Le plan de privatisation des services hospitaliers du gouvernement Ford a engendré des délais d’attente interminables, un accès inégal aux soins favorisant les mieux nantis et une opinion publique négative, peut-on lire dans le nouveau rapport du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP).
En 2020, le gouvernement Ford a augmenté le financement des cliniques privées pour effectuer des chirurgies de la cataracte, avant d’adopter une loi visant à faciliter le transfert des tests diagnostiques et des chirurgies des hôpitaux publics vers des cliniques privées à but lucratif, en 2023.
Le gouvernement avait fait valoir l’idée que les cliniques privées aideraient à réduire les temps d’attente. Cependant, de nouvelles données provenant de l’Institut canadien d’information sur la santé montrent qu’en 2024, 66 % des chirurgies de la cataracte ont pu être faites à temps, comparativement à 72 % des opérations en 2020.
Pourtant, dans le budget du mois dernier, le gouvernement a alloué 280 millions de dollars aux cliniques privées pour effectuer des chirurgies orthopédiques et d’autres interventions.
Le syndicat a aussi commandé une enquête afin d’interroger les Ontarien(ne)s au sujet de la privatisation. Le sondage Nanos a été mené entre le 27 mai et le 1er juin auprès de 1 017 Ontarien(ne)s âgé(e)s de plus de 18 ans.
Selon l’enquête, 73 % des Ontarien(ne)s pensent que le gouvernement devrait prioriser le financement des hôpitaux publics plutôt que des cliniques privées, et 84 % estiment que les hôpitaux manquent d’effectifs.
« Ce sondage montre une opposition majeure aux intentions du gouvernement visant à privatiser les interventions chirurgicales en milieu hospitalier », déclare Michael Hurley, président du CSHO-SCFP, qui représente 50 000 employé(e)s des hôpitaux et des centres de soins de longue durée. « La population reconnaît que les cliniques et agences privées à but lucratif coûtent plus cher et donnent de moins bons résultats, en plus d’alourdir la structure administrative. La grande majorité souhaite que nos ressources soient allouées aux soins de santé publique. »
Le président du syndicat déplore l’accès inégal aux soins dans les cliniques privées. Selon une étude publiée en 2024 dans le Journal de l’Association médicale canadienne, les interventions chirurgicales ont augmenté de 22 % dans les cliniques privées pour les Ontarien(ne)s les plus riches, alors qu’elles ont diminué pour le reste de la population. L’accès aux chirurgies de la cataracte pour les personnes les plus pauvres de l’Ontario a diminué de 9 %. D’après cette étude, les hôpitaux offrent un accès équitable aux soins.
Lors de la conférence de presse, le syndicat a présenté une représentation visuelle de cette inégalité à l’aide d’une carte de Sudbury à code de couleurs correspondant aux différents statuts socio-économiques. Le tout révèle qu’environ 130 000 personnes dans la région seraient désavantagées par la privatisation.
Selon le syndicat, une partie du problème d’accessibilité serait due aux frais supplémentaires prélevés par les cliniques privées à but lucratif.
La Coalition ontarienne de la santé a recensé des centaines de cas où des cliniques privées à but lucratif facturent illégalement aux patient(e)s des soins médicalement nécessaires et ajoutent des services que ces personnes se sentent contraintes de payer.
« Les gens n’ont pas les moyens de débourser des milliers de dollars pour des soins de santé », se désole Michael Hurley. La grande majorité des Ontarien(ne)s est contre cette privatisation coûteuse qui accentue les inégalités et réduit considérablement l’accès aux soins. »
En tout, 67 % des personnes interrogées dans le cadre du sondage Nanos ont déclaré qu’il était inacceptable que des cliniques privées facturent des services médicalement nécessaires.
Le syndicat a exprimé son inquiétude face à l’accélération de la privatisation, citant l’étude du JAMC. Celle-ci révèle que, depuis l’accroissement du financement public pour les chirurgies de la cataracte en Ontario, 22,5 % de ces interventions sont désormais effectuées dans des cliniques privées.
Résumé des résultats de l’enquête auprès des résident(e)s de l’Ontario :
- 67 % ont déclaré qu’il était inacceptable que des cliniques privées facturent des services médicalement nécessaires.
- 73 % pensent que le gouvernement doit prioriser le financement des soins de santé publics, pas des cliniques privées.
- 84 % estiment que le personnel dans les hôpitaux publics est insuffisant.
- 72 % sont d’accord avec les résultats du JAMC selon lesquels la privatisation aura un impact négatif sur l’accès aux soins pour les personnes les plus pauvres.