Pour les environnementalistes et les syndicalistes, il est nécessaire d’investir dans la formation et la création de bons emplois pour les travailleurs qui seront affectés par la transition vers une économie de moins en moins dépendante des combustibles fossiles. Par contre, les autres liens entre la crise climatique et le marché du travail génèrent moins d’attention. Dans les prochains numéros de L’Économie au travail, nous étudierons les répercussions sur les travailleurs sous divers angles. Le premier article de cette série porte sur l’impact des changements climatiques sur la santé et la sécurité des travailleurs.
Les changements climatiques entraînent des tempêtes et des inondations plus intenses, des canicules et des feux de forêt plus fréquents, ainsi qu’un risque accru de maladies transmises par les moustiques ou les tiques. Cela est préoccupant pour n’importe qui, mais, pour de nombreux travailleurs, il s’agit de risques nouveaux ou accrus pour leur santé et leur sécurité au travail.
De nombreux membres du SCFP travaillent dans les secteurs des services d’urgence et de sécurité, de la santé, des municipalités, des communications et des services sociaux. Au cours des 30 dernières années, les travailleurs de ces secteurs ont subi des compressions, des réductions d’effectifs, des fusions et des privatisations qui ont détérioré leurs conditions de travail. En plus de ces politiques d’austérité chroniques, voilà que les changements climatiques et leurs conséquences commencent à affecter leur façon de travailler. Les impacts sont bien réels, mais différent selon le lieu de résidence et les tâches des travailleurs.
Ainsi, l’emploi des travailleurs qui rebranchent les abonnés après une panne d’électricité ou qui organisent les opérations d’évacuation et de secours après une tempête devient plus exigeant et dangereux. La multiplication des canicules et des maladies respiratoires causées par les feux de forêt et le prolongement de la saison du pollen augmentent aussi la charge de travail des employés de la santé. De plus, ces facteurs, tout comme les maladies transmises par les insectes, affectent les personnes qui travaillent à l’extérieur.
Comment les travailleurs peuvent-ils gérer ces nouveaux risques? Les comités de santé et de sécurité peuvent contribuer à les réduire au minimum en recommandant des accommodements dans les milieux de travail. Des comités d’environnement peuvent aussi être mis sur pied pour faciliter ces accommodements et réduire notre empreinte carbone. Ces actions sont importantes, mais il faut en faire beaucoup plus.
Les gouvernements peuvent prendre des mesures simples et concrètes pour lutter contre les changements climatiques et améliorer la santé et la sécurité des travailleurs. La modernisation des édifices publics crée des emplois, réduit la consommation d’énergie et procure aux travailleurs des environnements de travail plus sains. Les municipalités doivent aussi investir davantage dans l’infrastructure pour faire face aux changements climatiques, notamment en restaurant des zones humides, en ajoutant des digues pour se protéger des inondations et en améliorant les infrastructures d’approvisionnement en eau. Il faut aussi rendre les déplacements vers le travail abordables, sécuritaires et moins stressants. Nos villes devraient pouvoir compter sur un système de transport en commun régulier, fiable et bon marché. Pour les déplacements en milieu rural et entre les municipalités, il faut miser davantage sur les solutions publiques comme la Saskatchewan Transportation Company, que le gouvernement de la Saskatchewan a fermé.
Les travailleurs sont grandement affectés par la crise climatique et ils doivent faire partie de la solution.