Une fois de plus, l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) surévalue la rémunération des employés municipaux du Québec. C’est ce que souligne le Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) au terme d’une première analyse du rapport « Rémunération des salariés, état et évolution comparés 2017 », rendu public la semaine dernière.
Selon le SCFP, l’ISQ surestime d’environ 18 points de pourcentage l’avantage de rémunération globale du secteur municipal sur l’administration publique québécoise. Cet avantage devrait être d’environ 21,6 % et non de 39,7 %.
Strictement du point de vue des salaires, l’ISQ surestime de 4,93 points de pourcentage l’avantage du secteur municipal sur l’administration publique québécoise. Selon la vérification du SCFP basée sur l’Étude sur la rémunération globale (ERG), cet avantage est de 20,37 % au lieu de 25,3 %.
Le SCFP relève une autre erreur dans le coût des régimes de retraite. Pour le régime de retraite du secteur public québécois, le RREGOP, l’ISQ utilise une estimation du coût pour le service courant. Du côté des régimes de retraite du secteur municipal, il additionne le coût du service courant aux cotisations d’équilibre relatives à un déficit actuariel. Une comparaison juste devrait utiliser le coût pour le service courant seulement, auquel cas le coût dans le secteur municipal devrait correspondre à 8,59 % du salaire et non à 17,6 %. Cela représente une surestimation de 9,01 points de pourcentage.
Les estimations révisées du SCFP sont notamment basées sur sa propre étude de 2016 utilisant une collecte réelle de données plutôt que des sondages méthodologiquement douteux. Cette étude est disponible à ici.
« La rémunération globale moyenne du secteur municipal est pratiquement la même qu’au fédéral, dans les entreprises publiques et dans le privé syndiqué. Nous jugeons crucial de remettre les pendules à l’heure pour prévenir la diffusion d’autres faussetés sur les employés municipaux. Il ne faut surtout pas perdre de vue le véritable problème, soit la trop faible rémunération dans le secteur public québécois, qui cause de graves problèmes de recrutement dans les services publics », a expliqué Denis Bolduc, président du SCFP-Québec.
« La méthode utilisée par l’ISQ est erronée. L’étude que nous avons menée l’année dernière reflétait les véritables données recueillies à partir des conventions collectives négociées. Au cours des 18 derniers mois, nous avons porté à l’attention des représentants de l’ISQ ce qui posait problème, mais il reproduit les mêmes erreurs. L’évaluation du coût des salaires, des avantages sociaux et des régimes de retraite est gonflée. Le rapport d’aujourd’hui n’est tout simplement pas fiable », a souligné Marc Ranger, directeur québécois du SCFP.