Dans la foulée de l’élection de Donald Trump aux États-Unis, on n’a pas fini d’entendre parler de l’une de ses politiques économiques préférées : les tarifs douaniers. À la fin novembre, il a annoncé son intention d’imposer des droits de douane de 25 % sur toutes les importations canadiennes, ce qui aurait d’importantes répercussions sur notre économie.
Un tarif douanier est une taxe perçue par un gouvernement sur les produits importés. Si cette mesure peut notamment servir à protéger les industries nationales, elle est souvent utilisée comme levier dans les négociations commerciales. Lorsqu’une entreprise importe un produit, elle doit verser au gouvernement un tarif douanier, généralement sous forme d’un pourcentage du coût total du produit. Par exemple, si un pays applique des droits de douane de 25 % sur les céréales, une cargaison d’orge d’une valeur de 10 000 $ serait assujettie à une taxe de 2 500 $. Le coût total de l’importation grimperait ainsi à 12 500 $. Cette mesure touche directement les entreprises qui payeront plus cher les produits importés. Toutefois, comme cette hausse se reflètera dans les prix de vente, elle pénalisera aussi les consommatrices et consommateurs.
Ce type de taxe permet aux entreprises nationales de rester concurrentielles lorsque les produits importés sont moins chers en raison d’un avantage injuste ou dommageable. Par exemple, une entreprise étrangère pourrait diminuer ses prix de vente si elle bénéficie d’importantes subventions gouvernementales ou si elle est régie par des normes moins strictes en matière de conditions de travail et d’environnement. Des droits de douane judicieusement établis rendent la concurrence plus équitable : devant une hausse du coût des importations, un importateur pourrait décider de s’approvisionner à l’intérieur du pays.
Toutefois, en 2018, Trump a utilisé les tarifs douaniers pour avantager les États-Unis en prélevant une taxe élevée sur toutes les importations d’acier et d’aluminium, sans égard aux subventions gouvernementales ou aux normes de travail ou environnementales dans les pays exportateurs. L’acier a été assujetti à un tarif de 25 %, et l’aluminium, de 10 %. Trump affirmait que ces mesures étaient nécessaires pour protéger les emplois du secteur manufacturier au pays et réduire la dépendance aux métaux étrangers. Dans le secteur de l’acier et de l’aluminium, l’industrie canadienne et américaine sont étroitement liées. Ainsi, les droits de douane ont entraîné des perturbations des deux côtés de la frontière, notamment pour les fabricants américains important des produits canadiens. Le Canada est parvenu à négocier une exemption de ce tarif douanier grâce aux efforts coordonnés des gens d’affaires et des milieux politiques canadiens et américains.
Les secteurs ébranlés par les précédents tarifs douaniers de Trump, notamment les industries de l’automobile et de l’acier, se préparent à plaider en faveur d’une nouvelle exemption pour le Canada. Cette fois-ci, de nouveaux secteurs redoutent également les répercussions d’une taxe américaine de 25 % sur toutes les importations canadiennes. Rappelons que les exportations canadiennes vers les États-Unis totalisent environ 50 milliards de dollars chaque mois, dont près de 15 milliards dans le secteur de l’énergie.
La question est d’autant plus pressante à l’approche de la révision prévue en 2026 de l’Accord Canada-États-Unis-Mexique (l’accord commercial ayant remplacé l’ALÉNA). Trump menacera probablement de taxer les produits canadiens et mexicains pour obtenir des concessions — quant aux quotas laitiers ou au bois d’œuvre, par exemple — qui s’inscrivent dans son programme politique et économique plus large.