Des documents compilés par le SCFP montrent que le gouvernement provincial sous-traite du travail à des entreprises privées de « solutions de dotation en personnel » dans le secteur de la santé. Celui-ci a dépensé plus de 730 000 dollars en infirmiers et infirmières auxiliaires autorisées (IAA) dans une seule région de la province.
« C’est la pire approche possible pour affronter la crise de dotation en personnel dans la santé », estime Bashir Jalloh, président du SCFP 5430. « Ce problème, c’est le gouvernement qui en est responsable, et ce n’est qu’un exemple de la sous-traitance de personnel de la santé qui se généralise à travers la province. L’embauche d’entrepreneurs privés est non seulement coûteuse, mais c’est aussi une solution de fortune temporaire qui ne fait rien pour résoudre les problématiques à la source de la pénurie de personnel dans la santé. »
M. Jalloh ajoute que l’embauche de personnel privé hors de la province détériore le moral des travailleuses et des travailleurs qui sont moins bien rémunérés que ces gens du privé qui font le même travail qu’eux. Par exemple, en Saskatchewan, le sommet de l’échelle salariale pour une préposée ou un préposé en soins continus (PSC) est de 24,84 dollars l’heure. Mais une offre d’emploi pour une ou un PSC itinérant publiée par Gratitude Canada, une entreprise qui fournit des « solutions de dotation » en Saskatchewan, propose une échelle salariale de 28 à 32 dollars l’heure plus les déplacements, l’hébergement et les repas. Outre les PSC et les IAA, le système a aussi recours au privé pour trouver des technicien(nes), technologues médicaux, ainsi que des spécialistes de l’information sur la santé dans toute la province.
« Imaginez, avance Bashir Jalloh : vous travaillez comme PSC à la Régie de la santé de la Saskatchewan depuis cinq ans. Soudain, vous travaillez côte à côte avec quelqu’un d’une entreprise privée qui fait le même travail que vous, mais qui est payé plus à l’heure, logement, repas et dépenses payés. C’est parfaitement injuste que le gouvernement ait l’argent pour payer ça, mais pas pour le personnel permanent. »
M. Jalloh exhorte le gouvernement à trouver de vraies solutions pour attirer du personnel permanent à long terme. Il propose de rendre les programmes d’études en soins de santé plus accessibles en région rurale, d’offrir un supplément dans les régions où le recrutement est difficile, et d’accorder une allocation aux employé(es) de la régie qui sont prêts à déménager dans une autre région.
« Il faut attirer des gens qui ont envie de s’enraciner en Saskatchewan, d’y faire leur vie, précise-t-il. Mais, au lieu de travailler sur des solutions permanentes, le gouvernement gaspille de l’argent et des ressources en sous-traitant des entreprises privées. S’il peut se permettre de payer des entrepreneurs privés, il peut se permettre d’investir dans la main-d’œuvre saskatchewanaise. »
Bashir Jalloh réclame aussi plus d’informations de la part du gouvernement sur les postes sous-traités et le coût total de la sous-traitance du personnel dans la province.
« On ne connaît tout simplement pas le nombre d’emplois sous-traités et le montant de la facture. Le gouvernement doit être plus transparent et rendre compte exhaustivement des recours aux entrepreneurs privés. Il doit aussi présenter un plan pour cesser de compter sur le privé. Le gouvernement fédéral a déjà récupéré une partie du financement qu’il accorde à la province pour la santé en raison des programmes de privatisation de la Saskatchewan. Il pourrait recommencer si on continue à recourir à des agences privées. On ne peut plus retirer de l’argent à un système en crise. »