Chaque été, le gouvernement fédéral demande au public de proposer des idées pour le prochain budget. Cette année, le gouvernement était à la recherche de suggestions pour relancer l’économie alors que nous faisons face à la pandémie de COVID-19. Dans son mémoire, le SCFP a suggéré aux parlementaires de profiter de l’occasion pour repenser notre économie.
Bien que le déficit fédéral sera considérable pour l’exercice financier en cours, cela ne justifie pas des mesures d’austérité. Emprunter est financièrement justifiable, surtout si l’on investit dans des infrastructures qui profiteront à notre économie pour de nombreuses années. Le taux des obligations du gouvernement fédéral de 30 ans est de 2 %, et celui des obligations de 10 ans est inférieur à 1 %. Les infrastructures publiques sont la base de l’activité économique et elles permettent aux travailleurs et aux entreprises d’être plus productifs. On pense souvent aux routes et aux ponts quand on pense aux infrastructures, mais celles-ci comprennent aussi les réseaux d’électricité, d’eau, de bibliothèques, de musées, d’écoles et d’hôpitaux.
La pandémie a révélé de graves lacunes dans nos infrastructures sociales, des lacunes dénoncées depuis des années par les travailleurs. La situation des services de garde et des soins aux aînés est particulièrement criante. Il est crucial de combler ces lacunes afin de prévenir la propagation de la COVID-19 et d’aider notre économie à se relever. En raison de leurs salaires bas et de leurs statuts d’emploi précaires, de nombreux travailleurs doivent occuper plusieurs emplois pour joindre les deux bouts. Le manque de personnel et les normes inadéquates font en sorte que les travailleurs n’ont pas les ressources nécessaires pour faire leur travail correctement, ce qui conduit souvent à l’épuisement professionnel et à des conséquences négatives sur la qualité des services offerts. Le gouvernement fédéral se doit d’agir pour établir des normes pancanadiennes et offrir un financement suffisant aux provinces afin de leur permettre de respecter ces normes.
Le SCFP soutient vigoureusement l’augmentation du financement pour les transports publics, le logement abordable et les infrastructures vertes. Ce sont des composantes essentielles d’une reprise économique saine. Malheureusement, le principal programme pour financer ces travaux sous le gouvernement actuel est la Banque de l’infrastructure du Canada (BIC). La BIC utilise des fonds publics pour attirer des investisseurs privés, ce qui n’est rien d’autre qu’une nouvelle variante du vieux modèle de partenariat public privé (PPP). Le SCFP exhorte le gouvernement fédéral à changer de cap et à transformer la BIC en une véritable banque d’infrastructures publiques qui offrira du financement à faible coût aux gouvernements provinciaux et municipaux.
Une économie dynamique repose sur un filet social solide, c’est pourquoi le gouvernement fédéral doit investir pour bonifier celui-ci. Depuis l’an 2000, les réductions d’impôts ont fait fondre les recettes fédérales de plus de 50 milliards de dollars par an, et les principaux bénéficiaires de ces réductions ont été les grandes entreprises et les Canadiens les plus riches. Le gouvernement fédéral pourrait récupérer ces pertes en procédant à une réforme fiscale équitable, incluant la création d’un impôt sur la fortune, la suppression des échappatoires et la lutte aux paradis fiscaux. Ces mesures généreraient des recettes plus que suffisantes pour financer des foyers publics de soins de longue durée, un régime d’assurance-médicaments et un système de garderies pancanadiens.
Enfin, les plans du gouvernement fédéral devront tenir compte des inégalités que la pandémie a mises au grand jour. Les femmes et les personnes racisées ont été particulièrement affectées par la COVID-19. Le gouvernement doit collaborer avec les groupes les plus durement touchés pour trouver des solutions.