrations locales constataient qu’elles pouvaient faire le travail parce que la capacité à l’interne avait augmenté. Beaucoup de municipalités ont profité de la fin d’un contrat pour mettre fin à la privatisation.
Le rapatriement à l’interne a été l’un des principaux thèmes de la réunion du secteur municipal à la dernière Conférence du Conseil national des secteurs du SCFP. Lors de cette réunion sectorielle, les membres ont raconté leurs réussites et leurs échecs. La présidente de la section locale 3034 du SCFP, Terri-Lynn Cooper, a décrit la longue campagne de 20 ans menée par sa section locale pour ramener à l’interne les services de collecte des déchets à Conception Bay South, à Terre-Neuve-et-Labrador.
La section locale a bâti son dossier au fil du temps, recueillant les plaintes et documentant les occasions où les employés municipaux ont dû nettoyer les dégâts causés par l’entrepreneur privé. La première étape a été le retour à l’interne de la collecte à domicile des déchets volumineux.
Ce pied dans la porte a permis aux membres de la section locale de montrer qu’ils offraient un service de qualité supérieure. Les dirigeants de la section locale ont dû gagner l’appui des membres, dont celui des mécaniciens qui étaient d’abord réticents à assurer l’entretien de camions « sales ».
L’augmentation du nombre de plaintes et la hausse des coûts de l’entrepreneur ont favorisé la cause de la section locale. Elle a préparé une proposition chiffrée prévoyant l’achat d’une flotte de camions par la municipalité et la prestation publique des services. En 2011, le conseil a voté en faveur du retour à l’interne des services de collecte des déchets solides pour une période d’essai de cinq ans. Cette période est maintenant écoulée et la municipalité a décidé de garder les services à l’interne.
Terri-Lynn Cooper soutient que les économies réalisées depuis le retour à l’interne des services avoisinent le million de dollars. Depuis, les travailleurs ont amélioré leurs salaires et leurs avantages sociaux, en plus de bénéficier de meilleures protections au chapitre de la santé et de la sécurité. « Tout le monde y gagne », selon la présidente de la section locale.
Le SCFP a financé la réalisation du rapport Ramener les services à l’interne pour aider ses membres et les gestionnaires municipaux à promouvoir et à protéger les services publics. Lisez le rapport et commandez-en des exemplaires à scfp.ca/commander/ramener-les-services-linterne.