Dans le cadre de l’engagement du SCFP de tirer profit des expériences des personnes autochtones, noires et racisées, et de célébrer leurs réussites, nous vous présentons des membres du Conseil national des Autochtones et du Comité national pour la justice raciale. Le premier article de notre série de portraits présente Brandice Blanchard, la coprésidente du Conseil national des Autochtones.

Le visage de Brandice Blanchard s’illumine lorsqu’elle parle de la première fois que sa section locale a souligné la Journée nationale des peuples autochtones, le 21 juin. Et pour cause! Il y a plus de sept ans, le SCFP 4935, qui représente le personnel d’un centre de soins de longue durée, a été la première section locale à Terre-Neuve-et-Labrador à tenir une activité à cette occasion.

« J’étais à la fois enthousiaste et fière », explique Brandice. Nouvellement arrivée au sein du Conseil national des Autochtones du SCFP, en 2016, elle a eu l’idée d’organiser une activité à son travail, le centre de soins de longue durée Bay St. George, à Stephenville Crossing.

Les Aîné(e)s avaient invité tout le monde à une journée où les tambours et la nourriture étaient à l’honneur. Pour Brandice, c’était l’occasion de célébrer la culture autochtone et de la faire connaître, tant parmi les membres du SCFP que parmi les résident(e)s et leurs familles.

Brandice est préposée aux soins personnels depuis 16 ans, emploi qu’elle adore. « J’aime aider les gens et les soutenir; certaines personnes sont toutes seules, car elles n’ont pas de famille. Alors elles comptent sur nous », explique-t-elle.

Brandice est membre de la Première Nation mi’kmaq d’Indian Head et secrétaire de sa bande. Elle met au profit du syndicat ses idées et son expérience de multiples façons, notamment en tant que coprésidente du Conseil national des Autochtones du SCFP et en tant que vice-présidente de sa section locale. Elle est aussi vice-présidente du Conseil autochtone de la région Maritimes-Atlantique du SCFP (CAMAS) et a récemment été élue à la vice-présidence à la diversité du SCFP–Terre-Neuve-et-Labrador.

Rapprocher la communauté et le syndicat

Brandice avoue que ses débuts au SCFP ont été « difficiles », car ses droits d’ancienneté avaient beaucoup diminué après le changement de syndicat à son lieu de travail. « Mais j’ai tenu bon et j’ai commencé à assister aux réunions du SCFP », explique-t-elle en riant.

Quelques réunions plus tard, elle a été nommée secrétaire archiviste de la section locale, ce qui n’était pas dans ses plans. « On a soumis ma candidature, et je me suis dit que j’allais occuper le poste pendant deux ans. Finalement, je l’ai occupé pendant 10 ans. »

Sa participation s’est accrue au fil des années. Selon elle, le SCFP lui permet de rallier la vie dans sa communauté et son engagement au travail et au syndicat. « Je présente au syndicat les problèmes que connaît ma bande. » 

Ainsi, récemment, Brandice et des membres de sa communauté se disaient préoccupés par l’éventuelle expansion d’une écloserie de saumon qui pourrait nuire à l’approvisionnement en eau dans la région. Brandice a présenté une résolution au congrès de sa division en vue d’obtenir son engagement à appuyer l’évaluation environnementale complète de projets comme ceux d’écloseries. 

La décision du congrès a été remarquée – et appréciée – au sein de la communauté. « Je crois que mon implication tant au SCFP que dans ma communauté est vraiment bénéfique pour ma communauté », affirme Brandice.

Sensibiliser pour bâtir la solidarité

Il est essentiel de mener des campagnes de sensibilisation, comme L’eau, c’est la vie, parce que dans sa région, les gens oublient parfois l’importance de l’eau. « C’est l’économie, leur principale préoccupation. Mais à quoi bon s’inquiéter de l’économie si on n’a pas d’eau potable? L’eau est essentielle à la vie, l’eau c’est la vie », explique Brandice.  

La compréhension et la sensibilisation permettent de bâtir la solidarité et, selon Brandice, la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme constitue un important engagement pour amplifier le travail du syndicat. « La stratégie revêt une grande importance. Le SCFP contribuera à enrayer le racisme envers les personnes autochtones. » Brandice aide à la mise en œuvre de la Stratégie en appuyant la création d’un atelier sur la sécurisation culturelle des Autochtones destiné à l’ensemble des membres du SCFP.

Le Service de l’éducation syndicale et le Service des droits de la personne travaillent de concert à l’élaboration de l’atelier d’une journée, qui sensibilisera les membres au racisme dont sont victimes les membres autochtones ainsi qu’aux obstacles particuliers que doivent surmonter les travailleuses et travailleurs autochtones au Canada. Dans le cadre de l’atelier, on présentera des façons concrètes d’assurer des milieux de travail sécuritaires en vue de créer un environnement syndical et de travail plus sûr pour les membres autochtones du SCFP.

Brandice est très fière du CAMAS, qui depuis sa création en 2022, rassemble des membres du SCFP des quatre provinces de l’Est. « Ses membres proviennent de chacune des provinces, explique-t-elle. Je crois que cela nous rendra plus forts. »

Créer une tribune et y participer

Lorsqu’elle est entrée au Conseil national des Autochtones, Brandice a dû répondre aux questions de membres de sa section locale qui ne comprenaient pas son rôle. Selon elle, le fait de leur expliquer le travail du Conseil et de souligner la Journée nationale des peuples autochtones a permis de renforcer la solidarité.

Participer au Conseil national des Autochtones a été une expérience enrichissante. « Ma communauté est petite et composée essentiellement d’Autochtones. Je ne suis donc pas confrontée au racisme comme le sont beaucoup de nos membres vivant dans les grandes villes », explique-t-elle.

« Au début, j’avais l’impression que je n’avais rien à apporter au Conseil étant donné que j’avais connu peu de problèmes. Mais au fil des réunions, je me suis rendu compte qu’il y avait de réels problèmes, mais que je n’y étais pas sensibilisée. »

Selon Brandice, le Conseil illustre bien la portée du travail syndical, qui ne se limite pas aux griefs et aux conventions collectives. Il vise à changer la culture et les structures du syndicat, notamment en offrant aux travailleuses et travailleurs autochtones un espace où échanger et se donner les moyens d’agir. Pour elle, se réunir avec les membres du Conseil national autochtone constitue une expérience profonde. « Je suis émue lorsque je suis avec ces membres… un lien réel nous unit. »

Quel conseil donnerait-elle à une personne autochtone, noire ou racisée qui envisage de s’impliquer au sein du SCFP?

« Je leur conseillerais de sortir de leur zone de confort et de tenter l’expérience », dit-elle en s’inspirant de son propre cheminement. « On peut y aller graduellement, commencer par de petites étapes. Il n’est pas nécessaire d’y aller à fond de train. Au début, on peut être délégué(e) syndical(e) puis progresser lentement au sein du syndicat. Je les encouragerais à s’impliquer. »

Pour en savoir davantage sur la Stratégie du SCFP de lutte contre le racisme, notamment sur l’objectif 4 – Apprendre de l’expérience des membres noirs, autochtones et racisés et célébrer leurs réussites –, rendez-vous au scfp.ca/stratégie_contre_le_racisme. Voyez également les conseils pour mettre en œuvre la Stratégie dans votre section locale.