
Dans la dernière semaine, sous prétexte que cette mesure réduira les temps d’attente, le gouvernement Ford a annoncé une enveloppe de 270 millions de dollars pour les cliniques privées qui offrent des chirurgies et des tests de diagnostic.
« Si les cliniques privées améliorent l’accès aux soins pour les mieux nantis, il est de plus en plus prouvé qu’elles pénalisent la grande majorité de la population », déplore Michael Hurley, président du Conseil des syndicats d’hôpitaux de l’Ontario (CSHO-SCFP). « Ces cliniques appartiennent à des investisseurs qui cherchent d’abord à s’enrichir et, pour ce faire, ils adoptent des pratiques frauduleuses de surfacturation et de ventes incitatives au détriment de monsieur et madame Tout-le-Monde. »
Le président du CSHO-SCFP cite une étude qui a été publiée l’année dernière dans le Journal de l’Association médicale canadienne et qui démontre que 20 % des personnes les plus fortunées de l’Ontario ont bénéficié d’un accès accru aux chirurgies privées de la cataracte tandis que le reste des gens ont dû patienter; en fait, l’accès des plus démunis a même chuté de 9 %.
Alors que le gouvernement soutient que la privatisation réduit les temps d’attente, le syndicat estime que la situation des chirurgies de la cataracte prouve le contraire. Selon les données de l’Institut canadien d’information sur la santé, seulement 66 % des Ontariennes et des Ontariens ont reçu une chirurgie de la cataracte dans les délais convenus en 2024, comparativement à 72 % en 2019, avant la privatisation.
Michael Hurley nous met en garde : l’expansion des services de santé privés se fera indéniablement au détriment du système public, entraînant un exode du personnel soignant vers le secteur privé. D’après les contrats que la CBC a réussi à consulter en vertu de l’accès à l’information, les coûts des chirurgies seront deux fois plus élevés que ceux facturés par les hôpitaux publics. Il est à noter que le ministère de la Santé a refusé de divulguer les contrats qu’il a signés avec les propriétaires de cliniques privées.
Le CSHO-SCFP a récemment commandé un sondage à ce sujet. Il en est notamment ressorti que 73 % des gens veulent voir le gouvernement privilégier les investissements dans le système de santé public plutôt que dans les cliniques privées.