Fort de nouvelles données issues de demandes d’accès à l’information, d’analyses financières et statistiques ainsi que de recherches, un nouveau rapport sonne l’alarme quant à la privatisation par le gouvernement Ford des services de base des hôpitaux publics de l’Ontario, notamment les diagnostics et les interventions chirurgicales. Le rapport intitulé « At What Cost? Ontario hospital privatization and the threat to public healthcare », une publication du Centre canadien de politiques alternatives, expose les conséquences négatives du projet du gouvernement Ford pour les hôpitaux publics et les patient(e)s ontarien(ne)s. Le rapport fait des révélations surprenantes telles que la différence massive entre les dépenses gouvernementales déclarées pour les cliniques privées et la réalité.

« L’augmentation de la capacité chirurgicale et diagnostique dépend de la disponibilité d’un personnel qualifié, qui ne s’accroît pas comme par magie par l’ajout de profits », a déclaré Andrew Longhurst, économiste politique et auteur du rapport. « L’Ontario dispose de l’espace physique et de l’équipement nécessaires pour réduire les temps d’attente pour les opérations chirurgicales et l’imagerie médicale. Ce qui manque, c’est le personnel de santé et le financement nécessaire pour faire le travail ». M. Longhurst, recherchiste en politiques de santé à l’Université Simon Fraser, craint que l’Ontario ne soit sur le point de répéter les erreurs de l’Alberta, une province qui a vu les temps d’attente augmenter et le nombre total d’interventions chirurgicales diminuer lorsque les fonds publics et le personnel ont été détournés vers des centres appartenant à des investisseurs.

« Aujourd’hui, 1 290 patient(e)s sont sur des brancards dans les couloirs des hôpitaux en attente d’un lit. Il y a 170 000 patient(e)s qui attendent des interventions chirurgicales au-delà des recommandations médicales, dont 17 000 sont des enfants. Sur ces 170 000 patient(e)s, plus de 2 400 sont décédé(e)s l’année dernière en attendant d’être opéré(e)s et 9 000 sont mort(e)s sur les listes d’attente pour des IRM et des tomodensitogrammes. Cent-quarante-cinq services d’urgence sont fermés faute de personnel », a ajouté Michael Hurley, président du Conseil des syndicats des hôpitaux de l’Ontario (CSHO) du SCFP. « Les conservateurs de Doug Ford font la promotion des hôpitaux privés et des opérations chirurgicales privées, même s’il est bien documenté que les hôpitaux privés accusent des taux de mortalité plus élevés et des résultats plus mauvais que les hôpitaux publics et que les chirurgies privées sont beaucoup plus dispendieuses. Ce rapport explique pourquoi le gouvernement Ford doit mettre fin à sa campagne visant à récompenser ses riches ami(e)s investisseurs et faire son travail en finançant correctement nos hôpitaux publics.

« À Toronto et à la grandeur de l’Ontario, les salles d’opération des hôpitaux sont fermées après 16 h 00 et les fins de semaine », a souligné Natalie Mehra, directrice générale de l’Ontario Health Coalition (OHC). « Par exemple, à Toronto, le 1er avril, les hôpitaux Michael Garron et Sunnybrook se sont associés dans le cadre d’une initiative visant à élargir l’admission centrale pour les chirurgies de la hanche et du genou et à ouvrir des salles d’opération supplémentaires la fin de semaine afin d’effectuer 1 335 chirurgies de la hanche et du genou et de réduire les listes d’attente de Toronto et de la région de 24 % en un an. Le gouvernement Ford aurait pu, et aurait dû, opter d’augmenter la capacité publique de cette manière. Mais, il a préféré emprunter la voie beaucoup plus coûteuse, dangereuse et lente de l’expansion de la privatisation ».

L’Ontario a augmenté le financement global de la santé de 1,2 % cette année, soit moins que le taux d’inflation de 5,6 %. En termes d’économistes, il s’agit « d’une réduction en dollars réels ». Cependant, les possibilités sont infinies en ce qui concerne les cliniques et les hôpitaux privés. Le nouveau rapport révèle que le gouvernement Ford a augmenté de 45 % le financement des chirurgies à but lucratif et que les fonds publics alloués à l’hôpital Shouldice et à l’unité chirurgicale Don Valley, tous deux à but lucratif, ont augmenté respectivement de 19 % et de 278 % depuis l’élection des conservateurs de Ford.

Selon le rapport, les provinces qui comptent le plus de cliniques et d’hôpitaux à but lucratif (Colombie-Britannique, Québec, Alberta) affichent généralement de moins bons résultats en matière de temps d’attente que les provinces où la privatisation est inexistante ou minime.