VICTORIA, C.-B. - Les Canadiens à l’étranger ont besoin d’une meilleure protection contre les violations des droits de la personne, a dit Mohamed Fahmy, journaliste et défenseur de la liberté de la presse en s’adressant aux délégués, jeudi.

Fahmy, conférencier invité sur la solidarité internationale cette année, travaillait en Égypte en 2013, lorsqu’il a été arrêté par suite de fausses accusations. Il a passé 438 jours en prison, partageant sa cellule avec des militants de l’État islamique et d’Al-Qaida.

Dans son allocution aux délégués, qui coïncidait avec le Jour de deuil, Fahmy a rendu hommage à tous les travailleurs qui sont morts au travail au cours de la dernière année. En racontant son histoire déchirante d’arrestation et d’emprisonnement, il a dit qu’il s’estimait chanceux : pour beaucoup de ses collègues (y compris son ami Steven Sotloff, un journaliste de Time magazine qui a été décapité par l’É.I.), le journalisme a été une profession mortelle.

Les droits de la personne représentent les valeurs syndicales

« Je suis venu au Canada en tant qu’immigrant comme des millions de personnes, au début des années 90. J’étais à la recherche du vrai sens de la démocratie, de la liberté de la presse, des droits de la personne, de la primauté du droit et de la coexistence », a déclaré M. Fahmy.

« Les valeurs du SCFP C.-B., ce sont des syndicats avec des élections, des partis politiques transparents et une véritable démocratie. Ce que nous vivons et respirons ici, c’est ce pour quoi ils se battent là-bas. »

Avoir un syndicat pour nous soutenir, a dit Fahmy, c’est un excellent moyen de se protéger lorsqu’on atteint le fond du baril.

« Au cours de mon procès, j’ai appris pour la première fois que mon employeur, Al Jazeera, n’avait pas les permis d’exploitation appropriés, diffusait certains de mes reportages vidéo sur une chaîne illégale, était dans une bataille politique contre l’Égypte, alors que nous, les journalistes, étions dans une totale ignorance à ce sujet », a-t-il dit.

« Aucune de ces questions n’aurait dû être réglée dans un tribunal consacré au terrorisme, et l’Égypte aurait dû punir le réseau pour ces erreurs administratives, certainement pas nous, honnêtes journalistes. Est-ce que j’avais un syndicat pouvant jouer le rôle d’arbitre entre le réseau et moi? Non! » 

Une meilleure protection nécessaire

Depuis sa libération, Fahmy s’efforce de protéger d’autres Canadiens contre des situations semblables ou pires encore. En plus de la Fondation Fahmy, qu’il a créée l’an dernier pour aider les journalistes, les photographes et les prisonniers d’opinion incarcérés injustement dans le monde entier, il a rédigé une charte de protection avec Amnistie internationale.

« On veut s’assurer, comme Canadiens voyageant à l’étranger ou ayant des enfants à l’étranger, qu’on est en sécurité et que notre gouvernement a un mécanisme pour nous protéger », a-t-il dit.

« Grâce à cette charte, nous espérons à établir une loi qui oblige le gouvernement à offrir une assistance consulaire aux Canadiens aux prises avec des violations des droits de la personne. L’assistance consulaire telle qu’elle existe aujourd’hui est plutôt que discrétionnaire, laissée au bon vouloir du ministre des Affaires étrangères. Il est temps d’établir une loi. »

Paul Faoro, président du SCFP C.-B., a dit que le syndicat appuyait la charte et l’approuverait officiellement à la prochaine occasion.